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Fernand Khnopff en 2 minutes

En bref

On le surnomme le « maître de l’énigme », et pour cause. Peintre symboliste, également dessinateur et sculpteur, Fernand Khnopff (1858–1921) a créé un univers pictural profondément étrange et onirique habité par un idéal féminin ambigu. Mêlant références à la mythologie grecque, éléments occultes et symboles plus personnels, il a profondément renouvelé l’imaginaire en peinture. L’artiste, qui célèbre le repli sur soi et la vision intérieure, a marqué le mouvement symboliste, dont il est considéré comme un maître.

Anonyme, Portrait de Fernand Khnopff
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Anonyme, Portrait de Fernand Khnopff, vers 1900

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Photographie • Paru dans « La Belgique d’aujourd’hui », sous la direction de Gustave DELTOUR, Berlin-Charlottenburg, Adolf Eckstein, vers 1908 • © DR

Il a dit

« On n’a que soi. »

Sa vie

Fernand Khnopff est né à Bruges, cette ville sur l’eau surnommée la Venise du Nord. Il est le fils du procureur du roi, une fonction qui contraint la famille à s’installer à Bruxelles alors que le jeune garçon n’a que huit ans.

Après un démarrage sur les bancs de l’université de droit, Khnopff s’engage dans la carrière artistique. À l’Académie des beaux-arts, au milieu des années 1870, il fait la connaissance de James Ensor, promis à une importante carrière et qui sera, lui aussi, associé au courant symboliste. Mais ce dernier accusera Khnopff de plagiat en 1886.

Le jeune artiste, qui cultive son allure de dandy, se fond dans la modernité de son époque et peint des portraits de la bonne société. Bruxelles est une ville d’art dynamique, en pleine effervescence. Aussi Khnopff s’associe-t-il au groupe des XX, fondé par Octave Maus en 1883, qui organise des expositions notables de l’avant-garde européenne.

Proche des préraphaélites anglais (nombreux à venir à Bruxelles à cette époque), dont il partage le goût pour la nostalgie et le romanesque, il participe aux salons de la Rose-Croix sous l’égide du sâr Péladan. Toute sa vie, Khnopff demeure un esprit mystique.

Dans les années 1890, il prend également part à la Sécession viennoise, période pendant laquelle expose un de ses fervents admirateurs : Gustav Klimt. Khnopff acquiert une grande notoriété et connaît le succès au-delà de la Belgique, à Paris, à Londres et à Berlin.

En 1899, l’artiste, fortuné mais à l’idéal de vie solitaire, fait construire une grande maison-atelier dont il conçoit les plans et qui met en scène de façon très théâtrale le repli sur soi qu’il prône. Cet édifice, qui s’apparente à un temple, sera détruit dans les années 1930.

L’artiste s’éteint en 1921, auréolé de gloire. Son œuvre s’inscrit pleinement dans le mouvement très fécond du symbolisme européen, aux côtés notamment de Gustave Moreau, grand admirateur de Khnopff. Par son caractère onirique et fantastique, son œuvre a su inspirer à sa suite les peintres surréalistes, dont le Belge Magritte.

Ses œuvres clés

Fernand Khnopff, I Lock My Door Upon Myself
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Fernand Khnopff, I Lock My Door Upon Myself, 1891

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Huile sur toile • 72,7 × 141 cm • Coll. Neue Pinakothek, Munich • © BPK, Berlin / Dist. RMN-GP image BStGS

I lock my door upon myself, 1891

Empruntant son titre à un vers de Christina Rossetti, la sœur du préraphaélite Dante Gabriel Rossetti, cette œuvre prône le repli sur soi. Une femme au regard hypnotique semble nous inviter dans son univers, un véritable puzzle visuel truffé de symboles et de motifs illisibles : un muret recouvert d’un voile noir, trois lys qui surgissent au premier plan, un médaillon suspendu à une chaîne à travers la composition… Un seul élément est clairement lisible : la sculpture d’Hypnos, dieu grec du sommeil, à qui Khnopff voue un culte.

Fernand Khnopff, L’Art ou Des caresses
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Fernand Khnopff, L’Art ou Des caresses, 1896

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Huile sur toile • 50,5 x 151 cm • Musées Royaux des Beaux-Arts, Bruxelles • © akg-images

L’Art ou Des caresses, 1896

Cette œuvre est la plus célèbre du peintre. Elle représente un jeune androgyne, la tête appuyée contre celle d’un être hybride, mi-femme mi-léopard, un animal associé à la volupté. Il semble donc face à un dilemme : succomber à la tentation ou demeurer impassible. L’imaginaire féminin est assimilé à la perversité, à la tentation du lucre, mais aussi de la mort. L’artiste semble réécrire le mythe d’Œdipe et le Sphinx, un thème qui a connu une grande fortune artistique au cours du XIXe siècle, notamment à travers le mouvement symboliste.

Fernand Khnopff, L’Encens
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Fernand Khnopff, L’Encens, 1898

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Huile sur toile • 89 × 50 cm • Coll. musée d’Orsay, Paris • © RMN-Grand Palais (musée d’Orsay) / Hervé Lewandowski

L’Encens, 1898

Comme à son habitude, l’artiste a pris ici sa sœur adorée Marguerite pour modèle. C’est elle qui fixe l’idéal féminin que l’artiste décline dans ses œuvres : une femme rousse, à la silhouette androgyne et au visage carré. Son corps est ici entièrement voilé d’un vêtement précieux décoré du motif du chardon, lui conférant l’apparence d’une sainte. Impression renforcée par le nimbe derrière sa tête. L’œuvre est d’une tonalité presque monochrome, ajoutant au sentiment de mystère. Khnopff mêle ici iconographie sacrée et profane, en s’inspirant de photographies familiales qu’il a lui-même réalisées.

Par • le 31 décembre 2018
Retrouvez dans l’Encyclo : Symbolisme Fernand Khnopff

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