Plus de 2000 Canadiens ont perdu la vie durant les six premiers mois de 2018 à la suite d'une surdose liée aux opioïdes. La très grande majorité de ces décès (72%) sont liés au fentanyl, révèlent des données de l'Agence de la santé publique du Canada publiées cet après-midi. La crise des opioïdes a pris une telle ampleur qu'elle ralentit maintenant la croissance de l'espérance de vie au pays.

De janvier 2016 à juin 2018, c'est 9000 Canadiens qui ont perdu la vie après avoir consommé des opioïdes. La majorité d'entre eux étaient âgés entre 30 et 39 ans (27% des décès).

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Taux de mortalité par 100 000 habitants au Canada en lien avec les surdoses d'opioïdes

2016: 8,3

2017: 10,9

2018 (janvier à juin): 11,2

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«Ces chiffres brisent le coeur. Un décès dans cette crise est déjà un décès de trop», estime la ministre fédérale de la Santé, Ginette Petitpas Taylor.

Baisse de l'espérance de vie

La crise des opioïdes au Canada est telle que «l'espérance de vie au pays qui avait augmenté de près de trois ans entre 2000 et 2016 a ralenti», écrit l'Agence de la santé publique du Canada dans un communiqué. «La crise des opioïdes a ralenti l'espérance de vie de huit semaines», résume l'administratrice en chef de la santé publique du Canada, la Dre Theresa Tam.

En effet, l'espérance de vie a augmenté de près de trois ans entre 2000 et 2016 pour atteindre 82,25 ans, une hausse de 4%. Mais la crise des opioïdes a ralenti cette croissance d'environ 0,16 an. Enregistrant un plus fort taux de décès liés aux opioïdes, les hommes ont subi un ralentissement de leur espérance de vie de 0,23 an, soit plus que les femmes (-0,09 an), souligne la Dre Tam.

Hausse des hospitalisations

Le nombre de personnes hospitalisées chaque jour pour empoisonnement aux opioïdes continue aussi d'augmenter au pays et est passé de 16 par jour en 2016, à 17 par jour en 2017. L'Institut canadien d'information sur la santé (ICIS), qui collige les données à ce sujet, souligne que le taux d'hospitalisation en lien avec des surdoses d'opioïdes est 2,5 fois plus élevé dans les petites municipalités de 50 000 à 100 000 habitants que dans les grandes villes.

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Taux d'hospitalisation par 100 000 habitants (2017)

Kelowna: 52,8

Brantford: 41,2

Thunder Bay: 34,7

St. Catharines-Niagara: 27,1

Les villes québécoises semblent aussi moins touchées que le reste du pays.

Taux d'hospitalisation par 100 000 habitants (2016)

Montréal: 6,9

Québec: 9,8

Saguenay: 11,6

Sherbrooke: 17,5

Trois-Rivières: 13,6

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Selon la Dre Tam, les Canadiens «ne réalisent pas l'ampleur de la crise» des opioïdes. «C'est une crise de santé publique majeure», souligne la Dre Tam, qui estime que les efforts doivent se poursuivre tant au niveau de la prévention, du traitement que des interventions policières pour limiter l'accès aux drogues.