Haute-Garonne : le Samu social déjà saturé avant l’hiver

À Toulouse, avant même l’hiver, plus de 94 % des appels au 115 ne sont pas décrochés et 260 personnes se retrouvent à la rue chaque jour. Le secteur social tire la sonnette d’alarme.

 Toulouse (Haute-Garonne), le 4 décembre. Près de 300 manifestants ont marché pour dénoncer le manque de places d’hébergement et les conditions de travail dégradées des travailleurs sociaux.
Toulouse (Haute-Garonne), le 4 décembre. Près de 300 manifestants ont marché pour dénoncer le manque de places d’hébergement et les conditions de travail dégradées des travailleurs sociaux. LP/Rémy Gabalda

    Dans le cortège, les slogans ironiques étaient nombreux : « ceci est mon lit » inscrit sur un carton ou encore « le duvet et la tente, c'est pour les vacances ». Le 4 décembre, près de 300 manifestants ont marché jusqu'à la préfecture de Haute-Garonne à Toulouse, où une délégation a été reçue. Depuis de nombreux mois, en raison de la saturation du 115, l'ensemble du secteur social se retrouve en difficulté pour orienter et prendre en charge les personnes à la rue les plus vulnérables.

    Le Service intégré d'accueil et d'orientation (SIAO), basé dans le quartier Saint-Cyprien, s'était déjà mobilisé en octobre pour alerter sur le manque de places d'hébergement et les conditions de travail dégradées des travailleurs sociaux. La semaine dernière, il a été rejoint par le Groupement pour la défense du travail social (GPS), le Cedis et le syndicat SUD-Solidaires.

    A Toulouse, plus de 94 % des appels au 115 ne sont même pas décrochés (contre 90 % les années précédentes), tandis que 192 personnes en couple ou en famille et 65 personnes isolées sont laissées à la rue sans solution, chaque jour. « Cela empire. Il n'y a qu'à voir les centaines de personnes qui dorment sous des tentes, en plein centre-ville », déplore une bénévole du Droit au logement (DAL) 31. C'est notamment le cas d'une famille avec trois enfants, originaire d'Albanie, qui a participé à la manifestation et déposé une demande d'asile.

    10 000 demandes au 115 en 2017

    « Les promesses de la préfecture de loger une centaine de personnes au gymnase de Montaudran cet hiver ne sont pas une solution. Il manque des subventions pour l'hébergement pérenne », dénonce un auxiliaire socio-éducatif de l'accueil de jour de la Boutique solidarité. Un gymnase a été ouvert tout l'hiver dernier par la préfecture grâce au plan Grand Froid et 350 places d'hébergement pérennes ont été créées. Toulouse avait été désignée comme ville pilote du plan quinquennal pour le Logement d'abord.

    « On a pu mettre tout le monde à l'abri, mais une partie des prises en charge s'est arrêtée en mai. Or, partout en France, on observe depuis trois ans l'arrivée de nombreuses familles à la rue. Une centaine appellent chaque jour à Toulouse, et c'est l'arbre qui cache la forêt », explique Sylvie Fernandez, éducatrice spécialisée au SIAO. En 2017, près de 10 000 personnes différentes ont fait une demande au 115 de Haute-Garonne, dont plus de la moitié étaient des familles avec enfants.

    Le Premier ministre, Edouard Philippe, a annoncé fin novembre l'ouverture en France de 5 500 places pour la période hivernale et 11 500 places « mobilisables en cas de besoin », ainsi que le renforcement des maraudes.

    Une gestion « au thermomètre », regrettent les associations pour qui on ne prend en compte l'urgence qu'en hiver alors qu'elle dure toute l'année.