La SNCF se convertit à la transition énergétique et numérique

La filiale immobilière de l'opérateur ferroviaire, productrice de logements et d'ateliers, a "l'ambition modeste de réinventer la ville de demain".
César Armand
(Crédits : Regis Duvignau)

[article publié le 29 novembre 2018 à 17h11, mis à jour le 30 novembre 2018 à 12h06 avec les informations de La Tribune Toulouse]

La SNCF ne fait pas que rouler des trains. Elle construit des ateliers de réparation et de maintenance, des brigades - les petits bâtiments le long des voies -, et des logements. Ce qui fait dire à Benoît Quignon, directeur général de SNCF Immobilier, que l'opérateur ferroviaire est "un acteur de la fabrication de la ville de demain".

Sa fierté du jour : des usines du futur "éminemment modulables, réversibles et adaptables". Dans chacune, la consommation énergétique a été pensée dès le départ. "Nous avons pris soin de l'ergonomie, de la lumière, de l'énergie", insiste le DG, pour celles en chantier à Romilly (Aube), à Vénissieux (Rhône) et à Hellemmes (Nord).

La maquette numérique d'Hellemmes à Paris

Ce dernier technicentre rebaptisé "Atelier 57" et implanté en périphérie de Lille accueillera TGV, Thalys et Eurostar en reconfiguration. Il sera aussi la vitrine énergétique et numérique de la SNCF. Non seulement, les toits ont été recouverts de panneaux photovoltaïques - "dans le Nord, c'est un exploit !" s'exclame Benoît Quignon -, mais de plus, tout le bâtiment est conçu via une maquette numérique (BIM). "Avant même son ouverture en juillet 2019, il est possible de former les agents dès à présent et d'imaginer comment ils travailleront comme s'ils étaient déjà dans l'usine", s'auto-félicite le DG.

Un logiciel "BIM de quartier" sera par ailleurs utilisé dans le futur quartier d'Ordener-Poissonniers dans le XVIIIe arrondissement de Paris. Cet outil numérique permettra de piloter la construction de ce projet de 3,7 hectares, comportant logements, équipements publics, bureaux et espaces verts. En termes d'exploitation, il facilitera la gestion des charges. "Tous les opérateurs y intégreront leur projet, ce qui permettra, lors des phases de concertation, de visualiser les scénarios. Cela amènera enfin à faire des économies dans la conception des espaces publics", résume à La Tribune Fadia Karam, directrice générale d'Espaces ferroviaires et directrice du développement de SNCF Immobilier.

"Nous avons engagé la démarche il y a deux ans avec le Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB) pour permettre à nos partenaires de l'utiliser", renchérit Benoît Quignon. "C'est une dépense, mais elle a été intégrée dans le coût des opérations car nous sommes persuadés de l'intérêt de la chose. Le BIM nous permet de réajuster en permanence des éléments de planning pour être prêts à temps."

Des centaines de surfaces "solarisées" dans les cinq ans

Plus généralement, SNCF Immobilier veut ériger dans Paris des "quartiers bas-carbone", y produire 50% d'énergies renouvelables et introduire l'économie circulaire dès la conception. Par exemple, sur le projet Gare de Lyon-Daumesnil, l'accent sera mis sur le bois de même qu'une boucle de chaleur récupérera l'énergie émise par des data centers de la municipalité parisienne.

La filiale de l'opérateur ferroviaire a également noué un partenariat avec Sébastien Lecornu, alors secrétaire d'État à la Transition écologique et solidaire, pour produire davantage d'électricité verte. Il s'est ainsi engagé à "solariser" une centaine d'hectares et à installer 160.000 m² de panneaux photovoltaïques sur des toitures d'ateliers rénovés ou neufs d'ici à 5 ans.

D'autre part, le 16 novembre dernier, le pdg de la SNCF Guillaume Pépy a annoncé sur RTL vouloir sortir du diesel ferroviaire en 2035  et se lancer dans l'intervalle dans la motorisation à hydrogène. Toujours est-il qu'il faudra convertir les technicentres en ce sens.

Interrogé à ce sujet par La Tribune, Benoît Quignon assure que "la question n'a pas encore été posée directement mais [que] ce sujet est devant nous, d'ici à deux à trois ans.". "Cela dépendra du lieu où ce train est expérimenté. À ce moment-là, nous serons amenés à adapter cet atelier."

Certains parient déjà que la première ligne française se situera en Nouvelle-Aquitaine, son ardent défenseur étant Benoît Simian, député (LREM) de la Gironde et ancien cadre de la SNCF. En réalité, la première expérimentation aura lieu en Occitanie, a annoncé le 28 novembre la présidente du conseil régional Carole Delga. Elle vient en effet de commander 3 trains régionaux à hydrogène pour la région, et notamment pour le trajet Montréjeau-Luchon (Haute-Garonne), une ligne de 36 kilomètres fermée depuis 2013.

César Armand

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