Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

L’OCDE pointe l’intégration insuffisante des migrants

Malgré des améliorations, le potentiel des personnes immigrées n’est pas assez exploité, alerte l’organisation dans un rapport publié dimanche.

Par 

Publié le 09 décembre 2018 à 17h34, modifié le 09 décembre 2018 à 18h09

Temps de Lecture 3 min.

Des réfugiés à l’Agence nationale pour la formation professionnelle des adultes, en mai 2017, à Meaux (Seine-et-Marne).

Alors qu’une vague d’angoisse liée aux flux migratoires traverse l’Occident, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) appelle à accentuer les efforts pour mieux intégrer les personnes immigrées ; leurs compétences restent largement inexploitées, estime l’OCDE, dans un rapport publié dimanche 9 décembre, en collaboration avec la Commission européenne.

Ce document a été dévoilé à la veille de la conférence intergouvernementale organisée à Marrakech (Maroc) pour approuver formellement le « Pacte mondial sur les migrations ». Un document non contraignant, mais qui n’a cessé de susciter crispations et défections, y compris en Europe, traduisant la sensibilité du sujet. Or l’échec à insérer les migrants non seulement pèse sur la croissance, mais génère de l’instabilité politique et « affecte la cohésion sociale », alerte le rapport.

Aujourd’hui, les pays de l’OCDE et de l’Union européenne (UE) comptent, respectivement, 128 millions et 58 millions d’immigrés, soit plus de 10 % de leurs populations. Tour d’horizon, en cinq grandes tendances, de leur intégration économique.

  • Un niveau d’éducation qui progresse, mais accuse des retards

Etonnamment, peut-être, au sein de l’OCDE, le pourcentage de profils hautement qualifiés est plus élevé chez les immigrés (37 %) que parmi les citoyens nés dans les pays (32 %). Cependant, ils sont aussi plus nombreux à être très faiblement qualifiés, notamment en Europe : 39 % parmi les migrants originaires de pays non européens, contre 23 % des citoyens nés sur place.

Les résultats scolaires des jeunes descendants d’immigrés se sont améliorés dans la plupart des pays depuis dix ans. Mais, s’ils affichent des taux plus faibles de décrochage scolaire qu’autrefois, « les enfants d’immigrés continuent d’accuser un certain retard par rapport aux enfants de parents nés dans le pays », constate le rapport.

  • Une intégration laborieuse sur le marché du travail

Le taux de chômage moyen chez les immigrés, au sein de l’OCDE, est de 8 %, contre 6 % chez les natifs des pays. Dans l’UE, le différentiel est encore plus marqué, de 11,5 %, contre 7,5 %. L’ensemble de la population active a été affecté par les incidences de la grande crise financière de 2008. Mais quand la reprise s’est installée, les immigrés en ont moins bénéficié que leurs homologues originaires des pays d’accueil ; notamment en Europe du Sud – en Espagne, en Grèce, en Italie –, où ont récemment afflué de grandes vagues de migrants faiblement qualifiés.

Le rapport souligne que les immigrés au chômage sont généralement moins susceptibles de toucher des allocations-chômage que le reste de la population : 36 %, contre 40 % dans l’UE. Mais cet écart est nettement plus réduit dans certains pays, comme la France, les Etats-Unis ou les pays nordiques.

  • Une surreprésentation dans les emplois peu qualifiés

Les personnes immigrées sont surreprésentées dans les postes pénibles et dangereux pour la santé. Elles occupent un emploi faiblement qualifié sur quatre en Europe et aux Etats-Unis, un pourcentage qui monte à 40 % en Autriche ou en Allemagne, et même à plus de 60 % en Suisse.

Parmi les migrants très diplômés, 45 % sont au chômage ou employés à un poste pour lequel ils sont surqualifiés. Un taux qui s’élève, pour le reste de la population, à 40 % au sein de l’OCDE et à 30 % dans l’UE. De façon générale, les pays européens et de l’OCDE accordent une valeur moindre aux diplômes obtenus à l’étranger. En Europe, le taux d’emploi des migrants non européens ainsi qualifiés est 14 % inférieur à celui de leurs pairs ayant obtenu un diplôme dans leur pays d’accueil.

Lire aussi Article réservé à nos abonnés La délicate évaluation de l’impact économique des migrants
  • Une pauvreté plus répandue qu’il y a dix ans

Dans la foulée de la crise, la pauvreté relative des immigrés a progressé en dix ans, indique le rapport. Elle touche, en moyenne, 30 % d’entre eux, et la proportion a augmenté de 1 à 5 points de pourcentage, selon les Etats, tandis qu’elle restait stable parmi les citoyens originaires des pays d’accueil.

Le Monde Guides d’achat
Gourdes réutilisables
Les meilleures gourdes pour remplacer les bouteilles jetables
Lire

Le fait de détenir un emploi n’est pas toujours un rempart efficace contre la paupérisation : le taux de travailleurs pauvres chez les migrants est d’environ 19 % dans l’OCDE et l’UE, deux fois plus qu’au sein des populations autochtones. L’écart est particulièrement marqué au Danemark, en Autriche ou dans les pays d’Europe du Sud.

Dans l’OCDE comme en Europe, le revenu médian des ménages de migrants est environ 10 % inférieur à celui des personnes nées sur place. Et, globalement, les personnes immigrées sont partout surreprésentées dans le premier décile, celui des ménages les plus modestes.

Lire aussi Article réservé à nos abonnés Les réfugiés, fauteurs de chômage ?
  • Un sentiment de proximité avec le pays d’accueil

Dans tous les pays de l’UE et de l’OCDE, plus de 80 % des immigrés disent se sentir proches, voire très proches, de leur pays de résidence. Un taux qui grimpe à près de 95 % en France ou en Suisse. Les avis à propos de l’immigration dans les pays d’accueil n’ont pas beaucoup changé depuis 2006, décrit aussi le rapport, qui met tout de même en exergue un biais légèrement plus favorable au sein des populations.

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner

Voir les contributions

Réutiliser ce contenu

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.