Une Russe qui avait noué des contacts dans l'appareil politique américain via le principal lobby pro-armes des États-Unis a plaidé coupable jeudi d'avoir agi au profit du Kremlin.

Maria Butina, 30 ans, est la première Russe dont la culpabilité a été reconnue à la suite de l'une des nombreuses enquêtes portant sur les ingérences de Moscou dans la campagne présidentielle de 2016 aux États-Unis.

Elle a reconnu avoir cherché à ouvrir dès 2015, au profit de la Russie, «des canaux de communication officieux avec des Américains influents».

En plaidant coupable, elle espère une peine allégée. Elle encourt jusqu'à six mois de prison et risque d'être expulsée à l'issue de sa peine.  

Moscou a immédiatement dénoncé une «inquisition politique». «Il est évident qu'elle a plaidé coupable sous pression. Ils ont réussi à la briser», a déclaré le président de la commission des Affaires étrangères de la Douma, Leonid Sloutski, cité par l'agence de presse publique RIA Novosti.

La jeune femme, originaire de Sibérie, s'était fait remarquer du lobby conservateur américain en militant pour une organisation pro-armes russe, le «Droit aux armes». Sur les réseaux sociaux, elle dénonçait la stricte régulation sur les armes dans son pays, posant souvent avec un pistolet à la main.

Lors de visites aux États-Unis, elle avait rencontré dès 2015 des responsables de la National Rifle Association (NRA), le premier lobby des armes américain, largement favorable au parti républicain.

Elle avait participé à des conférences de la NRA et cherché à rencontrer des candidats républicains à la présidentielle. Lors d'une réunion politique de Donald Trump en 2015, elle l'avait interrogé sur ses relations avec la Russie. «Je pense que je m'entendrais bien avec Poutine», avait-il répondu.

En 2016, elle était arrivée avec un visa étudiant aux États-Unis et s'était installée avec un Américain, Paul Erickson, militant de la NRA et du parti républicain rencontré en 2013 à Moscou.

Elle avait été arrêtée en juillet dernier à Washington et inculpée pour «complot» en vue de «promouvoir les intérêts de la Russie».  

Selon l'accusation, elle travaillait sous la direction d'Alexandre Torchine, un responsable politique et banquier proche du président russe Vladimir Poutine, qui est sous le coup de sanctions américaines depuis avril.

L'administration Trump est engluée depuis 18 mois dans une enquête sur une éventuelle collusion entre les conseillers de M. Trump et des responsables russes afin de favoriser sa victoire en 2016. Donald Trump dénonce régulièrement une «chasse aux sorcières» menée par le FBI et les démocrates.