COMBINAISON. Avec un bon scanner et une bonne imprimante, il est possible d’obtenir des copies honnêtes de tableaux de maîtres – à suspendre dans son salon ou pour faire joli dans le hall de l’entreprise, pas pour jouer les faussaires. Mais les chercheurs du laboratoire d’informatique et d’intelligence artificielle du Massachussetts Institute of Technology (MIT, États-Unis) ont développé une technique permettant d’obtenir un meilleur rendu des couleurs. L’idée ? Remplacer l’imprimante 2D en couleurs, avec laquelle la copie reste limitée par la combinaison des quatre encres de base (magenta, cyan, jaune et noir) par une imprimante 3D capable de mêler jusqu’à 15 tonalités d’encres transparentes appliquées successivement en couches très fines.
En l’occurrence, les chercheurs ont utilisé le MultiFab, un appareil conçu au MIT il y a quelques années et capable, entre autres, d’imprimer jusqu’à une dizaine de matériaux différents et doté de cinq buses utilisables trois fois chacune pour une même passe. Ici, le projet, appelé RePaint, se sert de dix encres transparentes différentes (blanc, cyan, magenta, vert, bleu, orange, jaune, rouge, violet, noire) et d'une opaque (blanc), toutes créées à partir de composants disponibles dans le commerce.
L’application de ces couleurs ne donne pas lieu à des à-plats continus. Le système mêle deux techniques de reprographie : une ancienne, le halftoning, c’est-à-dire l’injection de minuscules points créant l’illusion, même à une faible distance, d’une surface continue, et le colour contoning, propre à l’impression 3D, où les points sont composés de multiples couches de couleurs d’épaisseurs variables.
Mais tout cela nécessite un calcul permettant d’aboutir à la meilleure combinaison de tous ces éléments. « Nous utilisons un apprentissage sur base de données pour prédire l’empilement optimal des différentes encres », explique à Sciences et Avenir le chercheur en génie mécanique Mike Foshey. Le système a été entraîné sur une base de données consistant en plus de 20 000 « piles » d’une trentaine de couches de couleurs additionnées de 20 couches de blanc opaque, sur un millimètre carré.
Pour le projet, les chercheurs ont commencé par reproduire des images numérisées de tableaux. En l’occurrence des peintures à l’huile exécutées spécialement pour eux par une artiste peintre diplômée en chimie, Azaeh Asadi. Le résultat serait quatre fois meilleur qu’avec les procédés de copie standard. Mais le procédé prenant du temps, les copies n’ont pour l’heure été imprimées qu’au format carte de visite.