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Elections européennes : Ségolène Royal se propose d’être n° 2 sur une liste EELV

L’ex-candidate à la présidentielle donne un mois à Yannick Jadot pour répondre à sa proposition de liste d’union.

Par  (avec Abel Mestre)

Publié le 19 décembre 2018 à 20h56, modifié le 20 décembre 2018 à 09h37

Temps de Lecture 4 min.

Un nouveau coup de poker en vue des élections européennes. Alors que, pour l’heure, la gauche part éclatée comme jamais au scrutin de mai 2019, Ségolène Royal suggère aujourd’hui non pas de prendre la tête d’une liste, comme cela est évoqué depuis des semaines, mais d’être numéro deux sur une liste d’union qui serait conduite par l’écologiste Yannick Jadot.

L’ancienne candidate socialiste à la présidentielle de 2007 a évoqué cette possibilité, mercredi 19 décembre, au cours d’un petit-déjeuner organisé au Sénat, en présence d’une trentaine de cadres et d’élus issus du PS et d’autres formations de gauche. Une surprise pour beaucoup de participants : « Cela en a étonné plus d’un ! », s’est amusé un des présents.

« Cela fait un mois que [Ségolène Royal] essaie de joindre Yannick Jadot et qu’il ne répond pas. Il n’y a aucun contact entre EELV et le PS. »

« Je ne peux imaginer de m’investir dans les élections européennes que s’il y a un rassemblement », explique Mme Royal au Monde. Or, « l’enjeu crucial, la priorité, c’est l’alliance avec Europe Ecologie-Les Verts [EELV] ».

Le hic, c’est que le parti écologiste s’est montré jusqu’ici fermé à toute alliance avec des partenaires de gauche. Et l’entourage de M. Jadot affirme que cette stratégie n’a pas changé : « Cela fait un mois que [Ségolène Royal] essaie de joindre Yannick Jadot et qu’il ne répond pas. Il n’y a aucun contact entre EELV et le PS. »

L’ancienne ministre de l’écologie ne veut pas entrer dans un autre schéma qui pourrait se dessiner, avec une liste EELV d’un côté et un hypothétique rassemblement du reste de la gauche de l’autre. « Je ne suis pas à l’aise dans une alliance PS-Parti communiste-Génération·s [le mouvement de Benoît Hamon], ça ne m’intéresse pas », souligne-t-elle.

Un tel attelage paraît de toute façon illusoire, le PCF ayant fermé, en début de semaine, la porte à la constitution d’une liste commune. Mme Royal donne maintenant un mois à EELV pour répondre à sa proposition : « Il faut que, vers le 20 janvier, les choses soient bien mûries », estime-t-elle.

« Il faut être à la hauteur de l’époque »

Le député socialiste du Val-de-Marne Luc Carvounas, qui milite depuis des mois pour une « gauche arc-en-ciel », se dit « bluffé » par l’initiative de Ségolène Royal. « Elle a expliqué que, puisqu’on fait le même diagnostic qu’EELV », en particulier sur le caractère primordial qu’il faut accorder à la transition énergétique, « on ne pouvait pas partir séparément ». « EELV est moteur dans les sondages, dont acte », ajoute celui qui avait lui-même suggéré, dès septembre, de se ranger derrière M. Jadot. Par conséquent, le plan de l’ancienne ministre de l’écologie convient « parfaitement » à l’élu socialiste. Mais la balle est maintenant dans le camp du parti écologiste. « Nous ne serons pas les comptables de la désunion », prévient Luc Carvounas.

« Ça sert à quoi d’avoir plusieurs listes qui vont faire entre 1 et 10 % et dont le résultat va causer un choc chez les électeurs de gauche ? »

Une ligne sur laquelle se trouve également le patron des socialistes, Olivier Faure, qui a lancé, samedi, un appel à l’union des gauches pour les élections européennes. « Il faut être à la hauteur de l’époque. Ça sert à quoi d’avoir plusieurs listes qui vont faire entre 1 % et 10 % et dont le résultat va causer un choc chez les électeurs de gauche ? », demande-t-il. L’union pourrait-elle se faire derrière Yannick Jadot ? « Je suis pour le rassemblement et je veux continuer à parler avec les uns et les autres », élude le premier secrétaire du PS. En tout cas, le lien avec Ségolène Royal est continu : « On se parle tous les deux jours », explique M. Faure.

Dans le même temps, poursuivant son ambition de rassembler la gauche dispersée au sein d’une maison commune, le mouvement Place publique – lancé par l’essayiste Raphaël Glucksmann et des personnalités de la société civile – a invité plusieurs formations à une « réunion de travail », jeudi 20 décembre. Olivier Faure s’y rendra, tandis que le PCF et Génération.s devraient également y être représentés. Egalement invités, EELV et La France insoumise ont décliné.

Les initiateurs de Place publique, dont Raphaël Glucksmann, Claire Nouvian et Thomas Porcher, ont expliqué mercredi matin à la presse que l’objectif était de dépasser « les rivalités d’ego » et d’« engager le dialogue ». M. Glucksmann a jugé « lunaire » que la gauche « qui, au total, est à 25 % dans les sondages ne [soit] pas foutue de se rassembler autour d’une table juste pour voir si elle peut discuter du fond ».

Mais, devant les réticences des écologistes et du PCF, l’initiative de Place publique pourrait être bien difficile à concrétiser. « Ségolène Royal estime que l’aventure Glucksmann est terminée, alors elle reprend du poil de la bête », commente un fin connaisseur du PS. Sa proposition d’être numéro deux sur une liste écologiste vise, selon cette source, « à démonter Yannick Jadot et à montrer qu’il n’est pas unitaire ». La candidature de Mme Royal est « plus écologiste que socialiste » et M. Jadot « vient perturber son espace », analyse le même. Après la trêve observée au moment de la crise des « gilets jaunes », les grandes manœuvres ont bel et bien repris à gauche.

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