Le rapport mondial de la Plate-forme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) alerte sur la disparition accélérée de la vie sauvage, sur la Terre comme au fond des océans, qui menace l’humanité.
Les Décodeurs vous proposent une série d’idées reçues sur le réchauffement climatique et leur réponse en un clic.
Comment cet article fonctionne
Chaque carte porte à son recto une affirmation volontairement un peu simpliste que chacun a pu entendre, penser ou prononcer en évoquant le sujet du réchauffement climatique.
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Les différentes cartes apparaîtront au fur et à mesure. Mais si vous le souhaitez, vous pouvez toutes les afficher en .
« Le réchauffement climatique, quand on voit l'hiver qu'on a eu… »
« Le réchauffement climatique, quand on voit l'hiver qu'on a eu… »
Pas si simple
On entend cette remarque à peu près chaque hiver, y compris dans la bouche de dirigeants comme Donald Trump. Mais des températures en dessous de la normale ne permettent pas d’invalider le réchauffement climatique, tout comme des étés particulièrement chauds ne le corroborent pas. Pourquoi ? Parce qu’il ne faut pas confondre météo et climat. Sur quelques jours, mois ou années, la météo peut varier de façon importante : les températures, précipitations et autres indicateurs peuvent connaître des hauts et des bas marqués. Le climat change, lui aussi, mais sur des périodes beaucoup plus longues. Si longues, qu’elles sont habituellement imperceptibles à l'échelle d'un humain, lequel ne vit que soixante et onze ans en moyenne. De la même façon qu’il est scientifiquement douteux de relativiser le réchauffement climatique qui se produit sur du long terme avec une vague de froid de quelques jours, il est donc difficile, voire impossible, d’attribuer un seul événement météorologique extrême au réchauffement du climat. Il est en revanche possible de dire qu’une série d’événements météorologiques est rendue plus probable par le réchauffement climatique. En clair, les épisodes de froid intense ne vont pas disparaître, ils continueront d’apparaître de façon régulière. Simplement, le réchauffement climatique les rend plus rares.
« Le réchauffement est lié au soleil »
« Le réchauffement est lié au soleil »
Pas si simple
Le Soleil étant l’origine principale de l’énergie reçue par la Terre, il a une influence certaine sur son climat. Il est donc tentant de lui attribuer l’origine du réchauffement climatique. Pourtant, on constate que l’énergie solaire reçue est stable, voire a même légèrement baissé ces 35 dernières années, alors que les températures n’ont fait qu’augmenter. Par ailleurs, l’utilisation humaine des terres a augmenté la part de lumière que la Terre renvoie dans l’espace. Or, plus cette part est importante, moins la surface de la Terre absorbe la chaleur du Soleil. Ci-dessous, comparez la hausse des températures moyennes sur l'ensemble de la planète (en noir) et l'énergie solaire moyenne reçue convertie en température (en jaune).
« Les hommes ne sont pas les seuls responsables »
« Les hommes ne sont pas les seuls responsables »
Non, mais ils sont les principaux
Il est tout à fait juste que des quantités considérables de CO2 sont émises chaque année en dehors de toute activité humaine. Il est également exact que les océans, les mers ou les forêts, par exemple, en absorbent une partie. Cependant, il est indéniable que la part humaine des émissions de dioxyde de carbone a explosé au cours des dernières décennies (en rouge et orange dans le graphique ci-dessous, contre l'activité solaire en jaune, volcanique en vert et les aérosols en bleu). Or, les gaz à effet de serre ont le pouvoir d’absorber les rayons infrarouges renvoyés par la surface terrestre, piégeant la chaleur reçue du Soleil. Ils sont le principal facteur du réchauffement rapide du climat de notre planète.
Lire : Comment l’homme bouscule l’équilibre du climat sur la Terre
« C'est trop tard, on ne peut plus rien faire »
« C'est trop tard, on ne peut plus rien faire »
C'est un peu pessimiste...
La reprise à la hausse des émissions de gaz à effet de serre (GES) mondiales (+ 2 % en 2017) n’incite en effet pas à l’optimisme. Mais des scenarios de sortie de crise existent. La priorité des priorités : laisser enfouies dans le sous-sol les ressources fossiles, qui sont les fossoyeurs du climat et les remplacer par des énergies alternatives, tout en diminuant la consommation. A eux trois, le charbon, le pétrole et le gaz naturel sont à l’origine de 85 % des émissions humaines de CO2, soit plus des deux tiers du total des rejets de gaz à effet de serre. L’agriculture raisonnée, de nouveaux modes de consommation et de déplacement offrent autant de solutions complémentaires. Reste que la mise en œuvre de telles solutions dépend des pouvoirs politiques et de la pression qu’exerceraient les citoyens.
Lire : Le 100 % d’électricité renouvelable, un objectif ambitieux mais réalisable
« Ma viande rouge et le réchauffement de la planète, je vois pas bien le rapport... »
« Ma viande rouge et le réchauffement de la planète, je vois pas bien le rapport... »
Pourtant, il y en a un !
Selon un rapport récent, si la croissance du secteur de la viande et des produits laitiers se poursuit au rythme actuellement prévu par les géants du secteur, ce dernier pourrait représenter d’ici à 2050 plus de 80 % du « budget » annuel d’émissions de gaz à effet de serre compatible avec l’objectif de l’Accord de Paris pour le climat. En cause : la production et le transport des aliments des animaux, leur fermentation gastrique, l'utilisation du lisier, l'abattage des animaux et le stockage des produits… Les cinq groupes les plus importants de viande et produits laitiers émettent déjà plus de gaz à effet de serre qu’ExxonMobil, Shell ou BP. L'agneau et le bœuf sont les viandes les plus émettrices. Le porc et le poulet, bien que viandes moins émettrices, posent d’autres problèmes à l’environnement, dus aux élevages industriels, notamment en termes de pollution des eaux.
Lire : Pourquoi la viande est-elle si nocive pour la planète ?
« Pourquoi m’empêcher de rouler alors que les entreprises sont les 1ers pollueurs ? »
« Pourquoi m’empêcher de rouler alors que les entreprises sont les 1ers pollueurs ? »
Il y a une raison à cela
Si l'industrie émet le plus de particules fines – ces poussières en suspension dans l'air qui provoquent des maladies respiratoires et vasculaires – à l'échelle française, le trafic routier est, lui, le premier responsable de la pollution dans les agglomérations. A l’échelle des villes, la part du trafic routier représente 25 % des émissions, juste derrière le chauffage du secteur résidentiel (27 %) et devant les chantiers et carrières (20 %) et l'agriculture (14 %). En Ile-de-France, plus d’un tiers des habitants résident à moins de 200 mètres d'un axe routier important, sur lequel transitent 15 000 véhicules par jour.
Lire : Quelle est la responsabilité de la voiture dans la pollution de l'air ?
« Il y a toujours eu des pics de température importants dans l’histoire de l’humanité »
« Il y a toujours eu des pics de température importants dans l’histoire de l’humanité »
Certes…
Le problème, c’est la vitesse et l’ampleur du réchauffement en cours, et la difficulté pour les écosystèmes de s'adapter à ce changement si rapide. Selon le dernier rapport du GIEC, le réchauffement climatique était d’environ 0,87 °C sur la période 2006-2015 par rapport à la moyenne des années 1850-1900. Sauf sursaut mondial majeur, le seuil de 1,5 °C sera franchi entre 2030 et 2052, et la surchauffe pourrait être de l’ordre de 5,5 °C à la fin du siècle. Une étude publiée dans la revue Science en 2013 concluait qu’après s’être rafraîchi pendant les 5 000 dernières années, le climat terrestre a rapidement augmenté depuis les années 1800. Il atteindrait désormais des niveaux supérieurs à ceux estimés au cours de 90 % des 10 000 dernières années. C’est notamment cette observation qui amène les spécialistes à estimer le changement climatique récent comme une irrégularité.
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