C'est l'histoire d'un quadragénaire sans domicile fixe, qui vit à Paris depuis deux ans, et qui va bientôt devenir patron de foodtruck. Un projet né il y a un an avec ses compagnons de vie, patiemment monté, avec un coup de main de plusieurs habitants du quartier où il fait la manche.
Vous ne pouvez pas le manquer, sur sa chaise, par tous les temps quasiment, au coin du boulevard Haussmann et de la rue du Havre. Un gentil gaillard, paletot qui a vécu, casquette de gentleman farmer, courte barbe. Il ne se sépare jamais de son précieux carnet, remplis de numéros de téléphone. Il connait presque tout le quartier.
Je connais beaucoup de monde
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La vie accidentée d'Emmanuel se lit sur son visage. Cuisinier, matelot, peut être cuisinier dans la marine d'ailleurs... Il ne s'étend pas sur son passé, parce que c'est le présent et l'avenir de ses compagnons de squat qui l'intéressent. Le projet de foodtruck est né il y a un an, justement dans la tête de l'un de ses amis : « Pas pour moi, pour eux, pour qu'ils aient une retraite, un avenir. Ils sont jeunes. Si on se démerde bien, on arrive toujours à s'en sortir. »
Ce projet, il en a parlé à quelques unes de ses connaissances du quartier, dont une dessinatrice qui a conçu son logo, une autre voisine qui l'a accompagné dans les démarches administratives. Et dont Henri de Beauregard, avocat, qui lui amène régulièrement le café le matin. « Il ne m'a pas demandé tout de suite de l'aider en fait. Il m'a dit qu'il avait un projet. J'étais un peu dubitatif au départ. Quand il a eu besoin de faire des photocopies de documents, sa carte d'identité était en 4 morceaux, il a demandé assez naturellement. » Tous les matins, Emmanuel raconte à Henri de Beauregard que le projet avance, qu'il suit par exemple une formation en comptabilité, qu'il est accompagné par la chambre de métiers. Et il y a deux jours, il a présenté le flyer promotionnel de son foodtruck.
Pas millionnaires la première année
Emmanuel et ses acolytes sont conscients qu'ils ne deviendront pas riches, mais ils vont gagner leur croûte. Cette entreprise est auto financée malgré tout, grâce à des petits boulots, aux amis, et une grande part de débrouille. Les associés vont d'abord proposer des pizzas, à moins de 10 euros, notamment pour les étudiant du campus de Nanterre Université. Le camion se retrouvera aussi Asnières Pontoise, Viroflay, Antony, Becon les Bruyères. Il ouvre le 6 janvier prochain. Clin d’œil ultime ! le camion est baptisé FDS... SDF à l'envers..
« Des Emmanuels il y en a plein dans Paris" dit Henri de Beauregard. "Si la moitié des gens qui disent sur les réseaux sociaux que cette aventure est super, s'occupaient des SDF en bas de chez eux, ce serait formidable. Car, tous ces Emmanuels ont envie de vivre mieux. »
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