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Transfert d’argent : des « tarifs exorbitants » pour les Africains

Une enquête de l’UFC-Que Choisir pointe les coûts prohibitifs pratiqués par des sociétés comme Western Union et MoneyGram.

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Publié le 07 décembre 2018 à 09h57, modifié le 07 décembre 2018 à 11h03

Temps de Lecture 2 min.

Devant un bureau de transfert d’argent à Nairobi, au Kenya, en juillet 2015.

Recherche 680 millions d’euros désespérément… La dernière enquête menée par l’UFC-Que Choisir aurait pu être titrée ainsi, mais l’association de consommateurs a préféré l’intituler « Transferts d’argent internationaux : une zone de non-droit aux tarifs d’une cherté immorale ». Un titre qui résume combien ce commerce s’épanouit sur l’argent des moins fortunés.

Les enquêteurs ont en effet découvert que 6,7 % des 10,2 milliards d’euros envoyés en 2017 de la France vers un pays extérieur à l’Union européenne (UE) se sont volatilisés. Quelque 680 millions d’euros ont quitté les poches des immigrés sans jamais arriver dans les porte-monnaie de leurs familles restées au pays. Pas de vol dans tout ça, rien d’illégal. Il s’agit juste des coûts retenus par les sociétés de transfert d’argent pour assurer ces envois.

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Parce qu’ils sont champions de l’envoi d’argent au pays, les Africains de France ou les Français d’ascendance africaine sont les plus ponctionnés. Sur les dix premiers pays destinataires de l’argent qui sort de l’Hexagone, six sont en Afrique. Le Maroc arrive en tête, avec 2 milliards d’euros en 2017 ; l’Algérie suit, avec 1,46 milliard ; puis la Tunisie (950 millions), le Sénégal (550 millions), le Mali (200 millions) et Madagascar (190 millions).

Sachant qu’un Malien envoie en moyenne 1 373 euros par an dans son pays d’origine par enveloppes de 150 euros, il aura en moyenne donné 71 euros à l’organisme de transfert en fin d’année. Pour l’Algérien, c’est plus cher encore : sa commission annuelle moyenne s’élève à 102 euros pour un transfert moyen de 1 124 euros.

« Frais de change cachés »

Et ce n’est pas tout. L’enquête de l’UFC-Que Choisir montre qu’« en sus des tarifs exorbitants » pour ces envois, il faut compter avec « les frais de change cachés des sociétés de transfert d’argent, dont le montant atteint plus de 110 millions d’euros en 2017 ». Ainsi, sur un transfert de 170 euros vers le Maroc, les frais de change représentent 28 % du total des frais payés. Vers l’Algérie, ces frais montent même à 32 %, et 42 % vers la Tunisie. En revanche, les pays utilisant le franc CFA sont exonérés de ces frais de change.

Dans son étude, l’UFC-Que Choisir déplore l’opacité des taux appliqués, dont le client ne sait en général que peu de chose. L’association appelle « les pouvoirs publics à créer les conditions d’une concurrence salutaire favorable aux consommateurs. Cette dernière nécessite en particulier de faire la transparence sur les conditions tarifaires des transferts d’argent, notamment sur les frais de change ». C’est l’une des conclusions de ce travail publié sur le site de l’association.

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Si les envois d’argent au sein de la zone euro sont très largement encadrés, ce n’est pas le cas pour l’argent envoyé hors de l’UE. Or les sommes qui passent d’un continent à l’autre concernent la moitié (10,2 milliards d’euros) des 19 milliards d’euros qui sortent chaque année de France. Dans le détail, 52 % de ces envois transcontinentaux partent vers le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord et 15 % vers l’Afrique subsaharienne.

Interrogés par l’UFC-Que Choisir, Western Union et MoneyGram, deux des principaux organismes d’envoi, ont justifié leurs tarifs par le large développement de leur réseau de distribution et leur capacité à réaliser des transferts dans des délais très courts.

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