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La France va emprunter 200 milliards en 2019

L'Etat va devoir lever sur le marché obligataire 200 milliards d'euros l'an prochain. C'est 5 milliards de plus que prévu et un record historique.

L'Agence France Tresor (AFT) va devoir lever encore des montants records en 2019 pour financer les besoins de l'Etat
L'Agence France Tresor (AFT) va devoir lever encore des montants records en 2019 pour financer les besoins de l'Etat (ERIC PIERMONT/AFP)

Par Pierrick Fay, Guillaume Benoit

Publié le 20 déc. 2018 à 11:30Mis à jour le 20 déc. 2018 à 18:41

Le programme d'émissions de dette de la France s'annonçait déjà chargé pour 2019. Il le sera encore plus. L'Agence France Trésor (AFT), chargée des opérations de financement de l'Etat sur les marchés va devoir placer l'an prochain 200 milliards d'euros d'obligations. Un record historique. Et cinq milliards de plus que les estimations du projet de Loi de finance présenté en septembre, qui prévoyait des émissions nettes 195 milliards d'euros , un montant équivalent à celui levé en 2018 (sans compter les 30 milliards de rachats effectués cette année).

En cause, les mesures en faveur du pouvoir d'achat , décidées pour répondre au mouvement des « gilets jaunes » et adoptées par le Parlement ce jeudi. Elles se traduisent par une hausse du déficit prévisionnel pour 2019 à 107,7 milliards d'euros, soit une augmentation de 9 milliards d'euros. Et autant de besoins de financement à combler pour l'Agence France Trésor. Les investisseurs ne seront toutefois pas sollicités pour l'intégralité. Une hausse meilleure qu'attendue des encours de trésorerie (les encaisses du Trésor) permettra d'en absorber une partie.

Une année compliquée

Il n'empêche. « L'année 2019 va être compliquée, a reconnu Anthony Requin, le directeur général de l'AFT, lors d'un point presse à Bercy. Et ce sera plus difficile avec 200 milliards d'euros à émettre qu'avec 195 milliards. Le montant de la hausse peut paraître faible au regard de la taille du programme, mais il va falloir placer ces 5 milliards. »

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L'AFT avait en effet calibré son programme initial pour ne pas s'approcher de la barre symbolique des 200 milliards, malgré de besoins déjà en hausse, avant même les mesures exceptionnelles. Notamment en prévoyant une augmentation des encours de titres à court terme de 15 milliards d'euros, contre une baisse de près de 14 milliards cette année.

Contexte difficile

Le risque est donc que ce papier supplémentaire ne pousse les investisseurs à demander des rendements plus importants pour prêter à la France. Ce, dans un contexte général de hausse des taux. La poursuite du resserrement monétaire de la Réserve fédérale, et l'hypothèse d'un premier tour de vis de la part de la Banque centrale européenne devraient amplifier la tendance.

Cette année, la France s'est financée avec un taux moyen à l'émission de 0,53 %. C'est un peu moins qu'en 2017, mais le premier trimestre avait connu des soubresauts en période préélectorale, provoqués par la crainte d'une montée du populisme. Mais c'est au-dessus du plus bas historique de 2016, 0,37 %. Autre signe d'un léger durcissement du marché, la maturité moyenne à l'émission est en baisse pour la première fois depuis 2011, à 10,4 ans contre 11,7 ans l'an dernier.

Des taux toujours favorables

Sur le marché obligataire, les conditions d'emprunt restent pour l'instant très favorables pour l'Etat français, malgré quelques tensions ces dernières semaines sur le spread (l'écart de taux avec l'Allemagne), qui est remonté à 45 points de base. Le rendement du taux à 10 ans se situait jeudi matin à 0,684 %. Il a perdu 22 points de base depuis son pic d'octobre et même 33 points de base depuis son pic annuel de 1,01 % en février.

Pour l'instant, il n'y a pas eu de signe de défiance ni de la part des investisseurs ni des agences de notation. Notamment parce que les mesures adoptées ne remettent pas en cause sur le fond les réformes structurelles entamées par le gouvernement et que la taille du programme net en pourcentage du PIB restera inchangée, à 8,3 %.

La France devrait émettre quatre nouvelles OAT, ses titres de dette à long terme : une à deux ans longs (c'est-à-dire d'un peu moins de trois ans), une à cinq ans, et deux à 10 ans. Elle devrait également émettre une obligation à 10 ans, indexée sur l'inflation européenne, et selon les conditions de marché une nouvelle OAT à 30 ans, par syndication.

À noter

L'Agence France Trésor a renouvelé l'ensemble de ses SVT, les banques qui la conseillent et placent la dette française auprès des investisseurs. La liste comprend quatre banques françaises, cinq d'autres pays européens, cinq nord-américaines et une japonaise.

Pierrick Fay et Guillaume Benoit

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