Et si vous pouviez choisir le sexe de votre enfant à l’aide d’une application ?

Garçon ou fille ? MyBuBelly, une application basée sur une méthode naturelle, permettrait aux parents d’influer sur le hasard. Controversée, elle a pourtant reçu la caution de médecins de renom.

 L’application MyBuBelly se présente comme un coaching permettant de choisir de manière naturelle le sexe du bébé en amont de sa conception.
L’application MyBuBelly se présente comme un coaching permettant de choisir de manière naturelle le sexe du bébé en amont de sa conception. LP/Arnaud Journois

    Marion, maman de deux garçons, désirait une fille. Urielle, le contraire, après avoir mis au monde trois petites. Comme elles et leurs conjoints, nombreux sont les couples à vouloir donner un coup de pouce au hasard. Rien d'étonnant alors au succès de MyBuBelly, nouveau-né sur le marché des applications.

    100 % française, elle se présente comme un coaching permettant de choisir de manière naturelle le sexe du bébé en amont de sa conception. Comment ? En modifiant l'alimentation de la maman et en jouant sur le moment de l'ovulation. Sandra Ifrah, sa fondatrice de 37 ans, revendique un taux de réussite de 90 % !

    « Vouloir influer sur le sexe de l'enfant est vieux comme le monde. Cela a existé à toutes les époques et dans toutes les cultures. Que quelque chose de technique s'en empare paraît une suite logique », décrypte Serge Hefez, psychanalyste et psychiatre spécialiste de la famille.

    Mais il ne s'agit plus des préceptes aussi farfelus que machistes que l'on peut encore entendre parfois. Ainsi, dans la croyance populaire, l'orgasme féminin et/ou une pénétration « profonde » favoriserait la venue d'un garçon alors qu'attendre les jours de pluie pour faire l'amour ou manger de l'utérus de lapine (!) privilégierait celle des filles. Non, là, on parle d'une méthode élaborée avec des gynécologues, psychologues, sexologues, nutritionnistes, pédiatres… dont certains de renom.

    «Je n'y crois pas une seconde»

    Cela signifie-t-il qu'il existe un consensus médical ? Loin de là ! « Je n'y crois pas une seconde », répond sèchement la gynécologue Joëlle Belaisch-Allart. La biologiste de la reproduction à l'hôpital parisien Tenon, Rachel Levy, se dit, elle, « dubitative et réservée » tout en ouvrant la porte à une étude scientifique pour valider, ou non, les données empiriques.

    Car les couples, eux, tentent l'expérience et beaucoup sont… ravis. 150 nouveaux clients s'inscrivent chaque mois sur l'application. Le livre*, né dans la foulée du site, s'arrache comme des petits pains. « Le coaching marche tellement bien que nous lançons une version anglaise, en Angleterre et aux Etats-Unis début janvier et que nous avons noué un partenariat avec plusieurs dizaines de pharmacies en France », annonce avec enthousiasme Sandra Ifrah.

    /Editions Leduc
    /Editions Leduc LP/Arnaud Journois

    Mais pourquoi vouloir à ce point choisir ? « Aujourd'hui, on fait moins d'enfants et plus tard. Alors, on les anticipe, on se fait l'idée forte d'une petite fille ou d'un petit garçon. Cela fait partie des perfections que l'on projette et dont on a du mal à admettre, à l'heure des progrès de la médecine et des biotechnologies, que cela puisse ne pas se réaliser. Quant au choix du roi (un bébé de chaque sexe), il est encore très ancré dans la société », reprend Serge Hefez. Pas étonnant que la méthode ait été beaucoup offerte à Noël. Les fêtes de fin d'année sont la période où les Français font le plus de bébés !

    * «Avoir un garçon/avoir une fille, la liberté de choisir», de Sandra Ifrah et Raphaël Gruman, Ed. Leduc. S, 400 p., 18 €.

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    / LP/Arnaud Journois

    149 euros par mois

    Sandra Ifrah le sait, « il n'est pas politiquement correct de dire qu'on préfère un enfant de tel ou tel sexe ». Qu'importe, s'appuyant sur son expérience, cette maman parisienne d'un garçon et d'une fille a lancé le coaching qui détonne et soulève le débat.

    L'ovocyte donne toujours un chromosome X, le spermatozoïde, un X ou un Y. C'est donc bel et bien le père qui est porteur de la détermination du sexe : XX pour une fille, XY pour un garçon. « Mais la mère va pouvoir les sélectionner et favoriser l'un ou l'autre dans leur course vers l'ovule », avance Sandra Ifrah, alors que la science n'a rien prouvé.

    Sa méthode, tout de même validée par des médecins, s'appuie sur la combinaison de deux techniques. D'abord, la modification, trois mois avant la phase de conception, du pH vaginal par l'alimentation (acide pour une petite, alcalin pour un garçon). Puis sur un suivi du cycle pour choisir le bon « timing » de l'ovulation, selon le sexe désiré.

    Une méthode facturée 149 euros par mois (coaching plus box avec des tests de pH, d'ovulations, des compléments alimentaires) qui promet des parents « comblés » ou… remboursés !