John Krafcik, Pdg de Waymo, à Détroit (Michigan) le 24 avril 2017

John Krafcik, Pdg de Waymo, à Détroit (Michigan) le 24 avril 2017

afp.com/BILL PUGLIANO

Accepterons-nous les voitures autonomes dans nos rues ? La question mérite d'être posée. Laisser le volant à une intelligence artificielle n'est pas si simple. Même si celle-ci peuvent réaliser de véritables prouesses en se fondant dans le trafic, ses ratés ultra-médiatisés continuent de hanter les mémoires. Et l'on n'ose penser sans frémir aux dilemmes moraux auxquels les machines seront probablement confrontées dans le futur.

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En 2016, le fantasque patron de Tesla Elon Musk jurait la main sur le coeur que la voiture autonome arpenterait nos villes dès 2018. Nous voici en 2019 et sur nos routes, la réalité s'avère bien plus nuancée. En Arizona, la société Waymo - la filiale de Google la plus avancée au monde en matière de déploiement de véhicules autonomes - lutte pour étendre son service de taxis robots lancé en fin d'année dernière. Surprise : elle ne se heurte pas à des verrous technologiques insurmontables mais à des incivilités et des agressions perpétrées par une petite partie de la population.

21 agressions recensées

Les médias locaux détaillent les faits : pneus crevés, insultes, jets de pierres, blocage intentionnel des voitures autonomes par des piétons ou d'autres véhicules... En quelques mois, la police de la ville de Chandler a répertorié 21 agressions à l'encontre des mini-vans Chrysler blancs opérés par Waymo. Elle a même publié la vidéo d'un homme en colère, torse nu, menaçant un véhicule autonome à l'aide d'un revolver.

Waymo avait pourtant limité les risques. Son service n'est accessible qu'à un nombre limité de testeurs. Ses voitures comportent également des chauffeurs. Elles possèdent pourtant un niveau 4 d'autonomie ce qui leur permet - contrairement au niveau 2 d'une Tesla - de se passer de conducteur humain dans la plupart des situations à l'exception par exemple de mauvaises conditions météo. Waymo, enfin, fait rouler sa flotte à l'intérieur d'une zone géolocalisée bien précise que les véhicules "connaissent très bien" car ils possèdent énormément de données dessus. Mais rien n'y fait. Une partie de la population reste braquée contre ces nouveaux arrivants à quatre roues.

Pas de législation harmonisée au niveau national

Les raisons de la colère des citoyens sont multiples : certains en ont simplement marre de voir des voitures autonomes défiler dans les rues, un rejet qui rappelle celui des Google Cars servant à cartographier les rues à leur début. La peur que les robots ne détruisent des emplois ou qu'ils fauchent des vies motive également les assaillants. La partie est donc loin d'être gagnée pour Waymo, qui doit aussi attendre que la législation sur les voitures autonomes se précise au niveau national et qu'elle s'harmonise ensuite au niveau des Etats avant d'envisager un déploiement à grande échelle.

Dans une interview récente donnée à Forbes, le patron de l'entreprise John Krafcik estime que les voitures autonomes de niveau 5 - celles qui ne nécessitent aucune intervention humaine pour aller d'un point A à un point B - ne verront peut-être jamais le jour. "Il s'agit sans doute d'un mythe", avoue le chef d'entreprise. On ne sait pas si l'emblématique patron fait référence à un verrou technique ou à un problème sociétal. Une chose est sûre. Son aveu sonne comme un retour à la réalité brutal, après le battage de ces deux dernières années.

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