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La Nasa annonce que les glaciers de l’Antarctique de l’Est que l’on pensait stables fondent eux aussi rapidement
©Reuters

Montée des eaux

Les glaciers de l'Antarctique fondent depuis longtemps. Mais la Nasa vient d'annoncer qu'une partie d'entre eux situés à l'Est et relativement préservés jusque-là, commencent également à fondre. Il s'agit de glaciers situés près de celui de Totten.

Jean Jouzel

Jean Jouzel

Directeur de recherches au CEA et directeur de l'Institut Pierre-Simon-Laplace jusqu'en 2008, il est membre de l'Académie des sciences.

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Atlantico : Jusqu'à présent l'est de l'Antarctique était plus préservé que l'ouest, nous dit la Nasa, de la fonte des glaces. Qu'est-ce qui a changé ? 

Jean Jouzel : Ce qui est le plus fragile aujourd'hui en Antarctique, c'est à la fois la péninsule antarctique, c'est à dire la partie de l'Antarctique qui est au sud de l'Amérique du sud et qui est prolongée par l'Antarctique de l'ouest qui, lui, est accroché au-dessous du niveau de la mer ce qui le rend fragile. Il y a beaucoup plus de focalisation sur l'Antarctique de l'ouest que sur l'Antarctique de l'est. Ce dernier est très froid, et jusqu'ici l'idée que l'Antarctique de l'est pourrait contribuer de façon importante à l'élévation du niveau de la mer est plutôt sur un très long terme. L'accent est mis sur le Groenland et l'Antarctique de l'ouest, avec le rôle des calottes glaciaires. Globalement on sait que l'Antarctique contribue déjà à l'élévation du niveau de la mer. Dans ces régions-là, l'écoulement des glaciers dépassent déjà l'apport de neige par précipitations. Il faut voir le bilan global de l'Antarctique de l'est. Il y a aussi des régions où les précipitations prennent le pas sur l'écoulement. C'est un phénomène très bien documenté à travers les observations satellitaires. Cela met le point sur quelque chose qui n'était pas clair pour la communauté scientifique avant: l'épaisseur de ces glaciers diminuent depuis plusieurs années. C'est important. Si on regarde l'élévation du niveau de la mer, l'inconnu, c'est vraiment les grands glaciers. 

On connaît assez mal la structure des tréfonds, sous les blocs de glace. Prévoir la vitesse de fonte paraît difficile tant qu'on n'a pas identifié la source et la direction de la source de réchauffement...

Surtout les régions où il y a un accès aux océans. C'est probablement le cas à la sortie du glacier. Est-ce que l'océan se réchauffe et est-ce que ça facilite le réchauffement du glacier, l'écoulement plus rapide du glacier ? Il n'y a pas vraiment de réponse. Ce n'est pas forcément ce qui se passe à la surface qui est important mais à la base. On voit bien que c'est là où ça glisse. C'est la topographie et la température à la base qui jouent un rôle très important. Il y a souvent des plateformes de glace qui les prolongent et le réchauffement par dessous peut jouer un rôle important dans l'écoulement de ces glaciers. Dans les régions où on est près de 0°, par exemple dans la région côtière du Groenland, le réchauffement à la surface l'été se traduit par une fonte sur place de la glace, c'est à dire que le fond du glacier recule. Cela n'arrive pas en Antarctique de l'est, où les températures ne se situent jamais au-dessus de 0 l'été. Il n'y a pas de fusion de la glace en surface.       

Ces glaciers sont énormes et représentent une réserve d'eau douce gigantesque. Leur fonte pourrait affecter de nombreuses côtes à travers le monde. Qu'induit, pour la planète, cette réestimation du nombre de glaciers en train de fondre dans l'Antarctique ?

C'est le véritable problème. J'ai confiance dans les calculs de mes collègues glaciologues. Les craintes sont surtout pour les siècles suivants. Dans le cas d'une température qui irait au-delà de 2° pendant une période assez longue, il y a un double risque, c'est le risque de fonte complète du Groenland (sur une échéance millénaire), et la fonte de l'Antarctique de l'ouest. Mais généralement on n'évoque pas l'Antarctique de l'est, qui contribuerait à 60 mètres dans l'élévation du niveau de la mer. On ne parle pas d'une possibilité de disparition de l'Antarctique de l'est. Cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas de contribution de la part de l'Antarctique de l'est à l'élévation du niveau de la mer. C'est cette contribution qui mérite d'être étudiée. Grâce aux données satellitaires on peut effectivement avoir des renseignements sur l'ensemble de l'Antarctique et ce sont des informations extrêmement intéressantes. 

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