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Réchauffement climatique : en pleine COP 24, le syndicat polonais Solidarnosc clame ses doutes

Le syndicat s'est associé au think tank américain Heartland Institute, climatosceptique notoire, pour mettre en doute « les allégations du GIEC ».

La plupart des syndicats de mineurs polonais ont pris position contre le GIEC
La plupart des syndicats de mineurs polonais ont pris position contre le GIEC (Anek Skarzynski/AFP)

Par Gabriel Nédélec

Publié le 8 déc. 2018 à 11:00

Tout est (aussi) une question de symbole. Et en ce qui concerne la COP24, la Pologne n'a pas fait les choses à moitié : la grande conférence de l'ONU est organisée à Katowice - la ville qui tire sa prospérité relative de l'extraction du charbon -, elle est sponsorisée par l'un des leaders européens de l'industrie minière polonaise, et l'emprunte carbone des repas qui y sont servis a de quoi faire blêmir les défenseurs de l'environnement.

Dans ce contexte, un acteur que l'on ne soupçonnait pas a voulu apporter sa pierre : l'emblématique syndicat Solidarnosc. A l'origine de la chute du communisme dans le pays, il a pris position cette semaine… en faveur du climatoscepticisme.

Le syndicat s'est associé au think tank américain Heartland Institute, climatosceptique notoire, pour signer une tribune dans laquelle ils clament leurs doutes quant « aux allégations du GIEC selon lesquels le monde serait au bord d'une catastrophe climatique ».

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Pas de spirale haussière

En octobre, les experts du GIEC ont en effet affirmé que le monde avait 12 ans pour réduire de 45 % ses émissions de gaz à effet de serre s'il voulait maintenir la hausse des températures en dessous de 2°C d'ici à 2100. Sans cela, une spirale haussière s'emparerait des températures mondiales.

Mais pour le syndicat, héros de la fin de l'ère communiste polonaise, « il n'y a pas de consensus sur les causes et conséquences principales du changement climatique ». « Nous, parlant d'une même voix, croyons au retour de la méthode scientifique et à la mise au ban des dogmes idéologiques au sein des Nations-unies », peut-on encore lire. L'argumentaire principal des climatosceptiques, comme les lobbys cigarettiers avant eux, consistant à cultiver le doute par le biais notamment de contre-études scientifiques.

Une prise de position pas surprenante

Cette prise de position est née suite à la rencontre entre les cadres du syndicat historiques et des représentants du Heartland Institute, en marge de la COP24. Les deux parties affirment par ailleurs qu'ils vont dorénavant travailler ensemble plus fréquemment et s'atteler à « l'éducation du public et des décideurs, mais surtout des jeunes ».

Ces déclarations ne sont pas surprenantes : « La plupart des syndicats de mineurs ont ouvertement fait part de leur réticence à croire à l'impact de l'homme sur le réchauffement climatique », explique Kacper Szulecki, enseignant chercheur à l'Université d'Oslo. « Pour eux, il s'agit plus ou moins d'une sorte de complot contre le secteur minier polonais. Ils sont sincèrement convaincus qu'il n'y a pas de réchauffement climatique. »

Equilibre instable du gouvernement

Cette prise de position devrait en revanche servir le gouvernement polonais qui, jusqu'à présent, tente de se maintenir en équilibre entre la défense de ses nombreux emplois dans le secteur du charbon (80 % de l'énergie du pays provient de l'exploitation de cette ressource dont les sols polonais regorgent) et les préoccupations climatiques de ses partenaires européens. La Pologne est l'un des plus gros pollueurs de l'UE.

En ouverture de la COP24, le président polonais Andrzej Duda a affirmé que le réchauffement climatique devait être entravé. Mais pas au prix des travailleurs du charbon qui ont fait de la Silésie une puissante région industrielle. Avec l'aura de Solidarnosc à ses côtés, il devrait s'assurer le soutien de son opinion public sans difficulté.

Gabriel Nedelec

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