La colonie de 1,5 million de manchots Adélie découverte récemment en Antarctique grâce à des images satellites est en moins bonne santé que prévue, ont dévoilé mardi des biologistes américains.

Elle est aussi beaucoup plus vieille que ce que l'on pensait, s'étant établie sur les îles Dangers de l'Antarctique au moment de la fondation de Rome, près de 800 ans avant Jésus-Christ.

« La colonie dont nous avons dévoilé l'existence en mars dernier est finalement en moins bonne santé que nous le pensions », a dit Heather Lynch, de l'Université Stony Brook, lors d'une conférence de presse à l'assemblée annuelle de l'Union géophysique américaine (AGU) à Washington. « Sa taille décline depuis 20 ans. Elle a perdu environ 10% à 20% de ses manchots. Ce n'est pas catastrophique, mais il faut comprendre pourquoi. »

Des images satellites couvrant 60 ans ont été utilisées, détectant la présence de manchots grâce à la couleur de leurs défécations.

L'annonce de mars dernier découlait d'un dénombrement sur place, notamment avec des drones, dans ces îles voisines de l'Amérique du Sud et difficiles d'accès - elles ne voient en moyenne qu'un navire par an. « Nous avions fait en 2014, pendant dix mois, une analyse visuelle d'images satellites pour voir s'il y avait des colonies inconnues de manchots Adélie. Mais nous n'avions pas regardé attentivement les îles Dangers, parce qu'une expédition en 2000 n'y avait trouvé des manchots que dans l'île Héroïne, l'une des neuf de l'archipel », a affirmé Mme Lynch.

Le recensement de 2000 ne totalisait que 200 000 à 300 000 manchots Adélie dans Héroïne, beaucoup moins que dans le reste de la péninsule de l'Antarctique Ouest.

Les chercheurs mardi ont aussi dévoilé que les manchots Adélie des Dangers se nourrissent surtout de petites crevettes et qu'ils y habitent depuis 2800 ans - une datation obtenue en mesurant l'épaisseur d'excréments. Leur proie de prédilection a été identifiée grâce à la couleur des défécations - les manchots se nourrissant surtout de poisson ont des selles moins roses.

« Ça veut dire qu'il est important d'interdire dans la région la pêche aux crevettes, qui sont capturées pour être transformées en huile ou en nourriture d'élevage », a dit Casey Youngflesh, de l'Université du Connecticut.