Une prime exceptionnelle versée aux salariés ? A quoi faut-il s'attendre

En pleine crise des gilets jaunes, le Premier ministre Edouard Philippe invite les employeurs à verser une prime défiscalisée à leurs salariés pour "soutenir le pouvoir d'achat".

Les entreprises volontaires pourraient verser une prime défiscalisée à leurs salariés pour
Les entreprises volontaires pourraient verser une prime défiscalisée à leurs salariés pour « soutenir le pouvoir d’achat ». (©Illustration/ AdobeStock)
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Faut-il compter sur les entreprises pour soutenir le pouvoir d’achat ? C’est en tout cas le souhait du gouvernement, qui, dans la crise qui l’oppose aux gilets jaunes, attend une plus grande contribution des employeurs

Dans son allocution mardi 4 décembre, le Premier ministre Edouard Philippe a suggéré l’instauration d’une « prime exceptionnelle » versée par les patrons, qui serait défiscalisée et exonérée de charges sociales. Libre aux entreprises qui le souhaitent et le peuvent de faire ce geste.

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« Mieux récompenser le travail »

L’objectif : soutenir le pouvoir d’achat et faire en sorte de « mieux récompenser le travail ». 

Plusieurs ministres ont applaudi la proposition, notamment Gérald Darmanin, le ministre des Comptes publics, qui s’exprimait jeudi au micro de la matinale de France Inter

Si les entreprises – et nous les encourageons à le faire – peuvent mieux redistribuer la différence entre le capital et le travail, j’y suis personnellement favorable.

« J’espère que les chefs d’entreprise vont se saisir de cette opportunité pour verser de l’intéressement aux salariés », a de son côté réagi le ministre de l’Economie et des Finances Bruno Le Maire sur le plateau de France 2 jeudi matin.

Quel montant ? 

A combien pourrait s’élever cette prime ? Le gouvernement ne s’avance sur aucun chiffre. « Elle pourrait monter jusqu’à 1000 euros environ, de l’ordre d’un petit Smic », propose de son côté Xavier Bertrand, le président (LR) des Hauts-de-France, qui défend déjà cette idée depuis plusieurs mois. 

Selon son entourage, cette prime pourrait être versée par l’entreprise en deux fois, par exemple en juin et décembre. 

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L’association patronale Ethic, également à l’avant-garde sur cette initiative, parle plutôt d’une somme avoisinant les 150 euros, en fonction des possibilités de l’entreprise, ou de bons d’achats

Pour éviter tout effet d’aubaine, qui permettrait à des entreprises qui avait déjà prévu de récompenser des salariés de le faire sans payer d’impôts, Bercy prévoit de plafonner l’enveloppe à 1000 euros. Ces versements ne comptant pas pour la retraite, ils ne pèseraient pas sur le budget de l’Etat. 

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Et quand ? 

Autre inconnue à propos de cette « prime exceptionnelle » : sa date de mise en application, si toutefois elle voit bien le jour. Pour Matignon, il n’est « pas du tout sûr que les mesures liées à cette prime seront intégrées dans le Budget 2019 » qui sera voté avant la fin décembre, croit savoir Le Parisien.

Le texte pourrait donc être inscrit dans une loi de finances rectificative en début d’année prochaine pour une application courant 2019.

Qu’en pense le patronat ? 

Le principe est défendu de longue date par la CPME, la Confédération des petites et moyennes entreprises, qui en avait fait son cheval de bataille lors de la dernière élection présidentielle. Son président, François Asselin, cité par Le Parisien, détaille que le « chef d’entreprise la verserait aux salariés de son choix, les plus dynamiques ou les plus bas salaires par exemple ».

La prime pourrait même être récurrente et renouvelée d’année en année sur le principe des heures supplémentaires défiscalisées.

Reste encore à savoir quelles entreprises et combien joueront le jeu, comme s’interroge le Medef.

La principale organisation patronale estime, par la voix de son président Geoffroy Roux de Bézieux, que « tous les secteurs ne pourront pas » donner ce coup de pouce à leurs salariés, notamment « les commerçants qui souffrent et qui viennent en plus de prendre un mois de ventes catastrophiques ».

Contactés par actu.fr  pour plus de détails, les organisations patronales n’ont pas donné suite à nos sollicitations.

Et les syndicats de salariés ? 

Même perplexité du côté des syndicats. Interrogé par actu.fr, le secrétaire général de la CFDT Bretagne, Erwanig Le Roux, se veut prudent : 

Nous ne sommes pas contre mais c’est une mesure pansement pour réagir à la crise. Nous demandons depuis des semaines au gouvernement d’ouvrir de vraies négociations sur les salaires au sein des entreprises et des branches.

Parmi les propositions de la CFDT : éviter les concentrations de salaires autour du Smic et réduire les écarts de rémunération. Elles ont à nouveau été remises, entre autres, au ministère du Travail ce vendredi 7 novembre.

Pour le syndicat, pas de doute, dans cette crise des gilets jaunes « le gouvernement paie le fruit de ce qu’il a semé en renonçant au dialogue social et en réduisant le rôle des intermédiaires ». 

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