Trop peu, trop tard. Telle a été la réaction des “gilets jaunes” après l’annonce surprise du gouvernement indiquant qu’il renonçait à augmenter les taxes sur le carburant. Après les violentes manifestations qui ont secoué la France ces dernières semaines, les “gilets jaunes” veulent plus, et le plus tôt possible : moins d’impôts, des salaires plus élevés, ne plus vivre dans l’angoisse des fins de mois compliquées. Et globalement une vie meilleure.

Ces revendications pour un changement plus radical, l’incapacité du gouvernement à y répondre et l’existence d’un profond ressentiment à l’égard des grandes métropoles riches et modernes constituent une sorte de fil rouge reliant la montée des populismes en Occident – du Royaume-Uni à l’Italie en passant par les États-Unis, et dans une moindre mesure les pays d’Europe centrale.

Au-delà des revendications, les partisans de ces mouvements se rejoignent en effet dans le rejet des partis, syndicats et institutions existants qui leur semblent incapables à la fois d’entendre leurs doléances et de leur offrir une protection contre l’insécurité économique.

Les “gilets jaunes” français ne jouent toutefois pas la même partition que les populistes classiques. Ils ne sont reliés à aucun parti politique, surtout pas à la droite. Ils ne se concentrent pas sur les questions de race et d’immigration, ces sujets ne font pas partie de leurs revendications [un meilleur accueil des demandeurs d’asile et la systématisation des reconduites à la frontière des déboutés apparaissent cependant dans une liste de revendications relayée par les médias]. Le mouvement n’est pas dirigé par un grand leader charismatique. Et le nationalisme n’est pas à leur programme.

Cette révolte est un mouvement essentiellement libre, spontané et autodéterminé. Il s’agit en substance d’un combat de classe lié à l’impossibilité pour de nombreux Français de payer leurs factures.

En ce sens, il se rapproche plus du mouvement Occupy et de ses contestations contre Wall Street portées par la classe des travailleurs pauvres aux États-Unis que du mouvement nationaliste, raciste et de plus en plus autoritaire d’un Viktor Orbán en Hongrie.

À Paris, ce sont les