La seconde semaine de la COP24 à Katowice, en Pologne, s’annonce décisive. 124 ministres du monde entier sont arrivés pour trancher les derniers éléments de la mise en œuvre de l’Accord de Paris mais surtout relever l’ambition climatique des États. Au programme de ces mardi 11 et mercredi 12 décembre, le dialogue de Talanoa et le discours de la secrétaire d’État française Brune Poirson.

"Sans ambition et sans actions concrètes pour faire face à la crise climatique, le plus merveilleux Rulebook du monde n’y changera rien", lance la chercheuse Jennifer Tollmann, du think tank E3G, en référence aux négociations en cours à la COP24 de Katowice en Pologne. Elles sont rentrées dans le dur cette semaine avec l’arrivée sur place de 124 ministres du monde entier. Ceux-ci n’ont plus que quelques jours pour espérer arriver à un accord.  
Concernant le Rulebook de l’Accord de Paris, de nombreux éléments techniques ont été tranchés et le texte a largement été épuré. Reste désormais à débattre des notions de différenciation et de flexibilité laissée au pays en voie de développement pour l’atténuation, des délais d’adoption des mêmes règles par tous les pays ou encore de l’intégrité environnementale des marchés du carbone.  
Pas d’endossement du rapport du Giec sur 1,5°C
Quant à la question de l’ambition, au cœur des discussions mardi 11 et mercredi 12 décembre avec l’ouverture du Dialogue de Talanoa, la déception est pour l’instant de mise. Les États-Unis, la Russie, l’Arabie Saoudite et le Koweït se sont opposés samedi dernier à ce que le Rulebook fasse référence au Rapport spécial du Giec sur un monde à 1,5°C. Ils ont rejeté la mention "d’un accueil favorable" du rapport par les parties, et l’ont remplacé par "prennent note". Sans consensus, le texte ne fait pour l’instant pas référence au Giec.
En octobre dernier, lors de la publication de ce rapport, l’Arabie saoudite et les États-Unis avaient déjà tenu à rajouter des commentaires spécifiques refusant par exemple de mentionner l’Accord de Paris dans le texte. De quoi faire enrager la scientifique française Valérie Masson-Delmotte, l’une des auteures du rapport. 



Pas de groupe de travail sur l’ambition
À l’ouverture de la COP24, quatre anciens présidents de la COP – Frank Bainimarama (Fidji – COP23), Salaheddine Mezouar (Maroc – COP22), Laurent Fabius (France – COP21) et Manuel Pulgar Vidal (Pérou – COP20) – avaient lancé un appel aux armes : "le monde est à la croisée des chemins et une action décisive dans les deux prochaines années sera cruciale pour affronter les menaces imminentes liées au changement climatique". "Tout retard ne fera que rendre plus difficile et plus coûteuse la réponse au changement climatique", avertissent-ils.
Lundi 10 décembre, lors d’une conférence de presse, l’ancien ministre français Laurent Fabius a rappelé que le succès de cette 24e conférence onusienne sur le climat dépendait "de la volonté politique" des États et "de leur vision à long terme d’une transition écologique et juste pour construire le monde de demain". Mais les ONG déplorent le manque criant de leadership polonais.
"Il n’y a pas de groupe de travail sur l’ambition. Comment peut-on être Président de la COP de tous les pays du monde après le rapport du GIEC et ne pas créer de groupe chargé de définir un signal qui doit être envoyé ici pour ambition ?", lance Jennifer Morgan de Greenpeace.
Michal Kurtyka, vice-ministre polonais de l’Environnement et Président de la COP24, assure que son pays est très actif et prend ses responsabilités pour soutenir les discussions. Mais il rappelle aussi que "ce sont bien les 197 parties présentes qui sont garantes du succès de cette COP." "En cas d’échec, il s’agira bien d’un échec collectif", se dédouane-t-il d’avance.
Concepcion Alvarez, @conce1

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