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Femmes

Pour en finir avec le sexisme ordinaire au travail

LVMH, Ernst&Young, BNP Paribas, AccorHotels ou encore L'Oréal France. 30 entreprises s'engagent autour de l'initiative #StOpE pour faire reculer le sexisme ordinaire au travail.

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Le numérique, un milieu machiste ? Illustration de femmes dans une entreprise

L'initiative #StOpE pour lutter contre le sexisme ordinaire en entreprise

MAXPPP

L'Oréal France*, LVMH et Dior, Ernst&Young, BNP Paribas, ou encore AccorHotels. 30 entreprises s'engagent autour de l'initiative #StOpE lancée le 4 décembre dernier pour faire reculer le sexisme ordinaire au travail à travers huit actions jugées prioritaires. Explications avec celles qui portent ce projet depuis plus de six mois: Anne-Sophie Béraud, directrice Diversité et Inclusion chez AccorHotels, Morgane Reckel, directrice Associée Diversité et Inclusion chez Ernst&Young et Anne-Laure Thomas, directrice Diversités et Inclusion chez L'Oréal France.

Il aura suffi le temps d'une soirée au début de l'été pour que ces trois femmes s'associent et lancent cette initiative auprès d'un grand nombre d'entreprises. Accompagnées par Brigitte Grésy, secrétaire générale du Conseil supérieur de l'égalité professionnelle entre les femmes et les hommes et auteure de nombreux ouvrages et rapports sue la question, elles ont réuni plusieurs groupes de travail comprenant à la fois des représentants RH, des opérationnels, mais également des hommes et des femmes pour travailler ensemble sur une feuille de route à donner pour lutter efficacement contre le sexisme ordinaire en entreprise. "Il y a eu un vrai élan autour de ce sujet", témoigne Anne-Laure Thomas, de L'Oréal France. "L'idée était d'unir des forces" et de faire venir autour de cette initiative un panel d'entreprises qui soit représentatif de toutes les industries. À ce jour, plus de 30 entreprises ont signé cet acte d'engagement. Mais l'enjeu est bien de l'élargir, notamment à des PME et à des écoles. "Notre idée est d'être le plus pragmatique et le plus inclusif possible", explique Morgane Reckel de chez EY. "Nous nous sommes appuyées sur ce qui fonctionne afin de faire en sorte de proposer des solutions concrètes qui soient applicables à l'ensemble des tailles d'organisations et des secteurs", poursuit-elle.

Au-delà d'une simple charte

Les 30 entreprises s'engagent par cette initiative à mettre en place a minima une action prioritaire, parmi les huit proposées. À commencer par afficher et appliquer le principe de tolérance zéro, mais aussi diffuser des outils pédagogiques aux salariés pour faire face aux agissements sexistes en entreprise, sanctionner les comportements répréhensibles et communiquer sur les sanctions associées. Les entreprises signataires se retrouveront régulièrement afin de partager les bonnes pratiques de manière opérationnelle pour refaire un point, ensemble, le 4 décembre 2019. Au sein de chacune de ces entreprises, le lead de cette initiative sera forcément pris au niveau des ressources humaines. "Mais nous avons aussi besoin de relais  dans toute  l'entreprise: il faut d’une part des dirigeants exemplaires, l’intégration du sujet aux travers des processus RH pour toucher le plus grand nombre de collaborateurs hommes et femmes et utiliser, quand il y en a, les réseaux féminins en interne", souligne Anne-Sophie Beraud d'AccorHotels. Pour Morgane Reckel (EY), l'idée était d'aller au-delà d'une simple charte. "Les engagements sous forme de charte ne suffisent pas s'ils ne s'accompagnent pas de modalités pratiques de mise en oeuvre", explique-t-elle. "Des bonnes pratiques sans s'engager ne donnent pas l'élan suffisant pour remédier de façon durable au sexisme ordinaire". 

De la souffrance au travail

Tout l'enjeu de cette initiative est de nommer précisément ce qu'est le sexisme ordinaire. Dans le dossier de présentation de cette initiative qui s'appuie sur le code du travail et des travaux menés par le Conseil supérieur de l'Egalite Professionnelle entre les hommes et les femmes, on appelle le sexisme ordinaire au travail l'ensemble des attitudes, propos et comportements fondés sur des stéréotypes de sexe qui sont directement ou indirectement dirigés contre une personne ou un groupe de personnes en raison de leur sexe et qui, bien qu'en apparence anodins, ont pour objet ou pour effet, de façon consciente ou inconsciente, de les délégitimer et de les inférioriser, de façon insidieuse voire bienveillante, et d'entraîner une altération de leur santé physique ou mentale. "Les agissements sexistes sont susceptibles de créer de la souffrance au travail", souligne ainsi Morgane Reckel qui va même encore plus loin. " Le sexisme ordinaire nuit à la performance de nos collaborateurs et de nos entreprises. Il s'agit bien d'un enjeu de santé au travail."

Au-delà de la responsabilité de l'entreprise, il s'agit de faire aussi appel à la responsabilité individuelle de chacun et chacune d'entre nous afin de mieux détecter ces faits et de se sentir légitime d'oser réagir dans le cas où l'on est victime ou témoin d'une agression sexiste. "Ce qui est loin d'être encore évident", note Morgane Reckel qui raconte s'être fait appeler "cocotte" au début de sa carrière. Une scène de sexisme ordinaire vécue par 80% des femmes au travail. Le premier levier passera par le fait d'identifier, de détecter et de relayer le sexisme ordinaire au travail. Car, non, ce n'est pas juste une blague. "Les effets durables de ces agissements sont bien une décrédibilisation et la création d'une forme de plafond à l'expression du potentiel des femmes".

Actes d'engagement:

1. Afficher et appliquer le principe de tolérance zéro
2. Informer pour faire prendre conscience des comportements sexistes (actes, propos, attitudes) et de leurs impacts
3. Former de façon ciblée sur les obligations et les bonnes pratiques de lutte contre le sexisme ordinaire
4. Diffuser des outils pédagogiques aux salariés pour faire face aux agissements sexistes en entreprise
5. Inciter l'ensemble des salariés à contribuer, à prévenir, à identifier les comportements sexistes et à réagir face au sexisme ordinaire
6. Prévenir les situations de sexisme et accompagner de manière personnalisée les victimes, témoins et décideurs dans la remontée et la prise en charge des agissements sexistes
7. Sanctionner les comportements répréhensibles et communiquer sur les sanctions associées
8. Mesurer et mettre en place des indicateurs de suivi pour adapter la politique de lutte contre le sexisme ordinaire

* L'Oréal France est partenaire de la verticale Femmes de Challenges.fr.

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