ÉTATS-UNIS - Voilà qui ne ravira pas les salariés des administrations américaines, sans salaire depuis fin décembre. Le président américain Donald Trump s'est dit vendredi "prêt" à ce que le "shutdown", paralysie partielle des administrations fédérales, dure des mois, voire plus d'un an, même s'il a estimé que ce scénario était peu probable.
Interrogé sur les propos du leader démocrate Chuck Schumer selon lequel il aurait évoqué un "shutdown" qui pourrait durer "très longtemps, des mois voire des années", le président américain a confirmé. "Oui, j'ai dit cela", a-t-il dit. "Je ne pense que cela sera le cas, mais je suis prêt", a-t-il ajouté.
Au cœur de ce bras de fer avec les démocrates, la construction du mur à la frontière entre les États-Unis et le Mexique, défendu bec et ongles par le président américain. La construction de ce mur est une question de "sécurité nationale", a martelé Donald Trump depuis les jardins de la Maison Blanche. "Ce n'est pas un jeu", a-t-il ajouté, tout en soulignant "le chemin parcouru" dans les négociations avec ses adversaires politiques.
De nouvelles discussions sont prévues dans les jours à venir. "J'ai nommé un groupe, nous allons nous voir ce week-end", a déclaré le chef d'État depuis les jardins de la Maison Blanche.
Les négociations sur le "shutdown" - rituel de la politique américaine - sont d'abord une bataille de communication dans laquelle chaque parti tente de faire porter la responsabilité du blocage à l'autre. Or si les républicains ont conservé la majorité au Sénat, les démocrates ont désormais un porte-voix nettement plus puissant avec la présidence de la Chambre des représentants.
"Construire un mur (à la frontière avec le Mexique) est immoral, ce n'est pas ce que nous sommes en tant que pays", avait lancé jeudi soir la démocrate Nancy Pelosi, quelques heures après sa prise de fonction comme "speaker" de la Chambre. "Quelqu'un a-t-il encore des doutes sur notre position? Nous ne construirons pas de mur!", avait ajouté lors de sa première conférence de presse l'élue de Californie, désormais troisième personnage de l'Etat.
Les démocrates lâcheront-ils du lest? Donald Trump peut-il renoncer aux 5 milliards de dollars qu'il réclame à cor et à cri pour édifier son mur sans perdre la face? Quelles sont les portes de sortie pour mettre fin au "shutdown" qui paralyse 25% des administrations fédérales depuis le 22 décembre?
Une idée a refait surface ces derniers jours: réintroduire dans les négociations la question sensible du "Daca". Ce programme offrant un permis de séjour temporaire à plusieurs centaines de milliers de jeunes clandestins avait été créé par Barack Obama puis supprimé en septembre par Donald Trump, qui a mis au défi le Congrès de voter une réforme migratoire à la place.
Entre-temps, la justice a été saisie par les défenseurs de Daca... et le programme est dans les limbes. Quant au Congrès, il n'a jamais pu s'entendre jusqu'ici pour trouver un compromis. Le président américain a cependant laissé entendre que ces discussions n'étaient pas à l'ordre du jour. "Nous en parlerons à un autre moment", a-t-il indiqué.
Les démocrates rétablissent le rapport de force
Républicains et démocrates sont conscients que ce bras de fer budgétaire est aussi un test du rapport de force qui s'établira pour la deuxième partie de mandat de Donald Trump, qui a clairement affiché son intention de se représenter en 2020.
Avec leur nouveau contrôle de la Chambre, les démocrates décrochent en effet la tête de commissions parlementaires dotées de puissants pouvoirs d'investigation, notamment ceux d'assigner les témoins à comparaître et d'ordonner la présentation de documents.
Et si Nancy Pelosi ne souhaite pas, pour l'heure, évoquer la perspective d'une procédure de destitution, ou "impeachment", certains jeunes élus ne se privent pas d'aborder le sujet. Sans surprise, le locataire de la Maison Blanche n'a pas tardé à réagir.
"Comment voulez-vous destituer un président qui a gagné probablement la plus grande élection de tous les temps, qui n'a rien fait de mal (aucune collusion avec la Russie, ce sont les démocrates qui ont comploté), qui est à l'origine des deux meilleures premières années de tous les présidents, et qui est le républicain le plus populaire dans l'histoire du parti, à 93%?", a-t-il tweeté au réveil.
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