À l’échelle mondiale, la consommation de nourriture des oiseaux marins a régressé de 20% entre 1970 et 2019 à cause des captures de pêche. Un article de notre partenaire, le Journal de l’environnement.
Pour la première fois, une cartographie de la compétition entre la pêche industrielle et les oiseaux marins a été réalisée à l’échelle mondiale sur 40 ans. Elle est le fruit des travaux de chercheurs du CNRS et des universités de Colombie Britannique (Canada) et d’Aberdeen (Ecosse), qui ont reconstitué les captures annuelles de poissons servant de proies à 276 espèces d’oiseaux marins entre 1970 et 2010 et publié leur étude dans la revue Current Biology le 6 décembre.
Pétrels, sternes et frégates en première ligne
Résultat: les scientifiques ont établi un lien entre la consommation alimentaire totale des volatiles en poissons et invertébrés, qui est passée de 70 à 57 millions de tonnes par an, et les captures de pêche, qui ont doublé sur la même période, malgré la baisse des populations d’oiseaux.
Cette baisse des proies disponibles est particulièrement sensible dans l’Atlantique Nord et l’océan Austral, chez les pétrels plongeurs (-66%), les sternes (-48%) et les frégates (-47%).
Reproduction en baisse
Elle a par ailleurs de multiples conséquences sur la faune marine. Les performances de reproduction sont en effet diminuées lorsque l’abondance des proies se réduit d’un tiers, selon une étude régionale ciblant 14 espèces d’oiseaux se nourrissant de petits pélagiques et de krill.
Menaces multiples
Cette étude montre le sombre avenir de ces populations dont le déclin atteint 70% entre 1950 et 2010 selon une étude publiée en 2015 dans la revue PLoS One.
Les oiseaux de mer sont le groupe d’oiseaux le plus en danger selon l’Union internationale de conservation de la nature (UICN). 38% des 346 espèces sont classées comme menacées ou quasi menacées, et près de la moitié sont en déclin ou en voie de déclin.
Elles sont victimes de prises accidentelles par les engins de pêche, de destruction des habitats de reproduction, de colonisation par des espèces invasives et des agents pathogènes, du réchauffement climatique, de pollution chimique et d’invasion par les déchets plastique.