
Football
Par Stéphane Barnoin avec nos agences
Publié le 05 décembre 2018 à 19h02
• Mis à jour le 08 octobre 2019 à 17h35 •
Armes de pillage massif selon certains, machines à sauver des vies pour d’autres. Depuis qu’ils ont fait leur apparition en France, il y a quinze ans, les radars automatiques suscitent débats et polémiques.
Les actes de vandalisme les ciblant ne sont pas nouveaux. Mais depuis quelques mois, le phénomène a atteint une ampleur inédite dans le pays, sous l’effet cumulé de la réforme des 80 km/h – en vigueur depuis juillet – et de la colère retentissante des Gilets jaunes.
Le département est en théorie couvert par vingt-deux dispositifs sédentaires de contrôles de la vitesse : dix-sept cabines fixes « classiques », quatre radars discriminants (qui distinguent les poids-lourds) et un radar tronçon dans les virages de Coudes.
Conformément aux directives nationales, la préfecture ne communique pas sur les appareils hors service. Les 4 et 5 décembre, nous sommes donc allés vérifier sur le terrain l’état de chaque structure, une à une. Et le bilan est édifiant : selon notre décompte, vingt-et-un des vingt-deux radars ne fonctionnaient pas, ce mercredi (soit 95 % du parc départemental)... Le 100 % n’était pas loin : la seule machine opérationnelle, installée à l’entrée de Royat, était encore taguée mardi. Elle a été nettoyée et réactivée dans la matinée par un technicien.
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Dans le détail, neuf radars ont été incendiés ces dernières semaines, souvent au moyen de palettes et/ou de pneus embrasés. C’est le cas par exemple à Saint-Ours, au Chambaron-sur-Morge, à Aubiat ou encore à Clermont-Ferrand (avenue de la Margeride et chemin de Beaulieu). Ce dernier appareil a même encaissé un coup de fusil, dans la nuit du 16 au 17 novembre. Le tireur présumé a été pris en quasi flagrant délit par une patrouille qui passait par là…
Les déboires successifs de la cabine de Ménétrol, entre Riom et Clermont-Ferrand, résument bien l’air du temps. Taguée pendant l’été, elle a été nettoyée, puis recouverte d’un gilet jaune le 11 novembre, bâchée le 17 novembre, avant d’être enrubannée et enfin incendiée à sa base, il y a une dizaine de jours.
Le radar-tronçon de l’A75 a rejoint ce « cimetière », le 1er décembre. Les caméras d’entrée et de sortie, pourtant posées au sommet d’un poteau, à trois kilomètres de distance, ont été peintes en orange et noir.
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Le préjudice varie bien sûr selon le type d’équipement ciblé et la gravité des dommages. Le coût d’une dégradation légère, type tag ou vitre cassée, s’élève à 500 € en moyenne. Dans le cas d’une destruction totale (incendie, arrachage, etc.), la facture grimpe en flèche : entre 60.000 et 80.000 € pour les radars fixes ou discriminants ; entre 120.000 et 200.000 € pour les radars-tronçons.
À l’échelle du pays, les réparations engagées ces dernières semaines et celles encore à venir vont donc se chiffrer au bas mot en millions d’euros.
Quelques secondes peuvent suffire à faire basculer un radar en mode « HS ». Les interpellations d’auteurs d’actes de vandalisme sont donc rares.
Le code pénal prévoit néanmoins des sanctions graduelles. Une dégradation lourde d’un dispositif de contrôle est punie de cinq ans de prison et de 75.000 € d’amende maximum.
La peine encourue peut même atteindre sept ans d’emprisonnement et 100.000 € d’amende lorsque les « vandales » agissent en réunion ou visage dissimulé. Les dégâts moins impactants (inscription de signes, de dessins, etc.) sont, eux, passibles de 15.000 € d’amende et d’une peine de travail d’intérêt général.
Plus largement, la loi réprime tout acte empêchant un radar de fonctionner, que l’appareil soit endommagé ou pas. Le simple fait d’affubler une cabine d’un gilet jaune – aussi seyant soit-il – est donc considéré comme une infraction.
Stéphane Barnoin avec nos agences de Riom, Issoire et Thiers
Plaintes systématiques. La préfecture du Puy-de-Dôme précise ce mercredi soir qu'elle "porte systématiquement plainte en cas de dégradation. Plusieurs auteurs de dégradations récentes ont déjà été identifiés et font l'objet d'une procédure pénale". Selon les chiffres officiels de la Sécurité routière, les radars ont permis de sauver "23.000 vies" sur les routes françaises "entre 2003 (date des premières installations, NDLR) et 2012".
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