La France veut défendre le rôle des femmes face au changement climatique

EPA/FAROOQ KHAN

L’inclusion des femmes dans le débat climatique reste balbutiante. Les femmes impliquées dans les négociations climatiques côté français tentent d’alerter sur le sujet.

Lors des ouragans survenus dans les Caraïbes en 2017, le comportement des femmes analysé par le dispositif Crews s’est avéré différent de celui des hommes. Le projet, destiné à mettre en place des systèmes d’alerte pour les populations sur des aléas climatiques extrêmes, tente actuellement d’améliorer son efficacité en fonction des réactions de chacun. Une des solutions consiste à cibler plus de femmes.

C’est un des exemples mis en avant par la France qui défend une vision plus « genrée » du financement climatique : financer des projets portés par des femmes ou écouter leurs besoins permet d’augmenter leur efficacité.

Madeleine Rose Diouf, représentante du Sénégal à la COP24, confirme le rôle crucial des femmes face au climat en Afrique. « Ce sont elles qui ont la capacité de réparer la mangrove, mais ce sont aussi elles qui cuisinent, en utilisant la biomasse, donc leur rôle est crucial », assure la diplomate.

COP23: la cause des femmes progresse un peu

La COP 23 devrait adopter un plan d’action pour l’égalité des sexes. Peu connue, cette question est pourtant fondamentale. Un article de notre partenaire, le Journal de l’Environnement.

Lancée lors de la COP21, et concrétisée à la COP23, l’inclusion des femmes dans le changement climatique avance pourtant lentement. Il commence par un bilan : en 2016, seulement 0,01 % des projets de finance climat concernaient directement des femmes ou le sujet de l’égalité des sexes. La prise de conscience est plutôt lente, mais certains pays tentent de faire bouger les lignes dont la France.

Des femmes en pole position dans les négociations

Le pays n’est pas nécessairement très crédible sur le sujet : le quai d’Orsay se voit régulièrement reprocher de réserver les plus beaux postes à des hommes, à commencer par le poste de ministre des Affaires étrangères qui n’est revenu qu’une fois à une femme dans l’histoire, et encore durant un an seulement (Michèle Alliot-Marie en 2010). Sur le sujet climat, plusieurs femmes ont néanmoins imposé leur compétence, dans le sillage de Laurence Tubiana qui fut ambassadrice sur le climat lors de la COP21 : Brune Poirson a pris en main le sujet au ministère de la transition énergétique depuis 2017, et l’ambassadrice pour le climat est actuellement aussi une femme, Brigitte Collet.

« Les femmes sont insuffisamment prises en compte, et l’accès aux instruments qui permettent aux femmes d’agir sont insuffisant, l’accès au financement reste difficile ; mais l’attention portée sur le sujet progresse, ce qui permet d’améliorer l’efficacité des projets climat » a assuré cette dernière lors d’un événement organisé par le pavillon français à la COP24, à Katowice en Pologne.

Former les femmes aux sciences du climat

Mais c’est aussi au travers de la recherche que les femmes peuvent peser dans le débat climatique. C’est en tout cas le cheval de bataille de Valérie Masson Delmotte, une des 3 seules femmes co-présidente du GIEC, qui déplore qu’aucune femme n’ait jamais présidé la structure qui pilote la recherche sur le climat. « En 1990, 2 % des auteurs du rapport du GIEC étaient des femmes, en 2017 33 %. C’est important de faire progresser la part des femmes, ce n’est pas seulement une question de chiffre. C’est aussi pour lutter contre les biais inconscients de chacun, inclure la diversité permet de lutter contre ces biais » assure la chercheuse spécialisée en physique du climat, un secteur encore plus délaissé par les femmes.

Des biais encore très présents dans les négociations climatiques également, qui restent dominées par une présence masculine.

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