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Ne prenons pas Mélenchon pour le dernier des Cons !
©ALAIN JOCARD / AFP

Tribune

Depuis plus de 10 ans je défends inlassablement la fin du traditionnel clivage droite gauche, frontière infranchissable, entre deux camps irréconciliables.

Non parce que je suis un technocrate qui se sent au dessus de tout ça. J’ai fait mon droit et pas l’ENA. Non parce que je renierai mes « racines » sociales et familiales de droite. Je les revendique sans effroi. Parce que depuis que j’ai rencontré Chaban, à 23 ans, j’ai compris à son contact, en le voyant agir au quotidien, en portant des messages aux membres du PC, compagnons de résistance, qu’il y a plus grand que chacun de nous, notre pays. Il nous a appris à tendre la main à l’autre, à travailler avec lui, plus encore si son point de vue opposé peut nous faire progresser. Additionner nos différences ! 

Si j’ai théorisé et participé dès 1993 à rendre possible l’ouverture à gauche en 2007, c’est à lui que je le dois. Si j’ai pris la liberté de voter tous les textes, de gauche comme de droite, que je trouvais bon pour la France, y compris lorsque François Hollande était président, c’est en pensant à Chaban. Si j’ai progressivement rompu tout lien avec un Sarkozy, guidé par le sieur Buisson et devenu le Héros malgré lui de la droite tellement sans complexe, qu’elle a fait le lit de l’extrême droite, dans mon inconscient, Chaban n’était pas loin. Si j’ai, seul député à l’UMP de l’époque, travaillé avec Emmanuel Macron lorsqu’il était Ministre, que j’ai voté pour lui dès le premier tour de l’élection présidentielle, c’est qu’il incarne la nouvelle société si chère à Chaban, qui me fait rêver depuis que je suis né ! J’ai souri quand j’ai vu naître le débat du Nouveau Monde contre l’Ancien Monde. Une controverse surannée mais en même temps, tellement d’actualité.

Additionner la droite et la gauche, dans l’intérêt du pays, permet de satelliser les extrêmes ! L’addition des gens raisonnables au service de la transformation indispensable.

Nous y sommes. Le PS et LR sont sous la barre des 10% et se marginalisent chaque jour un peu plus. LREM a pris la place centrale de feu l’UDR. Le MODEM est son allié du centre. A eux deux ils enchaînent les réformes. Agir retisse méthodiquement les fils d’une droite égarée.

LFI et RN sont solidement ancrés sur leurs bases, et n’ont aucune chance de l’emporter démocratiquement, seuls chacun de leur côté. Alors ils vocifèrent, tapent des pieds et multiplient les moulinets. Jusqu’à l’aubaine de la naissance des « gilets jaunes », mouvement si légitime, tourbillon de colère de cette France abandonnée chez qui, au gré des 126 étapes de mon tour de France en 2016, j’ai rencontré le mot « suicide » à chaque coin de rue. Sur les plateaux les invités comme les animateurs ricanaient. Cette France désespérée, aujourd’hui réunie sur les rond-points, j’ai échangé avec elle plusieurs fois par semaine pendant un an. Artisans, agriculteurs, petits commerçants et ouvriers. J’ai dis cette colère. Me suis battu contre le RSI. J’ai défendu bien avant que Benoit Hamon ne la déforme, cyniquement, l’idée du revenu universel. Car je sais qu’il nous faut réinventer un modèle social qui craque de partout.

C’est pourquoi j’ai mal en voyant les fachos, complotistes et autres séditieux faire main basse sur ce mouvement si profond, ancré dans les tréfonds de la surdité de la technostructure qui a mis en coupe réglée le pays depuis 30 ans.

Jean Luc Mélenchon, biberonné au savoir-faire, Mitterrandien, se souvient parfaitement de la réussite de la transgression de son Maître : l’union de la gauche. Son éloge « amoureuse » d’un Drouet, figure de la nouvelle sédition, complotiste à ses heures, anti-immigrés assumé, pourfendeur des institutions démocratiques, organisateur zélé du Tohu-bohu, qui joue à cache-cache avec la police, est tout sauf sincère. Elle est le même calcul cynique que son maître mis brillamment en œuvre en s’alliant avec un Parti communiste encore admirateur de l’URSS. Pour mieux le croquer.

Car il est un peu perdu devant cet épisode de « télé-réalité politique » et voit lui échapper le leadership sur la France en colère. Ses rapports à fleuret moucheté, sans oublier ses quelques œillades appuyées, à une Marine Le Pen, sont les prémices de ceux que certains appellent une alliance contre nature, que je définirai à l’inverse comme la pente naturelle sur laquelle glissent les deux extrêmes satellisées. Il leur faut se réinventer. Élargir leur camp. Recruter des combattants. Car il s’agit bien d’une guerre de mouvement. La jeune Marion maréchal l’a compris et mène par le bout du nez, l’inénarrable Wauquiez. Je décris tout cela dans « Chaos » mon dernier ouvrage chez Michel Lafon.

Tout aussi malin le vieux Mélenchon, qui tenta de séduire Hamon, cherche aujourd’hui à attirer dans les mailles du filet, les identitaires, les antisémites et racistes assumés, les admirateurs des terroristes ukrainiens aux méthodes sanguinaires, qui trouvent le RN trop modéré, pour les utiliser telle de la « piétaille sacrificielle », afin de se tracer une voie de passage chaotique sur le chemin d’un nouveau rassemblement hétéroclite, des « insoumis » de tous poils, l’autorisant à rêver enfin du pouvoir suprême. Il ne veut pas être le dindon de la farce et se faire doubler par un mouvement type 5 étoiles qui au bout du compte s’allie à l’extrême droite en Italie. 
Drouet, poussé à l’illégalité par un élu qui est censé faire la loi, qui flatte son ego et rêve de le voir embastillé, finir en héros sacrifié, pour lâchement ensuite en profiter  ! L’exploitation de l’homme par l’homme… Il tient aujourd’hui par la queue, dans sa grosse patte de Matou madré, un jeune souriceau fasciné, le sieur Drouet. Mélenchon entend bien le stariser, l’utiliser, l’user même avant de le dévorer ! 

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