Le suspect était «totalement obnubilé par son éviction» de l’EMLV. C’est ce qu’a indiqué la procureure de la République de Nanterre, Catherine Denis, jeudi 6 décembre, revenant sur le meurtre de John Dowling, professeur d’anglais du Pôle Léonard de Vinci, par un ancien élève de l’école. Selon Catherine Denis, le suspect en voulait également personnellement à sa victime.

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Le suspect reconnaît les faits

Selon Catherine Denis, le suspect de 37 ans, qui a été questionné par les enquêteurs de la police judiciaire des Hauts-de-Seine, est «très difficile à interroger». L’ancien étudiant du pôle d’enseignement supérieur privé Léonard-de-Vinci «reconnaît qu’il a tué son enseignant de plusieurs coups de couteau», a-t-elle dit.

Il en voulait à ce professeur d’anglais de 66 ans, de nationalité irlandaise, d’avoir «fait un dessin qu’il aurait diffusé en cours en 2016» et qu’il avait considéré comme «insultant pour le Prophète». Mais «rien ne permet d’accréditer» sa version car «personne ne se souvient d’un tel incident», a précisé la magistrate.

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L’homme, sans domicile fixe, n’est «connu d’aucun service de renseignement», n’a «aucun antécédent judiciaire et, «à ce stade, nous n’avons pas d’élément de radicalisation mais plutôt le sentiment d’avoir affaire à quelqu’un qui est très religieux, très pieux, très pratiquant», a précisé Catherine Denis.

Il ne cessait de revenir dans l’établissement

Entré en France avec un visa étudiant en 2016, le suspect de nationalité pakistanaise avait effectué sa première année d’étude en école de management sans la valider complètement, ce qui avait entraîné son renvoi. Depuis, selon la procureure, il ne cessait de revenir dans l’établissement pour contester cette décision, jusque-là «sans trouble à l’ordre public» toutefois, a-t-elle souligné.

Le jour des faits, les images filmées par une caméra de vidéosurveillance de la faculté montre le suspect discutant «calmement» avec la victime devant l’établissement avant qu’il ne l’attaque avec un couteau à viande dissimulé sur lui, le blessant mortellement.

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Au total, l’autopsie pratiquée dans la matinée a révélé 23 plaies dont cinq à la tête, trois au cou, six au thorax et plusieurs «lésions de défense» au bras. Appréhendé sur place par des témoins et le personnel de sécurité de l’école, l’homme a été placé en garde à vue mercredi pour»assassinat». Il avait en effet acheté son arme plus tôt dans la matinée dans un supermarché de Colombes, une commune toute proche.

Interrogée sur le profil psychologique du suspect, la procureure a indiqué qu’il n’était «pas délirant mais en décalage avec les faits». L’homme, qui ne parle que l’ourdou et l’anglais, était en situation irrégulière sur le sol français depuis septembre 2017, son visa étudiant ayant expiré.