Chaque année, des milliers d’Américains, acceptent de donner, après leur mort, leur corps à des entreprises privées venues les démarcher. En échange, ces sociétés leur proposent de couvrir les montants exorbitants de leurs obsèques afin d’éviter à leurs proches de les régler pour eux. Elles revendent ensuite des parties des corps à des hôpitaux et centres de recherche. C’est le cas de Science Care dans l’Arizona”, explique Nieuwsuur, le magazine d’actualité de la télévision publique néerlandaise. “Cette société perçoit plusieurs millions de dollars pour la vente chaque année d’environ 6 000 corps. Une tête rapporte environ 500 dollars, un avant-bras 250 dollars, une jambe entière 1 300 dollars et un torse 2 000 dollars.”

Ce juteux business suscite de nombreuses critiques, notamment sur le peu de règles existantes. Brian Grow, un journaliste de Reuters est ainsi parvenu à acheter deux têtes en ligne, après “seulement quelques échanges par courriels”. Il a même bénéficié “d’une offre spéciale”. Une partie des proches des défunts se disent révoltés car ils ne savaient pas que les corps allaient faire l’objet d’un véritable commerce et qu’ils seraient découpés en morceaux pour être vendus au “détail” ou par “lots”.

500 têtes

Selon la télévision publique néerlandaise, les Pays-Bas jouent un rôle important dans ce commerce. Ces dernières années, l’hôpital AMC d’Amsterdam aurait acheté plus de 500 têtes à des compagnies américaines, pour les besoins de certains cours donnés à des étudiants en médecine. Le gouvernement a annoncé le 11 décembre être en train de vérifier si toutes les règles douanières sont bien respectées. Il s’engage à renforcer ces règles si de graves manquements sont constatés. Pour protéger les Néerlandais de pratiques comparables à celles constatées aux États-Unis, un projet de loi est en préparation.

En attendant, l’hôpital AMC a annoncé ne plus vouloir acheter de nouvelles têtes à Science Care. “Mais l’AMC ne devrait pas connaître de pénurie de têtes”, écrit le quotidien d’inspiration chrétienne Trouw qui cite Roelof Jan Oostra, un professeur en anatomie du centre hospitalier universitaire d’Amsterdam. “La plupart des parties de corps utilisés ici viennent de donneurs néerlandais”, assure-t-il. “Celles-là ne font pas l’objet d’un commerce et restent aux Pays-Bas.”