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Pour protéger l'environnement, l'ex-ministre Yves Cochet prône... la suppression des allocations familiales au troisième enfant
Yves Cochet propose d'inverser le principe des allocations familiales en les rendant dégressives à mesure que le nombre d'enfants augmente.
THOMAS SAMSON / AFP

Pour protéger l'environnement, l'ex-ministre Yves Cochet prône... la suppression des allocations familiales au troisième enfant

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L'ancien ministre de l'Environnement Yves Cochet propose d'inciter à faire moins d'enfant pour limiter le coût écologique de la population et pouvoir accueillir plus de migrants.

Pour sauver la planète, adoptez un migrant au lieu de faire des enfants. Jeudi 3 janvier dans L'Obs, l'écologiste Yves Cochet avance une solution lunaire pour résoudre, du même coup, les crises écologique et migratoire. Cet ancien ministre de l'Environnement du gouvernement de Lionel Jospin propose de limiter la croissance démographique des pays développés afin de réduire le "coût" écologique de leurs populations et de pouvoir accueillir les migrants.

"Les pays riches sont les premiers à devoir décroître démographiquement. Ce sont eux qui ont le mode de vie le plus polluant. Par ailleurs, limiter nos naissances nous permettrait de mieux accueillir les migrants qui frappent à nos portes", explique le président du laboratoire d'idées "Momentum" consacré aux "transitions nécessaires pour amortir le choc social de l'anthropocène" (l'époque de l'histoire de la Terre qui a débuté lorsque les activités humaines ont eu un impact global significatif sur l'écosystème terrestre, ndlr.). Comment s'appliquerait cette politique démographique ? Yves Cochet avance des solutions iconoclastes. Il propose rien de moins que de "renverser notre politique d'incitation à la natalité, en inversant la logique des allocations familiales". C'est simple: "Plus vous avez d'enfants, plus vos allocations diminuent jusqu'à disparaître à partir de la troisième naissance !" Les pauvres avec trois enfants vont être contents : plutôt que de les aider à subvenir à leurs besoins, l'Etat version Cochet leur sucrerait leurs alloc' !

"Un enfant, c'est bien, deux, c'est suffisant"

Le mathématicien de formation dégaine, pour justifier cet étrange projet, un savant calcul. "Notre impact environnemental peut être résumé par la formule I = PAT, d��taille Yves Cochet. Pour quantifier l'effet de nos activités sur la planète (I), il faut prendre en compte la richesse d'une population (A), la technologie qu'elle utilise pour produire de la richesse et des biens (T), mais aussi sa taille (P). On peut bien sûr agir sur les facteurs 'richesse' et 'technologie', mais il nous faut aussi prendre en compte la démographie." Puisque les deux premiers leviers - ceux qui exigeraient une régulation du capitalisme - ne semblent pas fonctionner, pourquoi ne pas essayer d'actionner le troisième ? L'ancien député de Paris, qui voit dans le fait de faire un enfant "un choix politique", semble même avoir pensé à un slogan : "Ne pas faire d'enfants supplémentaire, c'est le premier geste écologique." A quand la politique de l'enfant unique ?

Selon l'ex-concurrent de Dominique Voynet chez les Verts, la décroissance ne doit donc pas se borner à l'économie. Il s'agit en effet de changer de paradigme. "Nous sommes encore pénétrés de cette injonction biblique: 'Croissez et multipliez, et remplissez la Terre'", argue-t-il. Et d'invoquer une référence... étonnante : "'Un enfant c'est bien, deux c'est suffisant', disait-on en Iran, au temps de l'ayatollah Khomeini !" Drôle d'évolution pour cet ex-libertaire assumé, selon le spécialiste de l'écologie politique Jean Jacob, qui prétend désormais... contrôler les naissances.

"Suicide organisé"

A droite et à l'extrême droite, les pourfendeurs du "sans-frontiérisme" se sont sans surprise délectés face à ce qui aurait pu être une caricature conçue par leurs soins. Sur Twitter, le député Les Républicains Eric Ciotti a notamment dénoncé des "propos délirants". "Cette vision d'une certaine gauche est celle du suicide organisé d'une civilisation", s'est indigné l'élu.

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne