Ces chasses traditionnelles que les défenseurs des animaux voudraient voir disparaître

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Ces chasses traditionnelles que les défenseurs des animaux voudraient voir disparaître

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L'oiseau se retrouve englué et peine souvent à s'en sortir.
L'oiseau se retrouve englué et peine souvent à s'en sortir.
© AFP - Ligue pour la Protection des Oiseaux

Suite au rejet de son recours devant le Conseil d'Etat, la Ligue pour la Protection des animaux a annoncé qu'elle porterait plainte auprès de la Commission européenne pour faire cesser la chasse à la glu. Mais en réalité, c'est l'ensemble des chasses traditionnelles qui posent problème selon elle.

La Ligue pour la Protection des Oiseaux a décidé de porter plainte contre la France, devant la Commission Européenne. Une décision qui fait suite au maintien, le 28 décembre dernier, par le Conseil d'Etat, de l'autorisation dans cinq départements (Alpes-Maritimes, Bouches-du-Rhône, Var, Vaucluse et Alpes-de-Haute-Provence) de la chasse à la glu, l'une des méthodes de chasses traditionnelles. 

  • La chasse à la glu, ou au gluau, date de l'époque de la Grèce Antique. Elle permet d'attraper des oiseaux à l'aide de tiges en bois ou de branches d'arbres enduites d'une sorte de colle. Selon l'Association nationale de défense de la chasse à la grive, les bêtes sont "attrapées et gardées vivantes", mais il arrive qu'elles y laissent leurs plumes, au point de ne plus être en état de voler.
  • La tendelle, (aussi appelée la lecque en fonction des régions) utilise une grosse pierre plate maintenue soulevée à l'aide de brindilles. L'oiseau, en passant fait tomber les bâtonnets. Il se retrouve alors piégé, écrasé par la pierre. Une technique peu répandue aujourd'hui.
  • Dans la chasse aux matoles, on capture l’animal en faisant tomber sur lui une petite cage en fer. 
  • La chasse aux pantes consiste à déposer des filets sur le sol et à attendre qu'il se referme suite au moindre mouvement d'un oiseau qui sautillerait dessus. 
  • Pour les tenderies, le chasseur dispose sur une branche un collet ou un lacet qui se resserre sur le cou, l'aile ou la patte d'un oiseau afin de le piéger.

Ce sont des techniques anciennes, qui se transmettent de génération en génération. C'est la tradition et la culture des régions, se défendent les chasseurs. Des méthodes barbares d'un autre temps, dénoncent les associations de protection des animaux.

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L'État impose des quotas pour essayer de satisfaire tout le monde. Revus récemment, ils sont considérés trop bas pour les chasseurs et trop élevés pour les écologistes. Pour la saison 2018-2019, les quotas sont de 106 500 alouettes chassés aux pantes et aux matoles, 42 500 grives et merles à la glu, 5800 grives et merles aux tenderies et 4000 vanneaux aux tenderies.

Des chiffres qui ne tiennent pas compte du braconnage. Il est très simple d'acheter du gluau sur Internet, des monter ses propres pièges, discrètement, en toute illégalité ou sans rapporter ses vrais chiffres de prises aux autorités. Sans oublier la chasse au fusil, légale et dont les chiffres manquent de précision. Selon les données de l'Office national de la chasse et de la faune sauvage, entre 400 000 et 600 000 grives mauvis ont été chassées au fusil en 2018, entre 800 000 et 2 millions de grives musiciennes et entre 175 000 et 261 000 merles.

Depuis des années, les associations comme la LPO demandent l'interdiction des techniques traditionnelles.
Depuis des années, les associations comme la LPO demandent l'interdiction des techniques traditionnelles.
© AFP - NICOLAS TUCAT

Pour les associations de défense des animaux, que l'État permette la chasse traditionnelle en plus de celle au fusil n'est pas cohérente alors que la protection de la biodiversité est un des grands enjeux écologiques. 

Le président de la Ligue pour la Protection des Oiseaux, Allain Bougrain-Dubourg, dénonce un double problème : D'abord, ces techniques génèrent une souffrance animale inacceptable. On va étouffer les animaux avec une pierre qui leur tombe dessus, on va les engluer, on va les prendre dans un lacet ou que sais-je encore... Et évidemment, c'est le rendez-vous avec l'agonie. Ce n'est pas acceptable. 

Ces chasses traditionnelles génèrent le plus souvent une non-sélectivité, c'est-à-dire que même si on vise des grises ou des merles, on peut très bien capturer des mésanges, ou même de petits rapaces comme les faucons crécerelles. Par conséquent, on affecte encore les espèces protégées les plus fragiles. 

"On a affaire à des quantités d'oiseaux importantes, explique Allain Bougrain-Dubourg. Par exemple, avec la chasse à la glu en région PACA (donc 5 départements), on dépasse les 40 000 oiseaux, merles et grives, capturés officiellement. Bref, ce sont des méthodes d'un autre temps, qu'on peut comprendre à une époque où on avait pas de quoi manger et qu'on essayait de capturer quelques oiseaux ici ou là pour nourrir la famille. Aujourd'hui, c'est une tradition barbare, ni plus ni moins, qui par ailleurs a été interdite par la Cour européenne de justice en Espagne. La France ferme les yeux. 

En plein mois d'août, le ministre de la Transition écologique (Nicolas Hulot) avait lancé une consultation participative sur le sujet. 97% des réponses condamnaient ce type de chasse. L'État a fait le choix de les maintenir. Nous allons donc devant la Cour européenne de justice.

Références

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