Intelligence artificielle : voici les projets (plus ou moins fous) des chercheurs de Toulouse

Simulations de crise, écriture de poèmes, aide aux déficients visuels... Les chercheurs de Toulouse planchent sur de nombreux projets en matière d'intelligence artificielle.

De nombreurs chercheurs travaillent sur l'intelligence artificielles. On vous présente quelques projets ou réalisations.
De nombreurs chercheurs travaillent sur l’intelligence artificielles. On vous présente quelques projets ou réalisations. (©Illustration / Pixnio / Licence CCO)
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Charles est un poète, originaire de Toulouse. Il a d’ailleurs récemment publié un recueil de vers intitulé « Il pleure dans mon processeur multi-coeur». Un recueil de 20 poèmes tiré d’une performance littéraire aussi productive qu’exaltante durant laquelle Charles a écrit pas moins 309 poèmes… en une seule après-midi.

Voici un exemple de poème : 

Le temps s’écoule, l’amour se transforme
Je respire, je t’aime toujours
Un sourire aux lèvres, les chiens dorment
Le doux murmure des mots d’amour
Sa voix est douce, et son cœur s’ouvre
Je ferme les yeux, je sens mon coeur battre
Un vrai bonheur que j’en découvre
Une tendresse qui ne cesse de croître

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Charles n’est pas Baudelaire… 

Vous l’avez peut-être compris, Charles, contrairement à Baudelaire, n’est pas un être humain. Charles est un système de génération de poésie automatique, qui a été développé au sein de l’équipe MELODI à l’Institut de Recherche en Informatique de Toulouse (IRIT). Charles a entraîné son modèle de langage sur 1 milliard de mots venant du web. Il a appris les rimes des mots en lisant le Wiktionnaire français, et il a appris une notion provisoire du sens en regardant les contextes des mots. Le système a été présenté au public pendant l’après-midi du 17 novembre 2018 aux Quai des Savoirs à Toulouse, où Charles a réalisé cette extraordinaire session de génération automatique de poésie en temps réel

Selon Tim Van de Cruys, de l’équipe MELODI : 

Charles combine toutes ces connaissances dans un réseau de neurones profond, ce qui lui permet de prédire le vers suivant à partir du vers précédent. Le vers précédent est encodé en représentation numérique, et cette représentation est alors utilisée pour décoder le vers suivant, en tenant compte de contraintes littéraires et thématiques. 

Toulouse, terre de chercheurs en IA

À Toulouse, de nombreux chercheurs à l’IRIT, rattaché au CNRS et à l’Université de Toulouse, effectuent des travaux de recherche en intelligence artificielle. C’est d’ailleurs le lieu qu’a choisi la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Frédérique Vidal, pour présenter le plan du gouvernement en matière d’intelligence artificielle (IA pour les intimes). Pour rappel, Toulouse est d’ailleurs candidate pour héberger un institut interdisciplinaire de l’intelligence artificielle (3IA), qui permettrait à la Ville rose de devenir un des leaders mondiaux en matière de recherche dans ce domaine. La décision interviendra en janvier 2019. 

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Chants d’oiseaux et analyse des sons 

À l’IRIT, une équipe travaille sur l’analyse automatique de contenus sonores à l’aide de réseaux de neurones profonds. « Nous mettons en œuvre des approches deep learning pour la détection d’évènements sonores, ici des chants d’oiseaux et des bruits domestiques.

Car selon Thomas Pellegrini, 40% des espèces d’oiseaux sont menacées de disparition. Et selon lui, les applications sont nombreuses : 

  • « l’éco-acoustique » ou écologie des sons : compter le nombre d’oiseaux et suivre l’évolution des populations dans un territoire donné, comme par exemple le site de Tchernobyl. 
  • la domotique avec le monitoring de sons domestiques : parole, eau qui coule, armes à feu, chiens, chats, etc. pour éventuellement détecter des activités du quotidien et/ou des évènements anormaux.

« Nos recherches portent sur la création de nouvelles architectures de réseaux de neurones, la définition de nouvelles fonctions de perte à optimiser. Le but est de limiter voire de se passer des annotations humaines nécessaires sur de grands corpus de données utilisées pour entraîner les modèles : par exemple 30.000 fichiers soit 80 heures pour la détection de chants d’oiseaux », a indiqué le chercheur . 

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Détection et localisation de chants d'oiseaux.
Détection et localisation de chants d’oiseaux. (©IRIT)

Onko 3D, modélisateur de cellules cancéreuses 

À Toulouse, l’équipe REVA développe des algorithmes intelligents en s’inspirant de mécanismes présents dans la nature. « Nous développons depuis 2016 des projets fortement multidisciplinaires dont le but est de proposer des outils informatiques pour lutter plus efficacement contre le cancer », explique Sylvain Cussat-Blanc, chercheur à l’IRIT.

Le projet Onko3D a pour objectif de modéliser et de simuler la prolifération de cellules cancéreuses. « Nous développons des modèles agents permettant de reproduire la réalité de la plaque de culture dans lesquelles les cellules sont cultivées. Une fois le modèle fonctionnel, nous proposons d’utiliser des techniques d’optimisation et d’intelligence artificielle pour améliorer les protocoles expérimentaux proposés par les biologistes avec pour espoir à long terme d’améliorer les stratégies thérapeutiques utilisées pour traiter les patients », précise le chercheur. 

Onko3D
Onko3D (©Onko3D / IRIT)

Une table interactive pour déficients visuels

Le laboratoire de recherche « Cherchons pour voir » travaille depuis plusieurs années avec le Centre d’éducation spécialisée pour déficients visuels de l’Institut des jeunes aveugles  de Toulouse et plus spécifiquement une enseignante en éducation spécialisée pour les personnes déficientes visuelles et ses élèves de primaire, à la création d’une table interactive multi-sensorielle

« L’objectif partagé était de développer et évaluer un programme de géographie principalement non visuel. La carte interactive multi-sensorielle est aujourd’hui utilisée dans de nombreux contextes : éducation spécialisée en histoire, géographie, mathématiques, langues, français ; mais aussi dans la formation en orientation et mobilité. Le dispositif a été décliné en deux versions : une version collective de grand format utilisée en classe, et une version plus petite utilisée par des élèves individuels », souligne Christophe Jouffrais, chercheur au CNRS et directeur de la plateforme Cherchons pour voir. 

La carte multi-sensorielle est aussi utilisée comme table d’orientation pour des bâtiments publics (Mairie de Toulouse) ou des événements comme le festival de rue de Ramonville. 

La table interactive est utilisée dans les classes, à destination des élèves déficients visuels.
La table interactive est utilisée dans les classes, à destination des élèves déficients visuels. (©IFRIT)

Simulations de situations de crise 

Enfin, des chercheurs de Toulouse travaillent également à mettre au point des simulations de situations de crise

« Les enjeux sont doubles », explique Dominique Longin, chargé de recheche CNRS au sein de l’IRIT. Il s’agit de « comprendre ce qui a pu se passer en proposant une simulation des événements aussi fidèle que possible par rapport au nombre de victimes, de blessés, de leur disposition dans le lieu de la catastrophe, des moyens utilisés pour s’échapper… ».

Une manière pour les chercheurs de « modifier certains paramètres de la simulation ou y introduire des éléments de sécurité supplémentaires pour tenter de comprendre ce qu’on pourrait faire pour qu’un tel événement ne se reproduise pas ». La possibilité de modéliser les émotions et la prise de décision des personnes est un enjeu décisif pour la crédibilité et l’utilisation de tels outils de modélisation qui peuvent concerner toute situation de crise (incendie, tremblements de terre, actes terroristes, etc.).

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Un cas de simulation de situation d’urgence. (©IRIT)

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