RECHAUFFEMENT CLIMATIQUELa neige de culture, le futur des stations de ski

Montagne: Les stations de ski pourraient limiter la casse jusqu'en 2050 grâce à la neige de culture

RECHAUFFEMENT CLIMATIQUEUne étude scientifique montre qu’en investissant de façon accrue dans la production de neige artificielle, les 23 stations iséroises pourraient maintenir jusqu’en 2050 le même niveau d’enneigement qu’aujourd’hui…
Une étude montre que les investissements envisagés par les stations de l'Isère dans le neige de culture leur permettront de
Une étude montre que les investissements envisagés par les stations de l'Isère dans le neige de culture leur permettront de  - P. Desmazes/ AFP
Caroline Girardon

Caroline Girardon

L'essentiel

  • Le manque d’enneigement naturel, constaté ces dernières années, ne fait que renforcer la perspective de la disparition des stations de ski de basse et moyenne altitudes.
  • Une étude préconise l’utilisation de la neige artificielle – qui couvre actuellement 27 % de la surface des domaines de l’Isère –, cela permettrait « maintenir un niveau d’enneigement similaire à celui d’aujourd’hui ».

Les stations de ski de moyenne et basse altitude sont-elles vouées à disparaître dans les années à venir à cause de l’accélération du réchauffement climatique ? Le manque d’enneigement naturel, constaté ces dernières années, ne fait que renforcer cette perspective. Et continue d’alimenter les débats.

Une étude scientifique, commandée par le département de l’Isère et menée par le centre d’études de la neige de Météo France et l’Irstea, montre toutefois qu’en ayant recours de façon bien plus importante aux canons à neige, les 23 stations iséroises pourraient jusqu’en 2050 « maintenir un niveau d’enneigement similaire à celui d’aujourd’hui ». Et limiter ainsi l’impact du réchauffement climatique.

42 % de neige de culture en 2025

Quarante-sept millions d’euros de travaux ont été planifiés pour les sept prochaines années à venir afin que les stations se dotent des équipements nécessaires. Actuellement, 27 % de la surface des domaines de l’Isère est couverte par la neige de culture. Un chiffre qui devrait passer à 42 % en 2025.

« La baisse de l’enneigement naturel va se poursuivre dans les prochaines années. Les conditions météorologiques resteront variables d’une saison à l’autre. Mais nous avons une certitude : il y aura encore des années difficiles dans le futur. C’est indéniable », prédit Samuel Morin, directeur du centre d’études de la neige. La cadence devrait même s’accélérer. Les hivers « peu enneigés » sont appelés à se répéter plus fréquemment et pourraient survenir une année sur trois à moyen terme. Malgré tout, les réserves en eau sont et resteront suffisantes en montagne pour produire de la neige de culture, d’après le volet « ressource en eau » de l’étude, mené par Naturascop.

L’impact financier

Ce recours permettrait à certaines stations de limiter la casse en quelque sorte. « Cela atténuera simplement les effets négatifs quand les conditions d’enneigement ne seront pas bonnes. Mais cela n’améliorera pas les conditions de neige », précise Samuel Morin. Mais sans ces investissements, l’impact serait bien plus conséquent. Lors des pires saisons, la skiabilité moyenne tomberait à 29 % dans les années 2050, contre 57 % actuellement.

Reste à savoir si certains domaines auront les reins suffisamment solides pour supporter financièrement de tels investissements. D’après le volet économique de l’étude, mené par KPMG, « les petites et moyennes stations, qui s’équipent, auront à réinvestir 50 % de leur chiffre d’affaires sur les cinq prochaines années », poursuit Samuel Morin. Ce qui inquiète Olivier Bertrand, conseiller départemental écologiste.

« Le département dit que les stations sont tranquilles jusqu’en 2050 mais il faut analyser d’autres éléments comme la chute de la fréquentation des stations par les moins de 20 ans. Ou le fait que cet automne, le préfet a pris pour la première fois un arrêté pour interdire le stockage de l’eau dans les retenus collinaires. Un automne trop sec comme cette année, induit qu’on ne peut pas produire ou stocker de la neige artificielle. La question est de savoir s’il n’y a pas d’autres priorités pour les stations que d’investir dans les canons à neige », s’interroge l’élu. Et de conclure : « Ne vaudrait-il pas mieux les encourager à se diversifier et à investir dans d’autres activités que le ski de piste ? »

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