C’est une des mégalopoles les plus peuplées d’Asie et elle s’enfonce par endroit de 25 centimètres par an. Avec ses 13 millions d’habitants, Téhéran la capitale iranienne et sa périphérie font partie des cités qui subissent ce que les géophysiciens appellent une subsidence, un lent affaissement de la croûte terrestre. Cela peut être sous l’effet d’un excès de charge ou la conséquence d’une exploitation du sous-sol… ou encore les deux.
Les satellites à l'affût
À l’origine de ce résultat publié dans le Journal Remote sensing environnement et repris par Nature, les travaux de deux chercheurs du Centre allemand de recherche en géosciences à Potsdam (Allemagne), Mehdi Motagh and Mahmud Haghshenas Haghighi. Ces spécialistes ont exploité les données recueillies entre 2003 et 2017 de quatre satellites : l’européen Envisat, le japonais Alos, le franco-allemand TerraSar-X et l’européen sentinel-1. Tous sont équipés d’un In SAR - l’interféromètre radar à synthèse d’ouverture, un instrument capable de repérer la moindre variation topologique, glissement de terrain soulèvement ou affaissement. Les quartiers ouest du « grand Téhéran », avec ses zones périurbaines et ses étendues agricoles s’enfoncent de 25 cm/an. De même la plaine de Varamin, au sud est de la ville. Tandis que la zone aéroportuaire à 70 km au sud ouest s’affaisse de 5cm/an. Ces mouvements ne manquent pas de créer des fissures de plusieurs kilomètres de long et de quelques mètres de profondeur dans les régions sud est, endommageant l’infrastructure ferrovière.
Agriculture et population
Les auteurs pointent avant tout l’exploitation des nappes phréatiques. Ces eaux souterraines sont largement exploitées pour les besoins en irrigation de l’agriculture : en effet les chercheurs estiment qu’entre 1984 et 2011 le niveau de la nappe phréatique a baissé de 12 mètres. Parallèlement, la population de la ville a doublé au cours des 40 dernières années.
Reste que ce problème de subsidence n’est pas propre à la capitale iranienne, loin de là. À force d’extraire les richesses du sous-sol en eau, gaz ou pétrole pour une population toujours en augmentation, de nombreuses villes subissent un affaissement : certaines régions de Jakarta s’enfoncent de 20 centimètres et la vallée de San Joaquin en Californie avec une forte densité de population (San Francisco, San Jose, Sacremento) et une agriculture intensive… s’affaisse de 60 cm/an !