EMPLOIDes réfugiés formés et embauchés dans des secteurs qui peinent à recruter

Nantes: Des réfugiés formés et embauchés dans des secteurs qui peinent à recruter

EMPLOIDans la région nantaise, où la pénurie de main d'oeuvre est importante, des entreprises font appel à des migrants, via le programme Hope...
Des migrants ont signé un contrat avec Synergie Saint-Herblain
Des migrants ont signé un contrat avec Synergie Saint-Herblain - J. Urbach/ 20 Minutes
Julie Urbach

Julie Urbach

L'essentiel

  • Mardi, une dizaine de migrants ont signé un contrat avec l'agence d'intérim Synergie de Saint-Herblain
  • Ils vont continuer leur formation dans les métiers du bâtiment afin de pallier un besoin important de recrutement des entreprises du secteur

Il y a trois mois, il ne connaissait pas les mots « bardage », « béton » ou « truelle ». Aujourd’hui, il sait les prononcer mais aussi s’en servir. Hytham, 29 ans, fait partie des dix nouveaux réfugiés qui participent au programme Hope (hébergement orientation parcours vers l’emploi) dans la région nantaise.

Ce mardi, le jeune Soudanais a signé un contrat avec l’agence d’intérim Synergie Saint-Herblain pour continuer sa formation professionnelle en coffreur bancheur, dans le bâtiment, à l’issue de laquelle lui sera proposé une mission, voire un CDD ou un CDI.

Un dispositif « gagnant-gagnant »

Alors que les besoins en recrutement se font de plus en plus forts dans les Pays de la Loire (qui affiche le taux de chômage le plus faible de France, 7,8 %), ce programme étatique se développe à vitesse grand V. En un an, dans la région, une centaine de migrants y sont engagés, avec un taux d’emploi de 90 %.

« D’un côté, les entreprises dans certains secteurs ne trouvent pas de candidats. De l’autre, il fallait faire quelque chose pour l’insertion des réfugiés, détaille Jamal Ouggourni, chargé de mission au Fonds d’assurance formation du travail temporaire, qui parle d’un dispositif « gagnant-gagnant ».

Métiers en tension

Pour pouvoir y prétendre, les migrants doivent avoir le statut de réfugié et une certaine maîtrise de la langue. Ils suivent 400 heures de formation à l’AFPA, dont deux semaines de stage en entreprise. En parallèle, ils bénéficient d’un logement, de 200 heures de cours de français et d’un accompagnement social et administratif, avant de compléter leur formation (payée au SMIC) dans des entreprises partenaires, via des agences d’intérim. Évidemment, seuls certains secteurs, les plus en tension, sont concernés.

Plusieurs groupes ont ainsi été lancés pour les métiers du bâtiment, mais aussi pour ceux de l’industrie à Saint-Nazaire. Des agents d’entretien sont également en cours de formation à Saint-Herblain. Le programme est aussi bien lancé en Vendée. Une « bouffée d’oxygène » pour les agences d’intérim. « Trouver des candidats devient très difficile, tant ces métiers ont une mauvaise image chez les jeunes et n’attirent plus, témoigne Michael Augereau, directeur responsable de l’agence intérim Synergie à Saint-Herblain. Aujourd’hui, les premiers retours sont très bons. Nos entreprises sont prêtes à renouveler l’expérience. »

« Ce premier stage m’a plu »

Le responsable poursuit : « Les réfugiés sont très impliqués et ont un savoir-être exemplaire. Ils ont envie de s’en sortir et sont motivés, nous disent unanimement les chefs d’entreprise. » Abdallah, 30 ans, est lui aussi emballé. « Je ne connaissais pas le bâtiment mais ça m’intéresse beaucoup, assure celui qui est arrivé à Nantes en 2016. Le premier stage m’a plu, j’ai bien aimé l’ambiance sur le chantier. J’espère que je pourrais continuer dans cette voie. »

Hytham, lui, souhaiterait d’ici quelques années enchaîner sur une autre formation, dans l’électricité, un domaine qui l’intéresse davantage. « Cette première expérience va beaucoup m’aider, et j’ai bien progressé en français, estime-t-il. En attendant, je n’ai pas le choix mais ça se passe très bien. Même si au début, certains mots étaient vraiment difficiles à comprendre. »

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