10 objets du quotidien en voie de disparition

LE PARISIEN WEEK-END. Nous vivons avec eux depuis toujours, et pourtant ! Polluants ou obsolètes, ils sont menacés. Portraits de ces incontournables devenus antiquités.

    Personne n'aurait osé remettre en question leur utilité il y a encore quelques années. Mais des objets aussi répandus que le téléphone fixe, le chéquier ou le Coton-Tige sont sur la sellette. Et devraient bientôt disparaître. Première raison, l'évolution de nos usages et l'arrivée d'innovations technologiques qui rendent peu à peu certains appareils obsolètes. Pour preuve, on ne trouve quasiment plus de cabines téléphoniques publiques en France, alors que le pays en comptait 300 000 dans les années 1990.

    Seconde raison à cette extinction, la volonté des gouvernements successifs de bannir certains produits pour des raisons écologiques. En 2016, la ministre de l'Ecologie Ségolène Royal avait obtenu la suppression des sacs en plastique aux caisses des supermarchés.

    La loi relative à la Transition énergétique pour la croissance verte de 2015 a conduit à l'interdiction d'une quinzaine d'objets en plastique jetables à compter du 1er janvier 2020. Cette décision est encadrée par la Feuille de route pour l'économie circulaire, qui souligne la nécessité de sortir du modèle « fabriquer, consommer, jeter » et propose 50 mesures concrètes pour tendre vers l'objectif « de 100 % de plastique recyclé en 2025 », visé par la secrétaire d'Etat à la Transition écologique Brune Poirson. Voici les objets auxquels nous devrons bientôt dire adieu, et dans quel délai. Mieux vaut s'y préparer !

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    Disparition certaine :

    • La paille en plastique

    Elle est la bête noire d'Anne Hidalgo. En juillet 2018, la Ville de Paris a voté une mesure pour la disparition progressive de la paille en plastique des établissements municipaux, et encourage les restaurants et cafés de la capitale à faire de même. En septembre, le groupe hôtelier Hyatt a annoncé leur suppression au Park Hyatt Paris-Vendôme. Le palace teste des pailles fabriquées à partir de noyaux d'avocat conçues par une société mexicaine. Au niveau national, la secrétaire d'Etat à la Transition écologique Brune Poirson souhaite l'inscription des « touillettes et des pailles en plastique sur une nouvelle liste de produits à interdire, dans le cadre de la mission Océans, lancée en juillet dernier ». La Grande-Bretagne va plus loin : en avril 2018, elle a fait part de sa volonté d'éradiquer « le plastique évitable » d'ici vingt-cinq ans.

    Après 2020.

    • Le téléphone fixe

    Si le téléphone a été inventé au XIXe siècle, il a fallu attendre une centaine d'années pour qu'il se développe en France. Le pays est passé de 15 % de foyers raccordés au milieu des années 1970, pour atteindre près de 100 % au milieu des années 1980. Mais à partir de 1995, le téléphone mobile a commencé à lui faire de la concurrence. Si bien que, le 15 novembre 2018, l'opérateur Orange a cessé de vendre des abonnements au téléphone fixe avec la fameuse « prise T ». Cette dernière va ainsi disparaître progressivement de nos maisons et entreprises. Dès 2023, Orange commencera à raccorder l'ensemble du territoire à la téléphonie via le réseau Internet.

    Avant 2040.

    • Le vide-ordures

    Un nid à bactéries ! « Plus de 60 % des copropriétés parisiennes équipées de vide-ordures les ont condamnés. Les personnes âgées des étages élevés sont les plus réfractaires. Les jeunes générations sont plus enclines à descendre les poubelles », décrypte Jean-Marc Pette, responsable d'une agence immobilière Century 21 à Paris (15e). « Depuis 2003, la loi permet de voter leur suppression à la majorité absolue en assemblée de copropriété », précise un juriste de l'Agence départementale d'information sur le logement de Paris. Répandu entre 1930 à 1980, ce système est « inexistant dans les immeubles neufs », ajoute Jean-Marc Pette.

    D'ici quelques années.

    Disparition programmée :

    • Le bâtonnet de coton

    Les Cotons-Tiges en plastique font partie des principaux déchets retrouvés dans les océans. Nombre de Français les jettent, par exemple, dans la cuvette des toilettes, plutôt que dans la poubelle de la salle de bain. « Leurs tiges sont tellement fines qu'elles échappent souvent au contrôle des stations d'épuration et finissent dans nos cours d'eau, puis dans la mer », précise la secrétaire d'Etat à la transition écologique, Brune Poirson. Pour endiguer ce fléau, la loi Biodiversité de 2016 a finalement décidé d'interdire leur mise sur le marché à partir du 1er janvier 2020. Dans le commerce, on trouve déjà des solutions de remplacement, comme les tiges à base de papier ou des systèmes de nettoyage réutilisables.

    1er janvier 2020.

    • Le gobelet en plastique

    Popularisé par les séries télévisées américaines, le gobelet en plastique va bientôt disparaître de nos rayons de supermarché. Il est en effet sur la liste noire présentée le 4 juillet 2018 par le ministère de l'Ecologie, et sera donc interdit à la vente au 1er janvier 2020. Mais si des solutions de remplacement existent, comme le gobelet en carton, celles-ci ne sont pas forcément moins polluantes. « Il faut rester très prudent vis-à-vis des produits de substitution. Souvent, on peut très bien se passer d'un objet plutôt que de le remplacer par un autre », confirme Brune Poirson, secrétaire d'Etat à la Transition écologique.

    1er janvier 2020.

    Disparition probable :

    • Les cartes routières

    On connaît tous ces grands dépliants qui s'entassent dans la portière de la voiture. « La première carte routière à destination du grand public date de 1910, indique Philippe Sablayrolles, responsable de la production cartographique chez Michelin. Nous continuons à en vendre des millions d'exemplaires chaque année. Aucun écran ne peut rivaliser avec la surface d'une carte, très simple d'utilisation. Et puis, ça fait rêver : en ouvrant une carte, on est déjà un peu en voyage. » Mais, depuis le début des années 2000, la cartographie sur Internet et les GPS menacent le format papier. La réussite la plus spectaculaire est sans doute celle de l'application Waze, lancée en 2008 et alimentée par les contributions des utilisateurs. En France, ce GPS intelligent a déjà conquis 12 millions d'automobilistes et multiplié ses adeptes par quatre entre 2015 et 2018.

    A long terme.

    • La clé USB

    Il y a dix ans, la clé USB détrônait le disque dur et le CD. Ce petit appareil de stockage amovible et très ergonomique, permettant de déplacer des fichiers d'un ordinateur à un autre, est vite entré dans les usages. « Très pratique et peu onéreuse, la clé USB présente néanmoins des failles en termes de sécurité », commente Stéphane Larcher, directeur de la publication du magazine spécialisé « L'Informaticien ». Les années 2010 ont commencé à la ringardiser avec l'arrivée du Cloud (nuage), qui permet de stocker des données via des applications accessibles depuis son mobile ou un ordinateur. « Sur des plateformes comme Dropbox, Google Drive ou Brainloop, avec des forfaits gratuits ou payants, les fichiers sont accessibles de partout, alors qu'une clé reste un support physique », complète Stéphane Larcher.

    D'ici à 2050.

    • Le bidet

    Inventé au très libertin XVIIIe siècle, ce sanitaire bas, qui doit son nom à un petit cheval, était destiné au nettoyage des parties intimes, et donc très usité par les courtisanes. Puis il s'est étendu au lavage des pieds, des nourrissons, et des animaux de compagnie. Aujourd'hui, il a déserté nos salles de bain en raison du manque de place (elles mesurent 4 à 5 mètres carrés en moyenne en France). « Le bidet est un marché de niche chez nous », précise Annabelle Charlon, chef de produit chez Grohe, fabricant de produits sanitaires. Il serait en passe d'être détrôné par des toilettes multifonction. Très populaire au Japon, le washlet a débarqué en France dans les années 2010. « Hygiénique et technologique, il offre nettoyage, séchage, chauffage et musique », indique Jean-Baptiste Malzoppi, responsable commercial de Toto, leader du secteur dans l'Hexagone.

    D'ici à 2030.

    • Le chéquier

    Intronisé en Angleterre au milieu du XVIIIe siècle, le chèque se développe en France dans les années 1820, pour atteindre son apogée dans les années 1970. En 2015, 71 % des chèques émis dans l'Union européenne sont français, selon la Banque de France, même si ce chiffre est en baisse depuis vingt ans. Selon Marc Espagnon, directeur des moyens de paiement chez BNP Paribas, « le chèque est de plus en plus concurrencé par la carte bancaire, le virement et le paiement avec un mobile, au point de ne plus représenter que 10 % des moyens de paiement. Il existe toujours car nos comportements mettent du temps à se modifier. Les entreprises continuent à l'utiliser, comme les particuliers, pour certains usages (achat onéreux, remboursement d'un proche, paiement d'un artisan, rendez-vous chez le médecin...) ». Toutefois, de plus en plus d'enseignes, comme Zara, le refusent.

    Autour de 2050.

    • L’annuaire papier

    Ces documents imprimés sont victimes de l'évolution des usages et de la digitalisation. Ils ne représentent plus que 15 % du chiffre d'affaires du groupe SoLocal, chargé de leur fabrication. « La loi Macron de juillet 2015 nous a autorisés à supprimer les PagesBlanches, qui étaient une obligation de service public, précise Edwige Druon, responsable communication chez SoLocal Group. Elles subsistent encore dans 69 départements, mais devraient progressivement disparaître. » Quant aux PagesJaunes, qui répertorient les adresses de professionnels, leur nombre est décroissant : « Leur pérennité dépendra des annonceurs qui financent leur fabrication », complète Edwige Druon. Dix millions d'exemplaires ont été distribués en 2018, surtout dans les zones rurales.

    D'ici quelques années.