EMMANUEL MACRON - Au surlendemain du quatrième épisode de la fronde des gilets jaunes, Emmanuel Macron a (enfin) parlé aux Français ce lundi 10 décembre à 20h à la télévision, dans l'espoir de faire enfin déboucher la crise sur une phase de dialogue.
Cette "adresse à la Nation" était sans doute l'allocution la plus importante depuis le début de son mandat. Il s'agissait de tenter d'éviter un "acte V" de la contestation alors que des appels à manifester sont déjà lancés sur les réseaux sociaux pour le 15 décembre. L'acte IV a rassemblé samedi quelque 136.000 manifestants et s'est soldé par un nombre record d'interpellations, plus de 320 blessés et encore des dégâts dans de nombreuses villes, particulièrement à Paris, Bordeaux et Toulouse.
Retrouvez ci-dessous l'allocution et les annonces d'Emmanuel Macron:
- État d'urgence économique et social
Après un nouvel appel au calme et la condamnation de "violences inacceptables", Emmanuel Macron est rapidement entré dans le vif du sujet et a formulé plusieurs annonces, déclarant "l'état d'urgence économique et social."
- Hausse du SMIC de 100 euros par mois
Première mesure très attendue par les gilets jaunes: l'augmentation du SMIC. "Le SMIC augmentera de 100 euros par mois dès 2019 sans qu'il en coûte rien aux entreprises", a-t-il promis avant d'ajouter: "les heures supplémentaires seront versées sans impôts ni charges. (...) Je demanderai aux employeurs qui le peuvent d'accorder une prime de fin d'année aux employés." Elle sera défiscalisée et sans charges sociales.
- Annulation de la hausse de la CSG pour certains retraités
Outre cette hausse, Emmanuel Macron a également annoncé l'annulation de la hausse de la CSG pour certains retraités. Ceux gagnant moins de 2000 euros par mois. "L'effort demandé était trop important" a estimé le président.
"Nous répondons à l'urgence économique et sociale par des mesures fortes. (...) Nous voulons des règles plus justes, plus simples, plus claires et qui récompensent ceux qui travaillent", a-t-il également avancé.
- "Ce sont 40 années de malaise qui resurgissent"
Dès le début de son allocution, Emmanuel Macron a reconnu une "colère profonde", "juste à bien des égards." "C'est celle de la mère de famille, célibataire, veuve, qui ne vit même plus, qui n'a pas les moyens de faire garder ses enfants et n'a plus d'espoir. C'est celle des retraités modestes qui ont contribué toute leur vie et ne s'en sortent pas. C'est celle des plus fragiles... Leur détresse ne date pas d'hier. Mais nous avions fini par nous y habituer", a-t-il expliqué en parlant de "40 années de malaise qui resurgissent."
- "Pas de recul" sur l'ISF
Concernant l'impôt de solidarité sur la fortune, "il n'y aura pas de recul", a prévenu Emmanuel Macron. "Revenir en arrière nous affaiblirait", a-t-il ajouté avant de réaffirmer sa volonté de lutter contre l'évasion fiscale. "Je sais que certains voudraient que je revienne sur l'ISF. Pendant près de quarante ans, il a existé, vivions-nous mieux pendant cette période? Les plus riches partaient", a-t-il avancé.
Le président de la République a également déclaré que les grandes entreprises seraient appelées à contribuer à l'effort: "Je les réunirai et prendrai des décisions dans la semaine à venir."
- "Je prends ma part de cette responsabilité"
Fait rare, le président de la République a également fait une sorte de mea culpa sur son attitude à l'égard des Français, avouant être conscient qu'il a pu "blesser" certains d'entre eux, notamment avec ses petites phrases polémiques. "Je sais qu'il m'est arrivé de blesser certains d'entre vous par mes propos", a-t-il reconnu.
"Je prends ma part de cette responsabilité" dans cette crise, a-t-il également affirmé. "Il a pu m'arriver de vous donner le sentiment que ce n'était pas mon souci que j'avais d'autres priorités".
"Je veux ce soir être très clair avec vous. Si je me suis battu pour bousculer le système politique en place, c'est parce que je crois plus que tout en notre pays et que je l'aime. Ma légitimité, je ne la tire que de vous", a-t-il notamment lancé.
- Macron annonce les grandes lignes du débat "beaucoup plus large"
Après les mesures économiques, Emmanuel Macron a dressé les grandes lignes de la prochaine concertation qui devra être "beaucoup plus large" que prévue. "Je veux que soit posée la question de la représentation, la prise en compte du vote blanc. (...) Je veux que soit posée la question de l'équilibre de notre fiscalité, je veux que soit posée la question de notre quotidien pour faire face au changement climatique, de l'organisation de l'Etat, de la manière dont il est administré depuis Paris et la question du service public dans tous nos territoires", a-t-il avancé.
Le président de la République a également annoncé qu'il comptait s'engager personnellement dans ces futurs débats et a notamment promis de "rencontrer les maires, région par région."
- "Nous avons tous vu le jeu des opportunistes"
Le président de la République n'a pas oublié, non plus, de glisser un tacle appuyé à ses opposants, "opportunistes, irresponsables politiques dont le seul projet était de bousculer la République, cherchant le désordre et l'anarchie. Aucune colère ne justifie qu'on s'attaque à uu policier, à un gendarme, qu'on dégrade un commerce ou un bâtiment public", a-t-il assuré.
- "Mon seul souci, c'est vous"
Le président de la République avait débuté son discours en condamnant des violences qui "ne bénéficieront d'aucune indulgence." Il le termine par des mots plus apaisants à l'attention des Français: "mon seul souci, c'est vous. Notre seul combat c'est pour la France."
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