"Choquer l’opinion" : la stratégie d’Éric Drouet ne fait plus l’unanimité au sein des Gilets jaunes

Publié le 3 janvier 2019 à 16h19, mis à jour le 3 janvier 2019 à 17h16

Source : Sujet JT LCI

DIVISIONS ? - Éric Drouet, figure emblématique et historique du mouvement des Gilets jaunes, a été placé en garde à vue à Paris ce mercredi pour "organisation d'une manifestation sans déclaration préalable". Contrairement à sa première interpellation, le plus déterminé des "messagers" n'a pas, cette fois, reçu le soutien des autres figures du mouvement.

Il a préparé son "coup" en solo. C'est "dans son coin" qu'Éric Drouet a proposé une "rencontre entre Gilets jaunes" ce mercredi 2 janvier. Un rassemblement à Paris qui lui aura coûté une garde-à-vue dans la soirée pour "organisation d'une manifestation sans déclaration préalable". Et qui signe peut être la première fracture entre lui et le reste du noyau dur de la mobilisation sur Facebook.

"Ils me critiquent beaucoup parce que je veux toujours être sur Paris"
Éric Drouet, le 2 janvier sur Facebook

Le 29 décembre, Éric Drouet écrit sur sa page Facebook qu’il est "très, très énervé" et appelle à manifester mercredi en assurant : "J'irai autant de fois qu'il le faudra pour déranger !!" Celui qui est à l’initiative du premier "acte" créé un événement nommé "rencontre entre Gilets jaunes", qui n’est partagé par aucun autre membre du noyau dur des "messagers", à savoir Priscillia Ludosky et Maxime Nicolle. Pourtant, le 31 décembre, ils signaient ensemble un communiqué contre la "décrédibilisation du mouvement" par des personnalités politiques, rappelant qu’ils ne se rassemblent pas "sous des étiquettes de partis politiques".

Une union qui semble ne pas avoir passé le cap de 2019. Le 2 janvier, cette figure très suivie dans les groupes de Gilets jaunes publie une vidéo en direct dans laquelle il précise sa nouvelle stratégie de mobilisation autour d’une "rencontre" le soir même. Il explique que cette réunion servira à "choquer l’opinion publique". Pour ce chauffeur routier, Gilet jaune de la première heure, il est important de montrer que, et ce malgré un rassemblement pacifique, "ils [les forces de l’ordre] ne vont pas vouloir qu’on le fasse ", prédisant ainsi sa garde à vue. Et d’ajouter qu’il a demandé conseil à son avocat car le soir-même il y aura "un conflit". Il est alors interrogé par un internaute. "Tu as un problème avec Fly et Priscillia?" Car, et ce depuis quelques temps, les différents communicants du mouvement ne manifestent plus ensemble. Il répond : "Je ne vais pas dire un problème, mais on n’a pas le même avis sur tout", et notamment sur les actions à mener. Et d’avouer : "Ils me critiquent beaucoup parce que je veux toujours être sur Paris."

Un différend qui va se poursuivre dans la soirée. Sur la page de ses deux anciens acolytes, l’heure est au silence radio. Quelques heures après le placement en garde à vue d'Eric Drouet, Maxime Nicolle publie ainsi un message sans un mot pour son compagnon de lutte. Un mutisme qu’on lui reproche en commentaires. "Je ne comprends pas Maxime, pas un mot de ton ami Éric Drouet. Je reste sans voix", regrette un internaute, tandis qu’un autre critique son inertie : "Un mot pour Éric Drouet aurait été sympa, depuis un moment j’ai plus l’impression que lui est dans l’action et toi dans l’intendance." 

Capture d'écran d'une réaction au silence de Maxime Nicolle sur la garde à vue d'Éric Drouet, le 2 janvier
Capture d'écran d'une réaction au silence de Maxime Nicolle sur la garde à vue d'Éric Drouet, le 2 janvier - Capture d'écran / FACEBOOK

Cette distance des autres "leaders" des Gilets jaunes tranche avec les réactions appuyées après la première interpellation d'Eric Drouet le 22 décembre. Celui-ci est alors arrêté lors du sixième "acte" à Paris pour "port d'arme prohibé" (un bâton selon lui, une matraque selon les policiers). Les autres figures des Gilets jaunes s’emportent unanimement. Maxime Nicolle, alias Fly Rider, passe l’après-midi à partager des informations, au compte-goutte, avant de terminer avec un live le soir même, à 23h, pour faire un compte-rendu de ce qu’il sait et réagir. Le lendemain, les "messagers" principaux signent ensemble un communiqué "officiel" dénonçant l’agression "brutale" et "arbitraire" de leur compagnon. Et ajoutant : "Quand l’un d’entre nous tombera, dix se lèveront." Mot d’ordre qui semble avoir perdu de sa force aujourd’hui. Sur son groupe, Fly Rider n’a pour le moment que partagé un communiqué qui aurait été écrit par l’avocat du Gilet jaune en garde à vue. 

"Veut-il gagner une image de martyr?"

Du côté des représentants des "Gilets jaunes libres", Jacline Mouraud, connue pour son coup de gueule en vidéo mais depuis très peu présente au sein des groupes Facebook défend même l'interpellation du chauffeur routier. Sur LCI mercredi matin, elle explique : "À mon avis, on n’arrête pas les gens pour rien."

Jacline Mouraud réagit à l'arrestation d'Eric DrouetSource : Sujet TF1 Info

Franlk Buhler , également connu après un contenu viral aux 4,5 millions de vues appelant à manifester, critique lui aussi Éric Drouet. Il évoque même une manipulation de l’opinion. Cette figure, rapidement écartée pour son appartenance à Debout la France dans le Tarn-et-Garonne, écrit dans une publication sur son blog Facebook, intitulé "patriosphère infos" que le Gilet jaune a été "volontairement arrêté". Et s’interroge : "Il fait des opérations perso... afin de gagner une image de martyr?"Une parole qui n’est pas partagée sur les Groupes de Gilets jaunes mais qui pourrait peut-être bientôt le devenir. Car celui-ci assure qu’un certain Fly Rider est d'accord avec son analyse. 


Felicia SIDERIS

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