De plus en plus de patrons du CAC40 achètent des domaines français. "Un moyen facile de s'anoblir", selon un expert, mais ce phénomène fait aussi flamber les prix de certains vignobles portant ainsi préjudice à l'installation de jeunes vignerons. À l’occasion des fêtes de fin d’année, Novethic vous propose toute la semaine de plonger sans modération dans le monde du vin. 

Le vignoble français, une poule aux œufs d’or. Depuis la fin des années quatre-vingt, plusieurs domaines des régions viticoles ont été rachetés par des investisseurs, que ce soit des banques, des mutuelles, des acteurs institutionnels ou des grands patrons français.
Dernier cas le plus médiatisé, le rachat par François Pinault, fondateur du groupe Kering, du domaine Clos-de-Tart, à Moret-Saint-Denis en Bourgogne. Il vient s’installer en face des vignes de Bernard Arnault, PDG de LVMH qui possède le Clos des Lambrays.
"Les grands patrons ont trouvé un moyen facile de s’anoblir"
"Avec les châteaux viticoles, les grands patrons ont trouvé un moyen facile de s’anoblir", raconte au Monde Benoist Simmat, auteur de Les Caves du CAC40. "Faute d’avoir une particule, ils ont au moins un château", ajoute-t-il.
Mais ces rachats ont des conséquences sur les prix du foncier viticole. En deux ans, les vignes du Haut-Médoc ont augmenté de 6 %, atteignant ainsi les 80 000 euros l’hectare. En Provence, le prix de l’hectare de vigne est passé de 20 000 à 70 000 euros en quelques années. Des prix mirobolants qui freinent la succession entre agriculteurs.
Les financiers "font du business avec les terres"
En juin, la Confédération paysanne a ainsi occupé le domaine viticole de Vincent Bolloré à la Croix Valmer dans le Var, en dénonçant l’accaparement des terres par des financiers "qui font du business avec les terres". "Ce phénomène porte préjudice à l’installation, notamment des plus jeunes et met en péril la vitalité des territoires et l’emploi. La terre doit aller en priorité à celles et ceux qui la travaillent et qui en ont besoin pour vivre", demande le syndicat.
L’enjeu de l’accaparement des terres agricoles par des grands investisseurs pose la question de la préservation du terroir français. À cet égard, une mission d’information sur le foncier agricole a été rendue le 5 décembre dernier par deux députés. L’un d’eux, Emmanuel Potier (PS) milite pour une nouvelle loi foncière, plus ambitieuse, qui passerait par la reconnaissance de la terre comme bien commun de la nation. 
Marina Fabre @fabre_marina 

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