Les Tibétains exultent, et Pékin fulmine. Le président américain a signé jeudi 20 décembre une loi qui permettra d’interdire d’entrée aux États-Unis les responsables chinois chargés de la politique tibétaine. Et notamment ceux qui refusent des permis d’entrée spéciaux aux touristes, responsables ou journalistes américains qui souhaitent se rendre dans cette région de Chine bouclée militairement depuis des années.

Une petite minorité d’entre eux, autorisée à y pénétrer, fait obligatoirement partie de groupes organisés qui ne voient que certains sites touristiques, et rien d’autre. La situation est encore pire pour les Américains d’origine tibétaine qui souhaiteraient visiter la terre de leurs ancêtres. Leur demande est toujours rejetée.

Cette loi est considérée comme historique par l’ONG International Campaign for Tibet (ICT). « C’est un véritable tournant pour les Américains, les Tibétains et tous ceux qui sont sensibles à l’égalité, la justice et les droits de l’homme », a immédiatement réagi Matteo Mecacci, le président de ICT. « En passant cette loi innovante et forte, les États-Unis ont ouvert le chemin à d’autres pays qui pourront à leur tour faire comprendre au gouvernement chinois qu’il devra payer les conséquences pour sa politique discriminatoire à l’égard des Tibétains ».

« Un grand pas contre les officiels chinois »

Le député démocrate Jim McGovern, qui a introduit la loi à la Chambre des représentants (votée la semaine dernière par les deux chambres), s’est déclaré heureux de la signature du président Trump. « Pendant trop longtemps, la Chine a camouflé ses violations des droits de l’homme au Tibet en imposant des restrictions de voyage aux étrangers. Mais aujourd’hui nous avons fait un grand pas contre les officiels chinois qui imposent ces restrictions ».

Cette loi, une première aux États-Unis à l’égard du Tibet, est fondée sur le concept diplomatique de réciprocité qui impose aux pays de donner les mêmes droits aux citoyens de l’autre pays. En ce qui concerne le Tibet, les défenseurs de cette loi insistent sur le fait que la Chine n’applique pas ce concept.

Alors que les citoyens chinois peuvent voyager n’importe où aux États-Unis, les autorités chinoises limitent les droits des citoyens américains pour aller au Tibet. « Et c’est encore pire pour les Américains d’origine tibétaine qui doivent subir des contrôles encore plus stricts, (informations personnelles et familiales) mais qui ne reçoivent pas de visas pour le Tibet », a ajouté le vice-président de ICT Bhuchung K. Tsering.

Le principe de réciprocité ne fonctionne pas du côté chinois

Ainsi le département d’État américain vérifiera chaque année si la Chine a permis l’accès au Tibet comme elle le fait pour le reste du pays. Si les restrictions restent en vigueur pour les Américains souhaitant se rendre au Tibet, il interdira d’entrée aux États-Unis les responsables chinois chargés de cette politique.

La semaine dernière, déjà, avant la signature du président Trump, la Chine avait fermement protesté et dénoncé une « ingérence flagrante » dans les affaires intérieures chinoises et un « viol des normes fondamentales des relations internationales ».

La signature du président Trump intervient dans un contexte de tensions commerciales entre Washington et Pékin, et après l’arrestation au Canada d’une responsable du géant chinois des télécoms Huawei. La Chine, en représailles a arrêté début décembre trois ressortissants canadiens.