COP 24: A Strasbourg, une chercheuse brésilienne travaille à dépolluer des eaux avec des algues
ENVIRONNEMENT•A l’heure de la COP 24, une jeune chercheuse brésilienne est à Strasbourg (Bas-Rhin) dans le cadre du programme Make our planet great again pour travailler sur de la dépollution à base d’algues brunes…Bruno Poussard
L'essentiel
- A l’heure de la COP 24, une jeune chercheuse brésilienne passe quatre mois à Strasbourg (Bas-Rhin) avec le programme Make our planet great again.
- Elle travaille à l’utilisation de résidus d’algues brunes pour capter, entre autres, des métaux lourds, et ainsi dépolluer les eaux d’effluents industriels.
En France, la qualité de l’eau continue de se dégrader. En pleine COP 24, c’est un problème dans le monde entier. Mais il revêt parfois une couleur plus sombre
encore avec des cas de pollution pas si rares. Face aux lourds rejets industriels, des solutions existent pourtant. Certaines, sur la base de procédés et de matériaux naturels, continuent de se développer.
Imaginez par exemple des déchets verts, dont personne (ou presque) ne veut, utilisés pour dépolluer et recycler des eaux atteintes. C’est ce que peaufine actuellement une chercheuse brésilienne à Strasbourg, dans le cadre du programme national Make our planet great again. Avec des résidus d’algues brunes (comme les sargasses) pour capter des métaux lourds, entre autres.
Des algues brunes venues d’une plage de Sao Paulo
Collectées avec des membres de son laboratoire spécialiste de dépollution sur une plage de Sao Paulo, les algues sont arrivées en septembre dans les valises de Camila Stefanne Dia Costa. Sous forme de résidus lavés, broyés et séparés de l’alginate. Cette molécule est bien connue de l’industrie alimentaire qui l’utilise en tant que gélifiant depuis des années. Mais elle n'est pas la seule utile.
Pour ces chercheurs brésiliens et leurs homologues de l’équipe de reconnaissance et procédés de séparation moléculaire de l’Institut pluridisciplinaire Hubert Curien de Cronenbourg, le résidu (d'algues brunes aussi présentes en France) offre des perspectives environnementales. Avec un procédé dit d’adsorption, soit un piégeage d’une molécule (polluante) sur la surface du résidu, pourtant pas récent.
La nouveauté, c’est de travailler à partir d’éléments naturels comme les algues, et pas synthétiques. Avec moult intérêts. « Les coûts de synthèse imposés sont plus élevés et font appel à la pétrochimie alors que là, on peut partir d’un déchet », résume Anne Boos, co-encadrante de la doctorante au sein de l’équipe spécialisée dans la valorisation des déchets.
Des extraits de ces algues pour piéger les polluants de l’eau
« Ces algues sont sur toute la côte Atlantique du Brésil, complète l’autre co-encadrante, Caroline Bertagnolli arrivée, elle, du pays d’Amérique du Sud il y a quatre ans. Dans leur cycle de vie, notamment en hiver, elles relâchent leurs branches retrouvées partout sur les plages. L’idée est de les ramasser pour quelque chose d’utile. » Et ce alors que le Brésil a connu de graves pollutions.
« « Ce n’est pas une inquiétude majeure pour la population non plus, mais il y a eu des tragédies récemment. En fait, les normes et la fiscalité imposées aux industriels sont parfois différentes d’un riche état brésilien à un autre, plus pauvre. » »
Après les travaux de Caroline Bertagnolli, notamment sur le chrome le plus toxique trouvé dans des effluents industriels (de tanneries, par exemple), Camila Stefanne Dia Costa teste le processus de dépollution avec les résidus d’algues sur divers métaux. A trois mois de la fin de sa thèse, elle cherche les conditions les plus adaptées pour capter des polluants.
Des tests en situation réelle avec des eaux d’une entreprise
Celle qui veut « contribuer au domaine environnemental » repartira le 28 décembre au Brésil. Ce sera peu avant la prise de fonction du nouveau chef d'Etat Jair Bolsonaro, ce qui n’est pas sans inquiéter Camila Stefanne Dia Costa : « Au niveau de la recherche, il a annoncé des coupes budgétaires, et notamment pour les postes de chercheurs. » Ce qu’elle cherchera pour continuer ses travaux.
En attendant, elle continue d’avancer ses travaux en situation réelle avec des eaux d’une station d’épuration issues d’une entreprise d’Alsace. Ses premiers résultats ouvrent déjà « beaucoup de portes », à en croire Anne Boos. Malgré la rapidité de ses quatre mois, Camila Stefanne Dia Costa se réjouit d’avoir « approfondi certaines connaissances » grâce à un « autre regard ». Les deux équipes, justement, espèrent bien collaborer.
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