C’est une autre conséquence de l’automatisation. En Asie du Sud-Est, où les emplois peu qualifiés sont la norme dans les secteurs textile, manufacturier ou électronique, des millions de postes vont être remplacés par des robots d’ici 20 ans. Cela va accroître la concurrence entre des travailleurs prêts à baisser encore leurs exigences et à accepter des conditions de travail pouvant être assimilées à de l’esclavage. 

Plus de la moitié des emplois dans les industries clés en Asie du Sud-Est sont menacés de disparaître d’ici une vingtaine d’années à cause de l’automatisation. Au-delà de la perte de moyens de subsistance pour des millions de travailleurs, le cabinet d’analyses britannique Verisk Maplecroft (1) alerte sur une possible hausse de l’esclavagisme dans une région déjà fortement concernée par ce fléau.
Nivellement par le bas
"Les travailleurs ne disposant ni de la capacité à s’adapter, ni d’une protection sociale efficace seront davantage mis en concurrence pour des emplois peu qualifiés et mal payés de moins en moins nombreux. Cela risque de créer un environnement qui relèvera de plus en plus de l’exploitation", explique Alexandra Channer, analyste chargée des droits de l’Homme chez Verisk Maplecroft. "Sans des mesures concrètes de la part des gouvernements pour aider les générations futures à travailler aux côtés des machines, il pourrait y avoir un nivellement par le bas pour nombre de travailleurs."
L’agriculture, la pêche, l’exploitation forestière, le secteur manufacturier, la construction ou encore la distribution sont les domaines d’activité en Asie du Sud-Est où les travailleurs sont les plus susceptibles d’être remplacés par des robots, estime Verisk Maplecroft, notant que les risques en la matière sont particulièrement élevés au Vietnam avec 67 % des emplois qui pourraient disparaître.
Les femmes, premières victimes
Ce constat est d’autant plus inquiétant que les pays où l’automatisation va frapper le plus fort – Vietnam, Cambodge, Philippines, Thaïlande et Indonésie – sont déjà considérés comme ceux où le risque d’esclavage est le plus élevé et où la dépendance aux métiers peu qualifiés est très importante. Par ailleurs, les femmes seront les premières victimes. Au Vietnam et au Cambodge, 85 % des emplois concernent le secteur textile et trois quarts des postes sont occupés par des femmes.
"L’adoption de technologies d’automatisation par les entreprises sera graduelle, mais les conséquences imprévues pour des millions de travailleurs dans les chaînes d’approvisionnement de la marque seront probablement sévères", poursuit Alexandra Channer. "Les départements d’approvisionnement responsable, en particulier, doivent identifier et comprendre les effets négatifs de l’automatisation sur les droits de l’homme, et travailler avec la société civile et les gouvernements pour atténuer les impacts au sein de leurs propres chaînes d’approvisionnement."
Selon la Fédération internationale de la robotique, 250 000 robots industriels vont inonder le marché l’an prochain. Et d’ores et déjà, les États-Unis ont inauguré la première usine de "robots-couturiers" sans opérateurs humains, chaque machine étant capable de remplacer 10 ouvriers…
Concepcion Alvarez, @conce1
(1) Voir l’étude ici

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