Emmanuel Macron sur le dérapage budgétaire: "Dans les moments de crise, le chiffrage est secondaire"

Les comptes de la France vont déraper, mais Emmanuel Macron assume "Dans les moments de crise, le chiffrage est secondaire", s’est-il justifié mardi devant les députés reçus en fin de journée à l’Elysée. Des propos sans ambiguïté prononcés alors que le ministre des Comptes publics Gérald Darmanin se tenait à ses côtés.

Et le chef de l’Etat a insisté: "Je veux que les mesures soient appliquées pleinement, rapidement et efficacement". Autrement dit, sans être étalées dans le temps comme le ministère des Finances l’avait voulu pour la baisse de la taxe d’habitation et la ristourne sur les cotisations sociales.

Traduction dans la bouche d’un membre du gouvernement: "Ça veut dire que Bercy va se faire voir". Au sein de l’exécutif, on estime que les hauts fonctionnaires des Finances ont été beaucoup trop écoutés depuis le début du quinquennat.

L’orthodoxie entre parenthèses

Reste que les dispositions annoncées pour les salariés au Smic et les retraités vont faire déraper le déficit public de la France en 2019. Le solde des comptes devrait de nouveau dépasser la barre de 3% du PIB fixée par les traités européens.

Emmanuel Macron s’était engagé à respecter cette règle – ce qui fut le cas jusqu’ici. Une condition jugée sine qua none pour rétablir la crédibilité de Paris face à ses partenaires de l’UE.

Un ministre venu de la gauche acquiesce la nouvelle ligne budgétaire: "Il vaut mieux payer ce prix plutôt que mourir en bonne santé. Macron considère vraiment qu’il y a un avant et un après … pas seulement lié aux 'gilets jaunes'. Il a compris que les Français étaient en résonance avec leurs revendications". Le blocage des rond-points aura mis l’orthodoxie entre parenthèses.