POLITIQUE - Journée test pour le pouvoir. Les gilets jaunes convergent ce samedi 15 décembre sur les Champs-Elysées et dans d'autres artères de la ville, encadrés par un dispositif sécuritaire d'ampleur, pour l'acte V d'une mobilisation nationale sous l'œil attentif du pouvoir qui espère un apaisement après les annonces d'Emmanuel Macron en faveur du pouvoir d'achat.
Selon les premiers chiffres et les images publiées sur les réseaux sociaux, les appels au calme -voire à ne pas manifester- ont semble-t-il fonctionné. À la mi-journée, la mobilisation parisienne s'établissait à un millier d'unités contre plus du double samedi 8 décembre selon les chiffres du ministère de l'Intérieur. Mais pour les gilets jaunes, le mouvement ne s'essouffle pas, il se "transforme."
Sur les pages Facebook consacrées au mouvement, de nombreux internautes s'insurgent d'ailleurs du traitement réservé à certains manifestants aux abords de la capitale. Selon eux, nombre d'entre eux sont bloqués sur des péages ou aux portes de Paris. De quoi dénoncer une manoeuvre du pouvoir qui chercherait à réduire le nombre de gilets jaunes dans les rues de la capitale et ainsi porter un coup à la crédibilité du mouvement.
"ON EST ENTRAIN DE SE FAIRE BAISER (sic)"
"Véhicule fouillé, arrêt complet sur la route. Tout le monde est bloqué à l'entrée de Paris", témoigne par exemple une gilet jaune sur une des pages principales du mouvement. Une expérience qui fait écho à de nombreuses autres publiées au sein de ces communautés virtuelles. "La police nous a gazè au péage de Coutevroult venant de Reims Il laissent passer personne (sic)", commente un autre.
Si les vidéos de la mobilisation pacifique dans les régions fleurissent sur ces espaces, ce sont les messages agacés contre l'action des forces de l'ordre qui recueillent le plus d'interactions depuis le début de la matinée comme vous pouvez le voir ci-dessous. Une façon aussi de taper sur le président de la République et sa "dictature" qui empêche les citoyens de circuler librement.
Beaucoup estiment que le blocage de leurs compagnons aux portes de Paris ou sur des péages proches de la capitale sert a discréditer ou empêcher leurs actions. "Pour faire croire au peuple que le mouvement est mort!", estime par exemple un internaute nommé "Manu Manu Gomez" sur la page "la France en colère!!!" tenue par un des porte-parole officieux du mouvement, Éric Drouet.
D'autres se montrent un peu plus virulents à l'égard du pouvoir. "LES GARS ON EST ENTRAIN DE SE FAIRE BAISER ILS VONT FAIRE CROIRE AUJOURD'HUI HUI QUE LE MOUVEMENT S ESSOUFFLE CAR ILS ONT BLOQUE DES BUS QUI MONTENT SUR PARIS (sic)" cingle un gilet jaune visiblement énervé par la situation.
Appels à transformer le mouvement
Selon plusieurs vidéos postées sur les réseaux sociaux, des gilets jaunes sont également filtrés et bloqués dans les rues de la capitale. Sur les images, on peut voir des CRS interdire l'accès à certaines rues, provoquant la dispersion des manifestants. Des opérations qui auraient pour conséquence de clairsemer les rangs et ainsi provoquer un essoufflement de la mobilisation.
Face à cette situation, les divisions stratégiques resurgissent. Le potentiel flop de la mobilisation parisienne attise, qui plus est, ces dissensions. Les messages contre ceux qui veulent se rendre coûte que coûte à Paris redoublent en effet d'intensité en ce samedi. Si certains privilégient le dialogue, comme vous pouvez le voir ci-dessous, d'autres critiquent le choix stratégique de leurs camarades de lutte.
Le salut du mouvement viendra-t-il des régions? Si la mobilisation des gilets jaunes se poursuivait sur l'ensemble du territoire, elle était en recul dans toute la France avec 33.500 manifestants recensés dans le pays en début d'après-midi, selon l'Intérieur, contre 77.000 samedi dernier à la même heure. Au-delà de Paris, les rassemblements des gilets jaunes ont connu une singulière décrue en province où l'on comptait à la mi-journée jusqu'à dix fois moins de participants que lors du précédent.
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