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Politique Union Européenne
Royal, Jadot, Hamon, PS : la gauche éparpillée "façon puzzle" pour les européennes
Ségolène Royal ne fera pas partie de la liste EELV lors des européennes de 2019.
LUDOVIC MARIN / POOL / AFP

Royal, Jadot, Hamon, PS : la gauche éparpillée "façon puzzle" pour les européennes

Querelles de clocher

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Yannick Jadot a refusé jeudi 20 décembre de s'allier avec Ségolène Royal pour les élections européennes de 2019, aggravant encore la dispersion de la gauche hors France insoumise pour ce scrutin.

"On peut refuser une offre de rassemblement sans insulter ni mentir." Vexée, Ségolène Royal répond sur Twitter ce vendredi 21 décembre au refus de Yannick Jadot de faire liste commune avec elle pour les élections européennes de 2019. La veille, le représentant d'Europe Ecologie Les Verts (EELV) a sèchement éconduit l'ancienne ministre de l'Environnement dans une interview au Parisien, alors que cette dernière se proposait comme numéro deux de la liste écologiste. "Non aux magouilles. Sortons de la politique des coups", a lâché Yannick Jadot, remettant en cause la sincérité de l'engagement écologique de l'actuelle ambassadrice des pôles.

"C’est elle qui est venue devant le Parlement européen, quand elle était ministre de l’Environnement, pour défendre le diesel contre la santé; c’est elle qui a défendu l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes; c’est elle qui a renoncé sur l’écotaxe ou la fermeture de Fessenheim", a taclé Yannick Jadot. Et de conclure, à l'adresse de l'ancienne adversaire de Nicolas Sarkozy à l'élection présidentielle de 2007: "Ce n'est pas la nostalgie qui va nous sauver".

EELV en position de force

Un acte d'accusation qui reste en travers de la gorge de Ségolène Royal, qui affirmait jeudi sur BFMTV que "la question de la préséance ou de la tête de liste n'[était] pas un problème pour [elle]". "Non je n’ai pas défendu le diesel; non je n’ai pas défendu Notre-Dame-des-Landes des Landes; oui j’ai signé la de fermeture de Fessenheim: oui j’ai lutté contre l’écologie punitive de la taxe carbone", a tenté de rectifier la socialiste sur Twitter. De fait, la "dame du Poitou" s'était prononcée en décembre 2016 pour une interdiction totale du diesel à terme, et estimait, en octobre de la même année, qu'il était préférable "d'arrêter les frais" à Notre-Dame-des-Landes. Elle avait également signé le décret – retoqué – de fermeture de la centrale nucléaire alsacienne.

Le refus de Yannick Jadot semble en réalité motivé par une raison plus politicienne. Rêvant de réitérer la performance exceptionnelle d'EELV en 2009 (16,28%), l'écologiste se trouve en position de force dans les sondages. Le dernier sondage Ifop pour L'Opinion, de décembre 2018 place sa liste à 8%, devant les autres chapelles de la gauche hors France insoumise, respectivement à 4,5% et 3,5% pour la liste socialiste emmenée par Olivier Faure et la liste Génération.s conduite par Benoît Hamon. Quant au Parti communiste, il reste englué à 2,5%.

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"Est-ce qu'on est des boutiquiers ?"

A les entendre, chacun des représentants de la gauche "non-mélenchoniste" refuse les calculs d'appareil. "La réponse ne peut pas être de faire de l’écologie une simple potion électorale pour requinquer la gauche. Je ne suis pas le conseiller matrimonial du PS pour réconcilier ses courants, Olivier Faure avec Benoît Hamon, Ségolène Royal avec François Hollande", s'est ainsi rengorgé Yannick Jadot dans Le Parisien.

Réplique du premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure, qui demande ce vendredi sur franceinfo : "Est-ce qu'on est tous des boutiquiers ? Est-ce que chacun considère que parce qu'il peut faire 5, 6, 7 [% des voix aux élections européennes], c'est formidable et avoir ses propres élus, et qu'il faut renoncer à toute unité ?" La veille, c'est Benoît Hamon, martyr de 2017 et fondateur de Génération.s, qui jurait sur BFMTV refuser "la tambouille", et déplorait "qu'on nous ramène toujours à un petit cartel d'appareils quasi décédés".

"C'est tout le problème de la vie politique: c'est que l'arrogance est contagieuse", se désole Oliver Faure sur franceinfo. Résultat : pour l'heure, les gauches se présentent toutes aux élections européennes, éparpillée façon puzzle. Leur score cumulé ? 18,5%, et 27,5% si l'on rajoute les Insoumis. A la fois beaucoup... et si peu.

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne