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5 expositions gratuites à voir en décembre

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On vous l’accorde, il peut être difficile de courir les musées lorsque les fêtes de fin d’année approchent et que son compte en banque fait grise mine… De galeries en musées, tour d’horizon des expositions gratuites dans toute la France pour appréhender la fin de l’année soulagé(e) !

1. Le « nonsense » de Glen Baxter

Glen Baxter est l’artiste des esprits tordus. Son humour est si décalé que ses blagues sont toujours sur le fil : prêtes à tomber à l’eau… Mais c’est pour le mieux. Né en 1944, ce Britannique loufoque, laissé sur le carreau (au seuil du XXIe siècle), dessine des images immédiates, avec préciosité, comme s’il reproduisait sagement une publicité. Évoquant des cartes pour enfants des années 1930, ses vignettes nous propulsent dans un monde détraqué où l’on joue au golf dans les musées, où les cowboys expérimentent de nouvelles méthodes culinaires, où l’art est un parc d’attraction… Glen Baxter s’approprie l’imagerie populaire – souvent véhicule de propagande – pour la saboter de l’intérieur. Il l’emmène dans des territoires où elle ne raconte plus grand-chose, voire rien du tout. L’humour vacille, la raison dérape, ou plutôt elle glisse sur une pente sans ligne d’arrivée. Face aux œuvres de Glen Baxter, le spectateur est souvent mal à l’aise. Mieux vaut donc les éprouver comme des petits chocs électriques surréalistes. Et repartir tranquillement chez soi, dubitatif. On ne saura rien de plus.

Glen Baxter, Tante Hilda semblait adorer ses visites régulières au musée d’art moderne
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Glen Baxter, Tante Hilda semblait adorer ses visites régulières au musée d’art moderne, 2018

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Encre et crayon sur papier • 38 × 27 cm • Courtesy Glen Baxter & Galerie Isabelle Gounod, Paris / Photographie © Rebecca Fanuele

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Glen Baxter

Du 24 novembre 2018 au 12 janvier 2019

2. Sylvie Fleury : luxe, flash et volupté

Certains hommes, fatigués d’agir comme des héros virils, nourrissent un fantasme érotique largement relayé sur internet : la macrophilie, soit l’attirance pour les femmes géantes. Pendues aux cimaises de la galerie Thaddaeus Ropac, les immenses palettes de maquillage de Sylvie Fleury pourraient appartenir à l’une d’entre elles. Symboles d’une féminité construite et super-puissante, leurs surfaces boursouflées sont monstrueuses, à l’instar de l’artifice qui règne dans nos sociétés. Presque méconnaissables, car mutés en matrices numériques abstraites, ces totems féminins soulignent la dimension marchande de l’art (la peinture devient objet) et le grand simulacre du genre. Certes, ils sont absurdes, et alors ? Comment ne pas vénérer ces fétiches qui brillent de mille feux ? Née en 1961, la Suissesse Sylvie Fleury livre une ode ironique à ces accessoires qui nous donnent l’intime conviction que nous sommes bien plus que des Terriens : des êtres divins, scintillants… et vides ?

Sylvie Fleury, Vue de l’exposition « Palettes of Shadows »à la Galerie Thaddaeus Ropac
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Sylvie Fleury, Vue de l’exposition « Palettes of Shadows »à la Galerie Thaddaeus Ropac, 2018

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Acrylic sur toile et bois • 160 × 160 × 7,3 cm • Courtesy Galerie Thaddaeus Ropac, Paris / Photos: Charles Duprat © Sylvie Fleury

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Sylvie Fleury. Palettes of Shadows

Du 27 novembre 2018 au 5 janvier 2019

3. Différence et répétition avec Jacin Giordano

Ils sont des centaines, rigoureusement alignés, ces petits amas de peinture de la taille d’une huître. La marée s’est retirée, et ils tapissent maintenant les murs de la galerie Sultana, mutée en grotte minérale. Ces petits « trucs » de toutes les couleurs, abstraits comme il se doit, évoquent tout et n’importe quoi : coquillages, bonbons à sucer, silex, larmes, montagnes… Toujours est-il que l’artiste, Jacin Giordano, les a baptisés « fossiles ». Tous composés de peinture acrylique, mais tous différents, ces fragments brandissent, chacun à leur manière, leur bizarrerie et leur texture singulière. Face à nous se dresse finalement une communauté de gris-gris faits maison, réalisés à la spatule de peintre et produits – semble-t-il – à la chaîne. Né en 1978, l’Américain Jacin Giordano montre ici une voie alternative à la standardisation, sanctifiant le geste imparfait. Il a réduit la peinture à ce qu’elle est : une matière tentant de mimer la nature (ici des fossiles). Une régression ?

Jacin Giordano, Vue de l’exposition “Fossil” à la galerie Sultana
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Jacin Giordano, Vue de l’exposition “Fossil” à la galerie Sultana, 2018

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Courtesy Galerie Sultana, Paris

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Jacin Giordano - Fossil

Du 3 novembre 2018 au 22 décembre 2018

4. Quand la photo s’insurge

À Montpellier, l’année 2018 fait l’éloge de la photo documentaire. Après un focus sur le photographe officiel d’Adolf Hitler, les ghettos pendant la Seconde Guerre mondiale, et enfin le travail de Thérèse Rivière et Germaine Tillion, le Pavillon populaire revient sur le mouvement des droits civiques dans le sud des États-Unis, de 1960 à 1970. L’angle choisi est inédit, tout comme les œuvres proposées : en mêlant des photographies amateurs et des clichés signés par des grands noms ou des journalistes locaux, l’exposition présente le riche panorama d’une époque aussi sombre que porteuse d’espoir. De l’enterrement de Martin Luther King aux grèves de Memphis, en passant par le Ku Klux Klan, la photographie se fait ici militante. Une exposition qui résonne encore avec l’actualité, et une injonction à ne pas baisser les bras.

Ernest Withers, Le Mule Train part pour Washington, Marche des pauvres
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Ernest Withers, Le Mule Train part pour Washington, Marche des pauvres, 1968

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Photographie • © Withers (Withers Collection)

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I Am A Man. Photographies et luttes pour les droits civiques dans le Sud des États-Unis, 1960-1970

Du 17 octobre 2018 au 6 janvier 2019

5. Fulgurances de la mode romantique

Cette exposition au musée des Beaux-Arts de Rouen célèbre en grande pompe la richesse de ses collections et met en lumière des œuvres jusqu’ici très peu montrées. Dans le cadre de la programmation « Le Temps des collections », organisée par la RMM, elle met à l’honneur la mode de 1820 à 1840, époque charnière entre la Restauration et la monarchie de Juillet durant laquelle la mode bourgeoise s’affranchit de la rigueur du style néoclassique pour plus d’extravagance. Alors que, chez les femmes, plumes, bijoux, rubans et corsets foisonnent, les hommes arborent des capes et de hauts chapeaux ; ainsi, la mode entre pleinement dans le romantisme. Vêtements et accessoires côtoient ici des représentations de la haute société de l’époque. Partez donc à la rencontre de ces élégantes et de ces dandys qui n’hésitent pas à hybrider les styles.

Court, Mme Achille Flaubert
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Court, Mme Achille Flaubert, 1839

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© Réunion des musées métropolitains Rouen Normandie / Musée des Beaux-Arts

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