Les doléances d'un village français

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Les doléances d'un village français

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Pochette des doléances des habitants de Les Molières, commune de l'Essonne
Pochette des doléances des habitants de Les Molières, commune de l'Essonne
© Radio France - Anne Fauquembergue

Reportage. "Les Molières", dans l'Essonne, fait partie des milliers de villages qui ont participé à l'action "mairies ouvertes" organisée par l'Association des maires ruraux de France pour recueillir des doléances de citoyens. Elles seront versées au "grand débat public" sur le malaise des "gilets jaunes".

L'opération " mairies ouvertes" a été lancée par l'Association des maires ruraux (AMRF) de France le samedi 8 décembre pour recueillir les besoins des "gilets jaunes" et des citoyens dans les territoires. Selon l'AMRF "plusieurs milliers de villages" se sont mobilisés en ouvrant des cahiers de doléances. La commune "Les Molières", dans l'Essonne, et ses 2 000 habitants y participent, après avoir déjà répondu aux " Etats généreux de la ruralité" en 2016 et 2017. Au 15 décembre, une cinquantaine d'entre eux avaient consigné dans une pochette leurs revendications sur la fiscalité, la transition écologique, la mobilité ou encore la représentativité des citoyens. L'opération est prolongée jusqu'au 15 janvier. 

le reportage d'Anne Fauquembergue à "Les Molières"

1 min

De nombreux habitants demandent la prise en considération du vote blanc

François Jacob est un retraité de la commune "Les Molières". Il y habite depuis plus de 30 ans et s'investit beaucoup depuis la fin de son activité professionnelle, notamment à travers la démarche " commune citoyenne" qui incite les habitants à former des comités locaux pour proposer des modes d'organisation plus démocratiques à l'échelle locale. Dans ce cadre, le retraité avait déjà émis huit propositions économiques, sociales et éducatives pour son territoire. Ces propositions avaient d'ailleurs fait l'objet en 2017 d'une votation citoyenne en parallèle du scrutin pour choisir le chef de l'Etat. Mais François Jacob ne s'était pas suffisamment senti entendu et il a donc décidé de reverser sa contribution aux cahiers de doléances dans sa ville. Avec surtout son idée de promouvoir le vote blanc. "A la dernière présidentielle, on aurait pu exprimer plus clairement par ce mécanisme la situation réelle", estime-t-il. Parmi ses réponses aux "gilets jaunes", on notera d'ailleurs qu'Emmanuel Macron a évoqué le vote blanc :

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François Jacob, retraité à "Les Molières" avec sa doléance
François Jacob, retraité à "Les Molières" avec sa doléance
© Radio France - Anne Fauquembergue

François Jacob : "Le vote blanc aurait permis à beaucoup de gens de dire, je ne suis pas d'accord avec l'offre politique"

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Un besoin de navettes et de pistes cyclables pour se rendre au RER 

Romain Lignieres est un autre participant à ce cahier de doléances. Il habite avec son amie dans la commune mais il est doctorant à Montpellier. Il explique ses difficultés lorsqu'il doit se rendre à la gare de Lyon, à Paris, pour rejoindre le sud de la France :

Comme l'habitante qui a écrit la doléance (à gauche), Romain Lignieres aimerait plus de possibilités pour se rendre à la gare RER, à 4 kms
Comme l'habitante qui a écrit la doléance (à gauche), Romain Lignieres aimerait plus de possibilités pour se rendre à la gare RER, à 4 kms
© AFP - Anne Fauquembergue

Romain Lignières : "Une piste cyclable vraiment adaptée pourrait être une solution pour rejoindre le RER"

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La difficulté est que nous n'avons pas de vrai réseau de bus. Le réseau n'est adapté qu'aux lycéens et collégiens. Entre 7h et 18h, nous n'avons aucun bus. L'avantage et l'inconvénient, c'est que nous ne sommes qu'à 3,5km du RER. C'est près et loin et nous n'avons aucun bus pour y aller, les Uber ne viennent pas jusqu'ici parce que nous sommes trop profond dans la campagne et sans voiture, cela fait loin.

L'Etat prolonge jusqu'au 15 janvier l'initiative des maires ruraux avant le "grand débat national" de la CNDP

Dans le Journal du dimanche, le 16 décembre, l'AMRF a lancé un appel pour demander aux Français de "se fédérer" afin de "reconstruire le pays"."Ce qui nous importe, c’est de rendre visibles les propos que vous tenez quotidiennement aux maires de France. Cette réalité, n’apparaît que trop peu dans l’esprit de ceux qui gouvernent. Elle est pourtant capitale pour notre pays dans un moment où le pacte social et territorial vacille." explique l'Association dans sa pétition. Cet appel est relayé par Yvan Lubraneski, le maire sans étiquette, ancien PS, du village de "Les Molières". Il se sait bien loti de part sa proximité de Paris mais il pousse les habitants de sa commune à s'exprimer. L'élu laissera sa mairie ouverte jusqu'à la prise en main du débat par la Commission Nationale du Débat Public (CNDP). 

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Le maire de "Les Molières" Yvan Lubraneski attend toutefois de savoir si la CNDP va prendre en compte les doléances déjà exprimées et comment les mairies seront associées par la suite. Mais plus globalement, il s"interroge sur la capacité de l'Etat à ne pas trahir la parole des citoyens qui s'exprimeront pendant deux mois du 15 janvier jusqu'au début du mois de mars. 

Très ouvert aux processus d'intelligence collective, le maire Yvan Lubraneski n'a pas hésité à ouvrir la mairie pour permettre aux habitants de s'exprimer
Très ouvert aux processus d'intelligence collective, le maire Yvan Lubraneski n'a pas hésité à ouvrir la mairie pour permettre aux habitants de s'exprimer
© Radio France - Anne Fauquembergue

Yvan Lubraneski : "la politique telle qu'on la fait en France au XXème siècle, pour les citoyens c'est fini"

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On a beaucoup de doléances qui tiennent à l'équité fiscale. On se rend compte que la pression fiscale est toujours sur les classes moyennes et moyennes supérieures et que, au niveau local, ils ne trouvent pas leur compte. Ils voient plutôt les services publics reculer, s'éloigner de chez eux, alors qu'ils contribuent au titre de leurs revenus autant qu'un urbain. Une autre chose revient aussi tout le temps, tout le temps, tout le temps, c'est que la politique comme on l'a faite au XXe siècle en France, pour les gens, c'est fini ! En dehors, du fait qu'ils ont été écœurés par le comportement de nombreuses personnalités politiques, ils ont envie d'être acteurs ou au moins d'être invités entre deux élections.

Pour classer les doléances de ses administrés, Yvan Lubraneski est aidé par Romain Freysse qui effectue à la mairie de "Les Molières" son service civique :

Romain Freysse en service civique accueille les citoyens et numérote les doléances afin de les classer dans un tableau informatique
Romain Freysse en service civique accueille les citoyens et numérote les doléances afin de les classer dans un tableau informatique
© AFP - Anne Fauquembergue

Romain Freysse : "Les gens étaient contents de faire cette démarche, il y en a qui sont restés une ou deux heures à la mairie"

53 sec

L'Association des Petites Villes (APVF) présidée par le député PS Christophe Bouillon est également mobilisée et a déjà reçu les doléances d'une centaine de communes. L'association surveille maintenant les thèmes du grand débat national en particulier l'accès aux services publics :

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Les jeunes en service civique en soutien des maires

Présidée par François Baroin (LR), l'Association des maires de France (AMF) entend contribuer à l'organisation du débat national à la suite du mouvement des "gilets jaunes", mais demande également à l'Etat d'ouvrir des négociations portant notamment sur les ressources des collectivités.  Après un mois de mobilisation des "gilets jaunes", l'AMF "entend l'appel lancé aux maires afin qu'ils contribuent à l'organisation du débat national", écrit-elle dans un communiqué. "S'ils seront acteurs du débat républicain ouvert à tous, organisé par l'Etat sur les territoires", "ils ne sauraient porter seuls une responsabilité qui n'est pas la leur", poursuit l'association.  L'AMF rappelle qu'elle a dénoncé de longue date des décisions "qui lui paraissaient porter atteinte à la cohésion territoriale et sociale". Telles la diminution des aides au logement (APL), des emplois aidés ou "le retrait des services de l'Etat de pans entiers du territoire".  

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Le Reportage de la rédaction
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