Après la décision de M. Trump, la France reste « pour le moment » militairement engagée contre l’EI en Syrie

Pour Paris, le combat contre l’État islamique [EI ou Daesh], qui a préparé et revendiqué plusieurs attentats en France, n’est pas encore terminé, même si l’organisation jihadiste a perdu le contrôle des territoires sur lesquels elle avait proclamé son « califat » en juillet 2014. Et il reste « l’absolue priorité », en encore répété Jean-Yves Le Drian, le ministre des Affaires étrangères, à Biarritz où il présentait les priorités de la présidence française du G7 en 2019.

« Il faut stabiliser les zones libérées de l’organisation terroriste notamment par les forces kurdes et arabes que nous avons soutenues et qui ont consenti dans ce combat un sacrifice éminent », a ensuite insisté M. Le Drian, alors que la Turquie se prépare à lancer une opération militaire contre les milices kurdes syriennes. Et il n’y aura « pas de victoire durable contre Daesh, pas de retour sûr et volontaire des réfugiés et déplacés sans qu’il y ait une solution politique acceptable par tous les Syriens », a-t-il insisté.

Conformément à la résolution 2249 des Nations unies, qui demande « aux États qui en sont capables de prendre toutes les mesures nécessaires, en conformité avec les lois internationales, et en particulier avec la charte de l’ONU […] sur le territoire contrôlé par l’EI en Syrie et en Irak » et au principe de « légitime défense collective », des forces spéciales françaises ont été engagées en Syrie, aux côtés des milices kurdes et d’un contingent américain fort de 2.000 militaires.

En mars, le président Macron avait assuré une délégation des Forces démocratiques syriennes [FDS, dont les milices kurdes font partie, ndlr] reçue à l’Élysée « du soutien de la France, en particulier pour la stabilisation de la zone de sécurité au nord-est de la Syrie, dans le cadre d’une gouvernance inclusive et équilibrée, pour prévenir toute résurgence de Daesh dans l’attente d’une solution politique au conflit syrien. »

Aussi, la décision de Donald Trump de retirer les troupes américaines de Syrie, sans lesquelles le soutien opérationnel des forces françaises sera rendu plus compliqué, risque de remettre en cause cet engagement français…

« Daesh est plus affaibli que jamais. Daesh est passé à la clandestinité et en mode insurrectionnel dans sa manière de combattre. Daesh a perdu plus de 90% de son territoire. Daesh n’a plus de logistique comme il a pu en avoir », a commenté Florence Parly, la ministre des Armées, via Twitter. « Mais Daesh n’est pas rayé de la carte, ni ses racines d’ailleurs, il faut vaincre militairement de manière définitive les dernières poches de cette organisation terroriste », a-t-elle insisté.

Quoi qu’il en soit, la décision américain ne remet a priori pas en cause l’action militaire française en Syrie. En tout cas, c’est ce qu’a affirmé Nathalie Loiseau, la ministre chargée des Affaires européennes, à l’antenne de CNEWS, ce 20 décembre.

« Pour le moment bien sûr nous restons en Syrie parce que la question de la lutte contre l’Etat islamique reste une question essentielle », a en effet déclaré Mme Loiseau. « Chacun ses priorités, l’essentiel c’est d’avoir les siennes et d’avoir les moyens de les réaliser », a-t-elle ajouté.

En outre, a relevé la ministre, la décision prise unilatéralement par M. Trump [et contre l’avis de ses conseillers, du secrétaire d’État, Mike Pompeo, et du chef du Pentagone, James Mattis, nldr] « nous fait réfléchir encore davantage à la nécessité d’avoir une autonomie de décision, une autonomie de stratégie en Europe. Ca montre qu’on peut avoir des priorités différentes » de Washington.

Le Royaume-Uni, qui s’apprête à quitter l’Union européenne, est sur la même ligne défendue par la France.

« La coalition internationale contre Daesh a fait d’énormes progrès. Depuis le début des opérations militaires, la coalition et ses partenaires en Syrie et en Irak ont repris une vaste majorité du territoire de Daesh et d’importantes avancées ont été enregistrées au cours des derniers jours dans la dernière zone de l’est de la Syrie occupée par Daesh », a réagi un porte-parole du Foreign Officie, via un communiqué. « Mais il reste beaucoup à faire et nous ne devons pas perdre de vue la menace qu’ils posent. Même sans territoire, Daesh demeure une menace », a-t-il continué.

Photo : Forces spéciales françaises à Manbij – Capture d’écran

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