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Sarkozy, Royal, Hollande… avec les gilets jaunes, "l'ancien monde" tente un come-back
Les deux prédécesseurs d'Emmanuel Macron, Nicolas Sarkozy et François Hollande, sont tentés par un retour en politique.

Sarkozy, Royal, Hollande… avec les gilets jaunes, "l'ancien monde" tente un come-back

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La très mauvaise passe traversée par Emmanuel Macron donne des idées à ses prédécesseurs et autres politiques disparus de la scène nationale. A croire qu'ils n'ont rien compris non plus à l'aspiration démocratique nouvelle exprimée par les gilets jaunes !

Ils ne peuvent pas s'en empêcher. A la faveur de la crise des gilets jaunes, en quête désespérée d'un bol d'air politique, plusieurs éminents représentants de ce que la macronie appelle "le vieux monde" se prennent à y croire à nouveau : et si c'était (encore) leur tour ? Dernière en date de nos vieilles gloires politiques sorties du bois : Nicolas Sarkozy, a-t-on appris ce dimanche 9 décembre dans Le Parisien, serait chatouillé par l'idée d'un nouveau come-back fracassant, afin de mettre fin à la chienlit. Un élu, visiteur régulier de l'ancien président de la République, rapporte ces propos : "Carla me dit : 'Nicolas, j’espère que tu vas rester sage'. Mais vous avez vu la situation ? Je ne vais pas avoir le choix, je vais peut-être être obligé de revenir…".

Sarkozy et Juppé s'agitent

Mais Nicolas Sarkozy n'est manifestement pas le seul à entendre les sirènes du devoir qui l'appellent. Ce même dimanche, un autre "ex", lui aussi éjecté sèchement du paysage politique par la primaire de la droite en 2016, est remonté sur la scène nationale. Face à la presse et notamment aux caméras de BFMTV, le maire de Bordeaux, Alain Juppé, a livré en direct une leçon au président de la République, à la veille de son intervention prévue ce lundi 10 décembre à 20 heures, lui réclamant "un discours d'autorité bien sûr, mais aussi un discours de compréhension, d'empathie parce que beaucoup de revendications des gilets jaunes responsables méritent d'être prises en considération". L'ancien Premier ministre "droit dans ses bottes" qui réclame "compréhension et empathie", Emmanuel Macron a dû trouver que cela ne manquait pas de sel.

Au rayon des anciens Premiers ministres, l'intérimaire de la fin du quinquennat Hollande, Bernard Cazeneuve, pointe également le bout de son chapeau pour admonester Emmanuel Macron. D'ordinaire discret et retenu, l'ex-ministre de l'Intérieur lâche ses coups dans Le Monde le 4 décembre, décochant flèche sur flèche au "Brutus" de François Hollande : "La modernité, ce n’est pas l’application brutale des recettes les plus classiques du libéralisme économique le plus vieillot dans l’ignorance des angoisses profondes du peuple". L'ancien maire de Cherbourg, retourné à sa profession d'avocat, estime que le chef de l'Etat récolte aujourd'hui ce qu'il a semé : "Les livres d’histoire comptent de nombreux exemples de nouveaux mondes successifs, professe Bernard Caeneuve. Quand on considère que l’on peut faire table rase de tout, que l’on a raison sur tout et que ceux qui n’adhèrent pas spontanément ne méritent aucune écoute, encore moins de la considération, on prend le risque de l’isolement".

Royal-Hollande : le duo increvable

A gauche, plusieurs autres figures que l'on croyait has been se rêvent à nouveau en wannabe. C'est notamment le cas de Ségolène Royal qui, le 11 novembre, a répondu "peut-être" à Laurent Delahousse qui lui demandait si "son combat pour la protection de la planète" pourrait "passer par l'Elysée". "S’il y a des événements politiques, des choses qui rassemblent, je réfléchirai avec celles et ceux qui ont des propositions", avait-elle déjà confié au JDD.

Ces dernières semaines, celle qui est aujourd'hui ambassadrice aux Pôles s'est adonnée à un marathon médiatique – quatre interventions radiophonique ou télévisée en une semaine – sur le parcours duquel elle a semé les mines à l'intention du "nouveau monde". "Quand j'étais ministre de l'Environnement, les prix de l'énergie n'ont pas augmenté", a-t-elle ainsi fait valoir le 2 décembre sur LCI, s'emportant contre le pouvoir en place : "Qu'est-ce que ça veut dire, des responsables politiques qui font fi de ce qu'il se passe dans le pays (…) ? De quel droit quatre ou cinq personnes au sommet de l'Etat entraînent tout le pays dans ce désordre ?". L'ancienne ministre de l'Environnement sait, elle, ce qu'il faudrait faire, comme exposé ce 9 décembre lors du Grand rendez-vous Europe1-CNews-Les Echos : coup de pouce au Smic, rétablissement de l'ISF et report du CICE.

Enfin François Hollande, commentateur assidu (et acide) de la présidence Macron depuis un an, a également livré son analyse de la crise des gilets jaunes le 26 novembre, au micro du 7/9 de France Inter : "Il y a une aspiration à être compris, qu'on sache exactement ce qu'est la vie de ces femmes et de ces hommes". Et l'ex "monsieur 3%" de faire valoir : "Il se trouve que moi je fais un tour de France. Je les rencontre. Ils me parlent". De quoi lui faire caresser l'idée d'un retour glorieux, comme il l'avait confié le 10 novembre à une admiratrice devant la caméra de TMC : "Je vais revenir"… Ne manque plus que François Fillon, et le tableau sera complet !

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne