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Biodiversité

L'écosystème de l'Antarctique menacé par un petit moucheron introduit par l'homme

Des chercheurs britanniques ont étudié de près l'espèce Eretmoptera murphyi, un insecte qui pourrait bouleverser la biodiversité de l'Antarctique "à tous les niveaux".

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moucheron adulte présent en Antarctique

Eretmoptera murphyi a été introduite en Antarctique probablement dans les années 60.

© Roger Key

L'Antarctique n'est pas épargnée par les bourdes humaines, loin de là. Et une petite erreur peut avoir de très lourdes conséquences dans cet environnement hostile. C'est ce qu'ont constaté des chercheurs de l'Université de Birmingham et de la British Antarctic Survey. Lors de la conférence annuelle de la British Ecological Society (BES) qui s'est déroulée du 16 au 19 décembre 2018 en Angleterre, ces biologistes ont présenté les résultats préliminaires de leurs investigations dans le continent austral portant sur l'introduction d'une espèce de moucheron, Eretmoptera murphyi. Sa présence pourrait bouleverser l'écosystème du lieu.

Le nombre de moucherons a explosé sur l'île Signy

L'espèce Eretmoptera murphyi est naturellement présente en Géorgie du Sud, une île située dans l'océan Atlantique (voir carte ci-dessous). Par la suite, elle a été introduite sur l'île Signy située en Antarctique, probablement transportée involontairement avec des plantes dans les années 60. Elle pullule désormais dans plusieurs zones de l'île. "Elle a été en mesure de s'établir avec succès, conduisant à ce que sa biomasse soit environ 2 à 5 fois supérieure à celle de tous les autres arthropodes endémiques réunis dans les sites où on la retrouve", note la BES dans un communiqué. Pour les chercheurs, il s'agit là d'un succès potentiellement très problématique pour l'écosystème terrestre local. Ils ont donc tenu à en savoir plus sur cette espèce, finalement capable de résister au froid polaire.

Crédit : Google Earth

"Cet insecte joue le rôle d'un ver de terre mais dans un écosystème qui n'en a jamais eu"

Les chercheurs ont procédé à différentes analyses dans l'eau et dans le sol et ils ont comparé les données à celles obtenues dans des zones où ces moucherons ne sont pas présents. Selon les résultats présentés le 16 décembre 2018 lors de cette conférence qui rassemble pas moins de 1.200 chercheurs de 40 nationalités différentes, ces insectes sont capables de libérer une quantité colossale d'azote notamment grâce à leur action de décomposeurs. Il y en a 3 à 4 fois plus dans les zones où Eretmoptera murphyi est présente que dans les zones où elle n'est pas. "En tant qu'animal qui se nourrit de matières organiques mortes, et avec aucun 'compétiteur' ou prédateur sur l'île. E. murphyi est capable de relâcher une grande quantité de nutriments dans le sol qui à leur tour peuvent affecter la décomposition de la tourbe et la structure même du sol ce qui a un impact majeur à tous les niveaux de la biodiversité", poursuit le communiqué. "Concrètement, cet insecte joue le rôle d'un ver de terre mais dans un écosystème qui n'en a jamais eu", a expliqué la chercheuse Jesamine Bartlett lors de la conférence. "Les visiteurs de l'Antarctique sont sujets à des mesures de biosécurité de plus en plus strictes mais des introductions accidentelles continuent de se produire", se désole de son côté le professeur Peter Convey de la British Antarctic Survey.

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