Jeune homme en fauteuil bousculé par les gendarmes : que s’est-il vraiment passé ?

Un incident a opposé des gendarmes à un jeune homme à mobilité réduite sur un blocage de Gilets jaunes à Bessan, dans l’Hérault. La vidéo devenue virale fait polémique. Décryptage.

    Ce lundi après-midi, la vidéo avait été vue 10 millions de fois depuis sa diffusion dimanche matin. Un jeune homme en fauteuil roulant bousculé par des gendarmes à un barrage de Gilets jaunes, des insultes qui fusent, puis le calme qui revient.

    Ces images, partagées en masse sur les réseaux sociaux, deviennent un nouveau symbole des « violences policières » pour de nombreux partisans du mouvement Gilet jaunes, mais pas seulement.

    Que voit-on dans la vidéo ?

    L'action se déroule sur le péage d'Agde/Bessan dans l'Hérault sur l'autoroute A9, dimanche matin aux alentours de 8 heures. Un jeune homme, vêtu d'un sweat à capuche et d'une casquette, se déplace en fauteuil roulant. Sur la chaussée, il fait face à plusieurs gendarmes mobiles équipés de casques et de boucliers venus débloquer le lieu.

    « Maintenant vous allez là-bas et puis c'est tout », dit un des gendarmes qui déplace le jeune handicapé. « Fallait pas nous insulter », continue-t-il. « Il n'avait pas qu'à commencer par manquer de respect aux gendarmes », précise un autre. Le jeune homme, qui s'appelle Max, continue d'invectiver les forces de l'ordre qui l'ont déplacé. Un autre homme en gilet jaune vient l'aider à avancer son fauteuil coincé dans une zone un peu boueuse.

    « Max, c'est bon ! » lui intime-t-il, essayant de calmer le jeu. Avant de lancer un « il n'y a plus d'humanité frérot » aux gendarmes. Dans la foulée s'ensuit une échauffourée et dans la confusion, le jeune homme tombe de son fauteuil. Quelques insultes fusent. « Je suis handicapé, il n'y a pas de chut », lance Max. Il est ensuite relevé par un Gilet jaune.

    Que dit la Gendarmerie ?

    Devant l'émoi suscité par la vidéo, la Gendarmerie nationale a tenu à « décrypter » les images dans un message envoyé à la presse, également destiné à ses officiers de communication.

    « Ce jeune homme faisait partie des Gilets jaunes, même s'il n'en portait pas. Tout le monde était excité, on venait d'évacuer la zone. Les gendarmes l'ont pris et l'ont mis sur le rond-point, ils ont repéré qu'il avait une matraque télescopique (arme de catégorie D) au niveau du bassin, le gendarme a saisi le fauteuil pour récupérer la matraque », explique le lieutenant-colonel Thierry Duffau, du groupement de Gendarmerie basée à Montpellier, contacté par Le Parisien.

    La matraque télescopique récupérée par les gendarmes. DR
    La matraque télescopique récupérée par les gendarmes. DR Ronan Tésorière (@RonTesoriere)

    « Les manifestants qui n'ont pas saisi la raison de l'intervention protestent et effectuent un mouvement dans sa direction. Dans la confusion, le fauteuil bascule entraînant la chute accidentelle. Deux gendarmes tentent de le relever mais l'intéressé refuse obstinément cette aide », précise par ailleurs le communiqué de la gendarmerie.

    « Pour éviter de se faire déborder, les gendarmes se sont mis en bulle, pour se protéger. Le souci premier des gendarmes était qu'il ne reste pas sur la route », ajoute l'officier de communication de la région Occitanie. Détail d'importance, la compagnie de gendarmes mobiles qui est intervenue n'était pas stationnée dans la région. Par ailleurs, et sans que cela ait influencé l'incident, le jeune homme est « défavorablement connu au plan local, ainsi que de la documentation judiciaire », selon nos informations.

    Que disent les Gilets jaunes ?

    Plusieurs témoins ont assisté à la scène et ont tenu à replacer l'incident dans un contexte plus large. Certains se sont exprimés sur les réseaux sociaux comme Marie : « Voilà l'explication, sur cette photo, tu peux voir une cuisine fabriquée par la main des Gilets jaunes sur le blocage de Bessan. A l'intérieur se trouvait plein de dons alimentaires. Quand les gendarmes sont arrivés, ils ont voulu détruire cette cuisine ainsi que tout son contenu », explique cette jeune femme, qui soutient le mouvement sur le réseau social Twitter.

    « Max (l'homme en fauteuil roulant) a demandé aux gendarmes de ne pas détruire la nourriture et de la prendre pour la donner à des SDF, des associations ou à des gens dans le besoin. Mais non, aucune humanité dans ces hommes qui ont tout détruit alors oui, il les a insultés », explique encore la jeune femme, dont la mère est tous les jours sur le blocage.

    « Mais est-ce que ça justifie qu'on l'humilie de cette façon ? Oui, il avait une matraque sur lui mais il en est toujours équipé. Il faut savoir qu'il est en fauteuil et sa matraque est sa seule manière de se défendre. De plus, on voit bien que pas à un seul moment il n'a voulu l'utiliser contre les gendarmes », conclut-elle.

    Contacté par Le Parisien, un autre Gilet jaune témoigne du choc subi par Max. « On a discuté avec lui. Dimanche, il n'avait pas envie de parler, il était un peu dépassé. Il ne s'attendait pas à cela, aux millions de vues de la vidéo. Il est très fatigué en plus, il a enchaîné 36 heures d'affilée sur le blocage », explique ce manifestant. « Il pourra exposer sa vision des choses. C'est à lui de s'exprimer quand il reviendra sur le blocage », précise encore cette source.

    Gilets jaunes : des gendarmes mobiles renversent un homme en fauteuil roulant